Les députés communistes ont pris au mot la publicité d'une grande surface qui proposait un "repas complet" pour 0,94 €. «Cette publicité témoigne de la réalité de millions de Français contraints, face à l'augmentation des prix, d'effectuer des arbitrages scandaleux en matière alimentaire», a expliqué le député du Val-de-Marne Pierre Gosnat, organisateur de ces "agapes" servies à midi dans un salon privé de l'Assemblée. Une fois n'est pas coutume, pas de champagne et de petits fours mais des produits à prix discount : des carottes rapées industrielles, une paire de knackis accompagnés d'une purée de pommes de terre en flocons sans lait, suivis d'un yaourt nature sans sucre. Des «produits de première nécessité au meilleur prix» qui ne sacrifient pas à une «alimentation équilibrée», vantait le prospectus.
Des députés, membres de la commission des Affaires économiques saisie sur le projet de loi de modernisation de l'économie, et les quelques journalistes conviés à ce festin étaient priés d'apporter leur pain, leur eau ou leur vin, ces derniers n'étant pas compris dans les 0,94 €.
«C'est mangeable», a lancé un des participants, ajoutant toutefois que ce «n'était pas très goûtu»... Etait également présent le nutritionniste Jean-Michel Cohen, qui en a souligné «le déséquilibre». «Servi régulièrement, [ce type de repas] provoquerait une montée du cholestérol associée à un amaigrissement dû à l’insuffisance calorique des aliments», a-t-il diagnostiqué, spécifiant qu'aujourd'hui, pour se nourrir correctement, il faut compter au minimum 2,70 € par jour. Quant à Pierre Gosnat, il a enfoncé le clou en affirmant que les produits sélectionnés par cette enseigne ne «répondent nullement aux exigences nutritionnelles et gustatives minimales. (...) Indéniablement, cela se mange… Le problème est que des gens n’ont pas d’autre choix pour se nourrir».
«Cette situation alarmante est une des conséquences de la mise en concurrence et de la guerre des prix entre hypermarchés, concurrence que le gouvernement souhaite renforcer par l'actuel projet de loi de modernisation de l'économie», a déclaré le député communiste pour qui la LME cherche à masquer «l’échec de Nicolas Sarkozy à redistribuer du pouvoir d’achat aux Français comme il s’y était engagé». Loin d'œuvrer en ce sens, la LME «aura pour corollaire la généralisation d'une offre alimentaire qualitativement dégradée».
Démonstration réussie, mais qui aura certainement peu d'effet auprès de ses confrères pansus, pour la plupart nourris, véhiculés et parfois logés aux frais de la généreuse République, et qui n'ont que faire de ce que mangent leurs concitoyens les plus démunis.
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