Entamé le 1er juillet, l'examen du texte, sur lequel la gauche entendait mener un combat emblématique contre le gouvernement, est finalement passé relativement inaperçu, en plein consensus politique autour de la libération concomitante d'Ingrid Betancourt...
Les députés ont achevé dans la nuit de lundi à mardi l'examen du projet de loi sur la réforme du temps de travail, après un long débat sur l'un des points les plus controversés : le sort réservé aux cadres et autres salariés soumis aux "forfaits", majoritairement des cadres mais pas seulement (VRP, salariés dits "autonomes"…). Leur nombre doit s'étendre avec la réforme du temps de travail introduite, contre l'avis des partenaires sociaux, par Xavier Bertrand dans le projet de loi transcrivant l'accord sur la représentativité syndicale.
La création du forfait jours dans les lois Aubry a été inspirée par l'impossibilité de comptabiliser le temps de travail de certains cadres dépassant largement les 35 heures par semaine (seule limite : 13 heures par jour). En contrepartie du non-paiement des heures sup’ effectuées, ces salariés bénéficient de jours de repos supplémentaires au-delà des 5 semaines légales de congés payés.
Actuellement, les 35 heures équivalent, sur l'année, à des forfaits de 218 jours. Une très grande majorité d'entreprises ont négocié des forfaits entre 200 et 210 jours.
Le texte du gouvernement ne fixait aucun plafond pour ces forfaits (de fait 282 jours, légalement), la rémunération forfaitaire, à partir du 219ème jour, étant majorée d'au moins 10%. Face au tollé syndical, les députés UMP et Nouveau Centre ont voté dans la soirée l'instauration, hors accord collectif, d'un plafond de 235 jours.
Travailler plus pour gagner moins
Alors que l'entourage de Xavier Bertrand et Benoist Apparu, au nom de l'UMP, affirmaient que le plafond négocié dans les entreprises devrait être inférieur à celui fixé par défaut dans la loi, le rapporteur UMP du texte, Jean-Frédéric Poisson, a reconnu que l'accord pourrait décider un plafond supérieur à 235 jours (dans la limite de 282 jours).
Les députés UMP ont toutefois renoncé à l'un de leurs engagements vis-à-vis des syndicats, à savoir une définition plus précise des salariés autonomes (ceux "dont la durée du temps de travail ne peut être prédéterminée").
La CFE-CGC voit dans ces 235 jours un "retour au siècle dernier". La centrale des cadres, qui entend déposer un recours devant la Cour européenne des Droits de l'Homme, estime que "cette limite correspond, en fait, à une année pleine (365 jours) de laquelle on retire les jours de congés (25), les samedis (52), les dimanches (52) et le 1er mai". "La suppression des jours fériés chômés payés, le Medef l'avait rêvée, vous êtes en train de la réaliser. Si l'accord d'entreprise ne le prévoit pas, ils ne seront plus payés", a elle aussi dénoncé Martine Billard (Verts).
"Les plafonds évoqués sont des maxima. Si des jours fériés sont chômés, ils le demeureront. Ça ne sert à rien de chercher à faire peur", a affirmé Xavier Bertrand. "On peut déjà travailler aujourd'hui plus de 218 jours", a ajouté Benoist Apparu.
"C'est une régression sociale massive", a dénoncé Alain Vidalies (PS). "Ce que vous commettez, ce sera pour vous une tunique de Nessus. La trahison, on la traîne longtemps", a renchéri Jean Mallot (PS).
(Source : Libération)
DÉSORMAIS, LE GOUVERNEMENT SE MET À DOS LES CADRES ! La réaction de Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC => lire en commentaire… Il fustige «un ultra-libéralisme poussé à son paroxysme» et annonce que son syndicat va déposer un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme contre une loi qu'il considère comme une discrimination envers les cadres.
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