Au sein de la majorité...
Christine Lagarde dément toute implication. "Le gouvernement prendra des décisions. Il n'est absolument pas lié par les appréciations qui sont fournies par M. Gadonneix". "Quand on veut des étoiles, on demande la lune", a-t-elle commenté, en référence à la demande du président d'EDF. "C'est une chose qu'avec le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, nous examinerons ultérieurement", a-t-elle conclu.
Christian Estrosi réclame un équilibre. Le ministre de l'Industrie a estimé jeudi qu'il fallait trouver "un juste équilibre" entre "les exigences d'investissements et ménager nos concitoyens" et leur pouvoir d'achat. "Le gouvernement se réunira dans les jours qui viennent, avec l'ensemble des ministres concernés. C'est une affaire sérieuse, c'est l'avenir des performances énergétiques de l'industrie française", a-t-il analysé.
Bernard Accoyer tempère. Le président de l'Assemblée nationale a estimé jeudi que "l'électricité n'échappera pas à la hausse du prix de toutes les énergies", mais que l'Etat n'autorisera jamais qu'elle soit "brutale". Il explique en revanche qu’"on ne peut pas d'un côté dire : attention, l'énergie ce sont les enjeux de demain et dire à nos enfants : écoutez, nous on ne paie pas l'énergie le prix qu'elle vaut et vous le paierez avec l'endettement d'EDF ou les impôts des Français". "Aujourd'hui, EDF rachète quatre fois le prix de production l'éolien ou le solaire, c'est bon pour l'environnement, ça amorce la pompe des nouvelles énergies" mais "ça coûte très cher", a-t-il aussi fait valoir.
Patrick Ollier veut rencontrer Gadonneix. Le président de la commission des Affaires économiques à l'Assemblée nationale estime que la hausse de 20% sur trois ans ne correspond "pas du tout à ce que le Parlement (est) prêt à accepter". "20% sur trois ans, c'est plus du double de l'inflation et c'est inacceptable". "La commission des Affaires économiques va recevoir M. Gadonneix et en discuter dans les meilleurs délais avec" les ministres de l'Economie Christine Lagarde et de l'Industrie Christian Estrosi.
François Baroin demande un report. Le député-maire UMP de Troyes indique que "c'est à tout le moins prématuré comme décision et comme annonce" alors qu'on est "en pleine crise économique" et que "les gens ont du mal à joindre les deux bouts". "20% c'est pas rien et donc il faut vraiment que le gouvernement adresse un message de mesure" et que cette hausse soit au moins "décalée dans le calendrier".
Parmi l'opposition...
Le Parti socialiste dénonce une attitude cynique. Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a jugé jeudi que le président d'EDF, Pierre Gadonneix, faisait preuve "d'une grande hypocrisie, d'un grand cynisme" en demandant une hausse des tarifs de l'électricité juste après la clôture de son emprunt, qui a remporté un grand succès avec plus de 3,2 milliards d'euros. "Je ne trouve pas ça normal que les consommateurs doivent payer les intérêts pour ceux qui ont prêté de l'argent à EDF". Le porte-parole du PS a aussi dénoncé le fait qu’"on va encore alourdir le fardeau des ménages qui sont déjà exsangues".
Ségolène Royal s'élève contre l'irresponsabilité. La députée du Poitou-Charentes a vivement critiqué la "déclaration irresponsable" de Pierre Gadonneix sur sa demande de hausse des tarifs d'électricité, qui "font peur aux ménages au pouvoir d'achat restreint", avant d'ajouter que "ce ne sont pas, dans un pays démocratique, des façons de procéder. EDF est une entreprise nationale qui appartient à tous les Français. Ce n'est pas à un président tout seul, indépendamment des consommateurs, des salariés de l'entreprises, des autorités politiques de se lancer dans la nature des chiffres".
Jean-Michel Baylet critique la manière de négocier. Le président du PRG qualifie la demande d'augmentation réclamée par EDF d’"inacceptable". "Ce comportement de marchand de tapis qui consiste à réclamer l'inacceptable pour obtenir plus que de nécessaire à l'issue d'une négociation est indigne d'un grand groupe industriel comme EDF."
Chez les associations ou fédérations...
