Après les chômeurs fraudeurs, les malades qui abusent : Nicolas Sarkozy ressort les bons vieux spectres qui ont contribué à le faire élire. Alors que sa politique, comme celles qui l'ont précédée, contribue au démantèlement de la protection sociale et de notre système de santé — cette immense manne financière de 200 milliards d’€ par an qu'il aimerait voir un jour tomber aux mains du marché —, il continue à faire semblant de vouloir y remédier tout en stigmatisant ses acteurs.
Des «pénalités plancher» contre les fraudeurs. «J’invite l'assurance maladie à intensifier la lutte contre les gaspillages, les abus et les fraudes», a-t-il déclaré. Selon lui, l'assurance maladie «doit s’appuyer sur de nouveaux instruments pour s'attaquer aux fraudes. Un mécanisme de pénalités plancher sera institué à compter de l'an prochain, sur le modèle de celui en vigueur pour lutter contre le travail illégal».
Des indicateurs de mortalité pour les hôpitaux. Alors qu'il assèche leurs budgets et réduit leurs effectifs au nom de la dette publique, Nicolas Sarkozy les stigmatise en prônant l'instauration d'indicateurs de taux de mortalité et d'infection afin de juger de la qualité des soins : «A l’hôpital, je souhaite que chaque établissement analyse avec attention les causes des accidents liés aux soins prodigués en son sein. Pour accélérer le mouvement, il faut que soient rendus publics, pour chaque établissement de santé, quelques indicateurs simples comme le taux de mortalité ou le taux d'infections. Je veux des résultats concrets».
Une «politique d'intéressement» du personnel médical et paramédical. Après le bâton, la carotte : «Pourquoi ne pas permettre aux hôpitaux qui sont à l'équilibre, grâce aux efforts de tous leurs personnels, de redistribuer une partie des excédents à leurs salariés au travers d'une politique d'intéressement ?» Saisissant l'occasion pour dénoncer les 35 heures «qui ont profondément désorganisé l'hôpital», le chantre des heures sup’ exonérées de cotisations sociales oublie qu'il doit toujours quelque 25 millions d'heures supplémentaires à son personnel hospitalier...
Sarkozy dénonce «ceux qui sont contre les franchises» médicales, «contre le financement du plan Alzheimer, contre l’ouverture de nouveaux lits de soins palliatifs, contre l’argent qu'on va donner au plan cancer»... Ainsi, il stigmatise tous ces ingrats qui osent dénoncer sa politique de santé, aussi injuste que néfaste. Et de justifier : «Aujourd'hui, l’assurance maladie assure le financement de trois quarts des dépenses de santé. Dans quinze ou vingt ans, la part de la santé dans la richesse nationale pourrait se rapprocher de 15%. A l'exemple d'autres pays, nos dépenses de santé - 200 milliards d'euros aujourd’hui - vont s’accroître de plusieurs milliards d’euros d’ici 2025. Ces dépenses supplémentaires seront-elles employées à bon escient ? Elles sont inéluctables. Serons-nous capables de maintenir la solidarité nationale au niveau qui est le sien aujourd’hui ? C’est aujourd’hui qu’il faut poser la question parce que demain, il sera trop tard», a-t-il argué.
Grâce à la culpabilisation des populations sur le coût de la santé et les faux déficits de la Sécurité sociale, cette dégradation est pourtant parfaitement orchestrée.
Le pseudo «trou de la Sécu» n’existe que parce l’Etat organise le tarissement des cotisations sociales en favorisant :
• une politique qui maintient le chômage de masse et les bas salaires,
• le déséquilibre de la répartition des richesses qui, en 25 ans, a vu la part des revenus du travail et des cotisations sociales baisser de 9,3 points de PIB tandis que les profits, eux, se sont envolés !
• des exonérations de cotisations patronales successives (227 milliards de 1991 à 2007, 32 milliards en 2008), non intégralement compensées et vainement dénoncées chaque année par la Cour des comptes,
• l'accumulation des dettes (Etat, employeurs, compagnies d'assurance…) à son encontre.
De plus, les grands décideurs du sort de l'assurance maladie sont des hommes qui ont des liens solides avec les compagnies privées, de Xavier Bertrand (ex AXA) qui a confié à la Sécu le soin d'assumer généreusement le coût des primes d'assurance des praticiens libéraux depuis 2006 (20 millions d’€ par an) à Frédéric Van Roekeghem, ex AXA et actuel directeur de la CNAM, qui s'est notamment illustré en proposant de remettre en cause la prise en charge des ALD, puis de sanctionner certains bénéficiaires de la CMU.
Pourtant, à Bletterans, Nicolas Sarkozy a poussé le bouchon en jouant les candides : «Si on veut dépenser plus, il faut trouver des recettes. Je suis vraiment à l'écoute de ceux qui veulent me donner des idées». Mais les solutions, IL LES CONNAÎT et — comble du cynisme — n'est surtout pas prêt à écouter ceux qui tentent de les lui rappeler. Son discours, bien rodé, est 100% emblématique des orientations programmées.
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