Les Grecs paient le prix de la crise avec leur santé. C'est ce que révèle une étude britannique parue lundi dans le journal médical The Lancet. L'explosion du nombre de suicides, l'accroissement de la consommation de drogues ou encore l'augmentation des infections au HIV seraient en effet les conséquences directes de la récession mais aussi de l'austérité.
Dépression et suicides en hausse
Alors que le pays connaît sa plus grande récession depuis 40 ans, le doublement du taux de chômage en deux ans à plus de 16% conduit de plus en plus de Grecs à la dépression et à la drogue. De fait, les suicides ont augmenté de 17% entre 2007 et 2009 et de 40% sur les cinq premiers mois de l'année 2011 par rapport à la même période l'an passé. Des chiffres d'autant plus impressionnants que, selon l'autorité statistique grecque, le taux de suicide de la Grèce figurait parmi les plus bas de l'Union européenne entre 1990 et 2009.
Certains cas ont particulièrement marqué la population, comme celui d'un ancien homme d'affaires qui s'est défenestré, laissant un mot où il expliquait que la crise financière avait eu raison de lui. Egalement, celui d'un commerçant endetté qui a tenté de s'immoler par le feu devant sa banque. Ou encore celui d'un propriétaire d'un petit magasin, retrouvé pendu sous un pont, avec une lettre où l'on pouvait lire : «Ne cherchez pas d'autres raisons. La crise économique m'a conduit à ça».
La consommation de drogue a également fortement augmenté. L'usage d'héroïne, notamment, a progressé de 20% en 2009. Et ce d'autant plus que, dans le contexte des mesures d'austérité imposées par le plan de sauvetage international, les programmes de lutte contre la drogue ont été réduits d'un tiers.
Une tendance qui explique la hausse de 50% du nombre d'infections au HIV à la fin de l'année 2010. Selon les prévisions des chercheurs, les contaminations vont augmenter de 52% cette année, par rapport à l'an passé. En outre, les consommateurs de drogue ayant moins accès à des petits boulots ou à l'argent de poche de leurs parents, certains d'entre eux se prostituent, ce qui, dans le cas de rapports non protégés, contribue aussi à la propagation du virus.
Des hôpitaux publics débordés et corrompus
Enfin, la hausse du chômage signifie que de nombreux Grecs ne bénéficient plus d'une couverture santé fournie par leur employeur. Ainsi, ceux qui consultaient dans le privé se massent désormais dans les hôpitaux publics. Or, les hôpitaux ont vu leur budget fondre de 40% entre 2007 et 2009. Une diète qui se traduit par des problèmes de manque de personnel et de médicaments, et par des délais d'attente exorbitants qui poussent certains patients à payer des pots de vin pour obtenir un rendez-vous plus tôt.
Résultat, le nombre de personnes qui renoncent à consulter un médecin alors qu'ils sont malades a augmenté de 17% entre 2007 et 2009. Le nombre de ceux qui décrivent comme étant en «mauvaise» ou en «très mauvaise» santé a progressé de 14% en deux ans.
«Globalement, le tableau de la santé en Grèce est alarmant, concluent les auteurs. Il nous rappelle que, dans l'effort de financement des dettes, ce sont les gens ordinaires qui paient».
(Source : Le Figaro)
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