EDF Actionnariat Salarié se montre favorable à une hausse de 20%. EAS déplore qu'EDF soit contrainte de vendre aujourd'hui l'électricité en dessous de ses coûts de revient et de financer dans une large mesure son investissement par la dette. EAS demande que le prix moyen de l'électricité augmente à court terme de 20% pour "équilibrer le coût actuel du système", et à moyen terme de 10% pour atteindre le prix de revient du parc nucléaire en renouvellement en 2025.
L'UFC-Que Choisir craint la réaction des consommateurs. L'association de défense de consommateurs dénonce jeudi 9 juillet "une provocation", estimant que "cette demande risque de provoquer de hautes tensions entre l'entreprise et les consommateurs. Par ailleurs, moins d'un mois après avoir évoqué une revalorisation équivalente à l'inflation, voilà qu'EDF réclame six fois plus. Nous sommes d'accord sur le fait que le tarif régulé de l'électricité doit tenir compte des coûts de l'entreprise et de ses investissements. Mais la demande d'une hausse des prix de 20% ne peut être lancée de la sorte, sans explications ni données chiffrées", déplore le président de l'association Alain Bazot. De plus, Alain Bazot évoque qu’"à aucun moment, le président d'EDF ne précise si les tarifs régulés dont il parle sont ceux applicables au marché des particuliers ou ceux applicables aux entreprises. Cela dit, il est évident qu'une hausse de cette ampleur aurait un fort impact sur les ménages".
La CLCV n'y comprend rien. Thierry Saniez, délégué général de l'association de consommateurs dit que "l'annonce du succès de l'emprunt rend la demande de hausse tarifaire totalement incompréhensible. Cela conforte notre demande de transparence car il y a un vrai problème de transparence des prix en matière d'énergie. Hormis l'effet de surprise, les 20% nous paraissent en plus totalement hors de proportion. La vraie question est la pérennité du tarif réglementé, car M. Gadonneix va demander l'autorisation à Bercy, mais si dans neuf mois, le tarif réglementé n'est pas pérennisé, il n'aura plus à demander l'autorisation."
Le réseau "Sortir du nucléaire" regrette les investissements insensés. L'association dénonce "une tentative de renflouement" de l'entreprise "plombée par ses investissements insensés" dans le nucléaire. Elle conteste également la justification invoquée par le patron d'EDF, Pierre Gadonneix, d'une nécessité d'investir et estime que l'entreprise "est menacée d'un crash industriel et financier".
La Fédération CGT des mines et de l'énergie évoque les aventures du groupe à l'étranger. "Il y a un réel besoin de financement d'EDF, mais il est dû principalement aux aventures à l'étranger de l'entreprise (acquisition d'une part du groupe américain Constellation et de British Energy, ndlr). Si c'est pour financer des projets à l'étranger comme c'est le cas actuellement, c'est complètement inacceptable alors qu'il y a des investissements en France qui sont nécessaires (...). Nous demandons que les investissements d'EDF soient débattus à l'Assemblée nationale, parce que c'est une entreprise stratégique et contrôlée par l'Etat."
FO Mines Energie condamne " sans réserve". Faire payer les Français pour des investissements réalisés aux USA et en Grande Bretagne frise le scandale social et économique. FO Energie se prononce contre ces acquisitions (hasardeuses) et a contesté la stratégie de développement d'EDF, entreprise dont le capital est détenu à 80% par l'Etat. (...) Au moment où la crise financière touche tous les Français, où les salaires stagnent et les licenciements se multiplient, vouloir une augmentation de 20% des tarifs d'électricité sur 3 ans relève de la provocation, et conduirait à la paupérisation de la population française."
La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) s'interroge sur l'opportunité. "EDF est aujourd'hui une entreprise confrontée, comme toutes les autres, à une logique économique de rentabilité. On peut cependant s'interroger sur l'opportunité d'une hausse de 20% (...) pour rattraper les retards d'investissements, et ce alors même que les capitaux levés au travers de l'emprunt doivent précisément servir à cela. La mise en place d'une éventuelle formule tarifaire qui permette de couvrir les frais de production ne saurait financer les projets de développement à l'étranger ou dans d'autres secteurs jugés complémentaires. Il conviendra au gouvernement d'être particulièrement vigilant sur ce point afin de ne pas faire porter sur le consommateur, notamment entreprise, une charge indue."
(Source : Challenges)
Pour rappel :
• L'électricité va augmenter cet été
• Ce que l'Europe libérale nous prépare après le 7 juin
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