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Europe : un parfum de STO

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Face à la pénurie de main-d'œuvre dans le pays, le gouvernement néerlandais entend encourager par tous les moyens le retour à l'emploi.

"Le principe est que l'on est toujours récompensé si l'on va travailler", a expliqué Piet Hein Donner, le ministre chrétien-démocrate des affaires sociales et de l'emploi en détaillant son projet, mardi 1er juillet. Toutes les personnes au chômage, aux Pays-Bas, auront un an au maximum pour retrouver un emploi. Passé ce délai elles seront contraintes, quelle que soit leur formation, d'accepter toute proposition qui leur sera faite. En échange d'une éventuelle déqualification, elles bénéficieront d'un complément salarial payé par les pouvoirs publics, afin que leur revenu soit toujours supérieur à leur indemnité de chômage.

"La déqualification sape la motivation"

"Un avocat fera un très bon cueilleur de fraises", résumait un quotidien populaire après l'annonce de cette mesure. M. Donner espère remettre rapidement au travail 100.000 des 300.000 personnes actuellement au chômage. La philosophie générale du projet est que "c'est seulement par le travail que l'on participe correctement à la vie en société". Forcer les chômeurs à accepter un travail, c'est éviter leur marginalisation, défend la majorité des partis néerlandais.

M. Donner est soutenu par les trois partis du gouvernement (chrétien-démocrate, travailliste et protestant rigoriste) ainsi que par l'opposition libérale. Seule la gauche radicale l'a critiqué. "Une déqualification sape la motivation du salarié alors que l'employeur a d'abord besoin de personnel motivé", a plaidé, en vain, le Socialistische Partij (SP).

Le projet concerne aussi les personnes déclarées en incapacité de travail, les jeunes handicapés et les bénéficiaires d'allocations sociales. Tous seront obligés d'accepter une tâche adaptée sous peine de voir diminuer, ou supprimer, les aides dont ils bénéficient. Le projet pourrait encore être durci : le délai d'attente avant de trouver un emploi sera peut-être réduit d'un an à six mois.

Immigration de travail

Le projet du gouvernement fait partie d'un ensemble plus vaste qui vise à remédier à la carence en main-d'œuvre dans divers secteurs de l'industrie et des services. Fin 2007, 236.000 offres d'emploi étaient vacantes. Le taux de chômage avoisine désormais 3%, soit 3,9 points de moins que la moyenne européenne. Ce score s'approche du plancher historique de 2001 où le chômage était tombé à 2,6%.

Toutes les catégories d'âge, sauf les plus de 55 ans, retravaillent désormais de plus en plus vite, et le taux d'emploi général de la population, qui a été longtemps l'un des plus faibles d'Europe, avoisine désormais 70%. Le gouvernement examine la possibilité de porter l'âge de la retraite à 67 ans. Il tente aussi de favoriser le passage du temps partiel au temps plein. Dans ce domaine, les Pays-Bas battent un autre record européen : 46,7% de la population travaille à temps partiel. Le pourcentage monte à 70% chez les femmes, confrontées à la rareté des structures d'accueil pour leurs enfants.

Alertés par des prévisions qui annoncent une pénurie de quelque 700.000 travailleurs à l'horizon 2040, les dirigeants néerlandais entendent aussi favoriser une immigration de travail. Alors que 100.000 Polonais œuvrent déjà dans leur pays, le gouvernement veut ouvrir, dès le 1er janvier 2009, les frontières aux travailleurs roumains et bulgares. La majorité parlementaire se montre néanmoins hostile, soulignant les conditions souvent déplorables imposées aux citoyens d'Europe centrale et orientale. Mal payés, mal logés, ils sont aujourd'hui accusés d'accélérer la paupérisation de certains quartiers d'Amsterdam ou de Rotterdam.

Il y a quelques mois, la droite avait tenté de recourir à un dernier outil pour favoriser la flexibilité du marché de l'emploi : elle avait voulu réformer en profondeur la procédure du licenciement. Ce projet-là s'est heurté au veto des travaillistes.

(Source : Le Monde)

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Mis à jour ( Lundi, 07 Juillet 2008 21:52 )  

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