L'enjeu est majeur : il s'agit d'améliorer l'offre de formation alors que les mutations professionnelles vont croissantes. Les sommes en jeu ne sont pas négligeables : quelque 26 milliards d'euros. Le dossier est complexe. Il mêle problèmes de financement du paritarisme, fonctionnement d'un système qui ne profite pas à ceux qui en ont le plus besoin, et rôle des régions, majoritairement de gauche, qui pilotent depuis plus de trente-cinq ans une grande partie de la formation.
Quant au contexte, il est mauvais : en décidant de "passer en force" sur les 35 heures, comme l'en ont accusé la CGT et la CFDT, en ironisant, samedi 5 juillet, sur les grèves — "désormais quand il y en a, personne ne s'en aperçoit" —, Nicolas Sarkozy a pris le risque d'incommoder les syndicats. Or il veut aller vite. Alors que les négociations sont prévues à l'automne, le chef de l'Etat a déclaré qu'il attendait un projet de loi avant la fin de 2008.
A l'ombre des Prud'homales
Questions : les deux principaux syndicats, échaudés par la "non-reprise" de la position commune (signée par le Medef, la CGPME, la CFDT et la CGT) sur la représentativité, vont-ils vouloir boucler le dossier en quelques semaines ? Vont-ils même souhaiter conclure une négociation délicate, à l'ombre des élections prud'homales qui se tiendront début décembre ? La CGT, et dans une certaine mesure la CFDT, vont-elles à nouveau vouloir engager leur signature au bas d'un accord avec le patronat ?
Maryse Dumas (CGT) "doute de la capacité du gouvernement à respecter les conclusions d'un accord qui n'iraient pas dans le sens de ses objectifs préalablement définis". Pour elle, "l'objectif de Nicolas Sarkozy est de récupérer des fonds de la formation professionnelle pour le budget de l'Etat et ses déficits, et d'orienter la formation professionnelle pour les seuls demandeurs d'emploi".
26 milliards d'euros qui excitent les convoitises
Syndicats et patronat craignent de voir une partie du financement du paritarisme leur échapper. Dans le rapport qu'il remet jeudi au ministre de l'économie, le groupe "multipartite" piloté par Pierre Ferracci, PDG du groupe Alpha et membre du conseil d'orientation pour l'emploi, demande que cette question fasse "l’objet d'un traitement approprié". Façon pudique de souligner que le terrain est ultra sensible, notamment pour les organisations patronales — en premier lieu la CGPME — qui, par le biais des organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA), retirent des avantages substantiels pour leurs organisations professionnelles.
Un autre enjeu politique est la confrontation entre le gouvernement et les régions. 21 des 22 régions de métropole sont dirigées par la gauche. Pour Jean-Paul Denanot, président de la commission formation de l'Association des régions de France et président PS de la région Limousin, "le risque est réel d'une remise en cause insidieuse de la compétence des régions sur la formation professionnelle".
(Source : Le Monde)
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