Habitués ou voyageurs occasionnels, vous partagez peut-être le sentiment de jouer à la roulette russe en achetant votre billet de train. Grosses promos ou tarifs en heures de pointe, les variations de prix sont importantes. En amont, au siège de la SNCF, une équipe de soixante personnes élabore une politique tarifaire complexe. Quelques billes pour s’y retrouver. Accrochez-vous, ce n’est pas simple.
A quel moment acheter son billet de train pour l’avoir au meilleur prix ?
D’une semaine à l’autre comme à une poignée de minutes d’intervalle, les prix des billets de train varient. Sans forcément de logique. Exemple : voyageur organisé, vous achetez votre billet deux mois à l’avance pour être sûr de bénéficier de la meilleure offre. Et ça ne rate pas. A deux jours du départ, votre ami trouve un billet pour le même train 20 € moins cher. Rageant.
Explications : en principe, assure-t-on à la SNCF, la règle de l’anticipation fonctionne. Plus tôt vous achetez votre billet, moins vous payez. Sauf qu’en pratique, les exceptions sont nombreuses.
Cas n°1, le coup de chance. Une semaine avant le départ, les moniteurs d’une colo de vacances annulent 80 réservations au tarif 12-25 ans. Chanceux, vous profitez des places libérées à petit prix.
Cas n°2, un nouveau train. Pour répondre à une demande exceptionnellement forte, la SNCF décide à quelques jours du départ de rajouter une autre rame. Et ouvre à la réservation de nouvelles places à tous les tarifs.
Cas n°3, les prêt-à-partir. Voilà une offre spécialement conçue pour les voyageurs de dernière minute. La SNCF met de côté une cinquantaine de places à petits prix pour ensuite les remettre sur le marché une semaine avant le départ. Attention, il s’agit de trains circulant à horaires décalés. Par exemple, le vendredi soir à 23 heures.
Pourquoi les grilles tarifaires sont-elles si compliquées ?
La plupart des usagers s’en plaignent. «Les grilles tarifaires sont trop complexes. On n'y comprend rien», résume la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT). Pourquoi donc ne pas faire simple ? «C’est un parti pris ferroviaire», explique la direction. «On essaie de coller au maximum à la demande en affinant la grille tarifaire pour optimiser les trains.» L’objectif est d’éviter des trains vides d’un côté et des rames surchargées de l’autre. Dans le jargon, on parle de «yield management», une particularité française : les prix des billets augmentent à mesure que le train se remplit. Et inversement. Les résultats sont là : le taux de remplissage de nos TGV est de 75% contre 40% pour les trains allemands.
Quel est le prix maximal d’un billet de train ?
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le tarif dit «normal» est le prix le plus élevé que vous puissiez payer. En pratique, 75% des clients bénéficient d’une réduction.
Paye-t-on le même prix au guichet et sur Internet ?
Oui. Connectés à une même centrale de réservation, guichetier et site internet proposent le même service : les mêmes billets au même tarif. Quant aux offres promotionnelles proposées exclusivement sur Internet (idTGV et Bons plans du net), rien ne vous empêche de demander au guichetier de se connecter pour vous au site voyages-sncf.com et de profiter ainsi des tarifs avantageux.
Alors pourquoi avons-nous le sentiment de nous faire avoir ?
Exemple type : vous repérez un billet pas cher sur Internet et au moment de payer, la procédure cale. Obligé de recommencer l’opération et là surprise, l’offre promise a disparu de l’écran. A la place, un billet 10 € plus cher. Rhrrr, énervant au plus au point.
Technique commerciale ou coup du sort ? Les bugs informatiques, très fréquents ces derniers temps, entretiendraient le sentiment de frustration des usagers. Les études le montrent : les Français ont une relation très passionnelle avec la SNCF. Fleuron de la technologie française, nous sommes fiers de notre TGV. Et en même temps très exigeants. Parce que la SNCF a le monopole du transport de voyageurs, beaucoup d’usagers ont le sentiment d’être pris en otage. Peut-être que l’ouverture à la concurrence en 2010 changera la donne et calmera les passions.
(Source : Libération)
NDLR : A notre avis, la libéralisation du transport de voyageurs est un miroir aux alouettes qui ne fera ni baisser les prix ni n'améliorera la qualité des prestations (la dérèglementation ferroviaire en Grande-Bretagne est, sur ce point hélas, l'exemple à ne pas suivre). De même que, par exemple, l'ouverture de l'énergie à la concurrence (tristes exemples californien, australien ou, encore, britannique)... Nous le répétons : il y a des besoins qui relèvent de l'intérêt général et, de ce fait, ne doivent pas être livrés au marché.
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