Imaginons un chômeur qui enchaîne des CDD. Il fait partie du lot de précaires destinés à permettre à l'économie de fonctionner. C'est sur lui que se porte la charge de la flexibilité dont on nous vante les mérites depuis des années. Mais cela peut aussi être le cas d'un brave salarié dont le CDI peut être interrompu sans trop de problème, comme l'a rappelé Maxime Pisano.
Supposons qu'il ait la chance d'être rémunéré 1.500 € nets (c'est à peu près le salaire médian dans ce pays). Fin de son contrat. Il se retrouve au chômage et cela dure plus de 6 mois : l'ANPE lui propose donc deux emplois en CDD — car, selon le projet de loi, le CDI n'est plus la norme et actuellement, 75% des offres portent sur des CDD ou des missions d'intérim — à 85% du dernier salaire, soit 1.275 € nets.
En fait, ils pourront proposer 1 € de plus pour être dans la règle, soit 1.276 € nets. Notre salarié doit aussi accepter de faire 30 Km par jour : prenons par exemple un abonnement mensuel de transport à 150 € dont 50% sont remboursés par l'employeur. Cela nous donne un net qui baisse de 75 €. Chaque mois, il touchera 1.201 € : un écart de 20% par rapport à son emploi précédent.
Le contrat prend fin au bout de quelques mois. Il se retrouve de nouveau au chômage. S'il a épuisé ses droits précédents mais peut en ouvrir de nouveaux grâce à ce CDD, son indemnité sera de 57% du dernier salaire brut, soit environ 950 €. (...)
Notre pauvre chômeur reste au chômage 12 mois et un jour. Et oui, il n'a pas de chance : il a maintenant plus de 45 ans ! C'est déjà un «vieux» pour les RH à la con. (...) Comme 26% des demandeurs d'emploi de catégorie 1, inscrits à l'ANPE depuis plus d'un an et devenus ainsi des chômeurs de longue durée, notre candide va devoir accepter une offre correspondant à sa qualification et rémunérée «à hauteur du revenu de remplacement» soit, dans son cas, au moins 950 + 1 = 951 € net. On est loin de son salaire net initial du début de notre "expérience" dans ce nouveau modèle social : en quelques années, le déclassement financier dépasse 35%.
Mais si, entre temps, notre candide a épuisé ses droits et qu'il est passé à l'ASS — allocation de solidarité spécifique (14,74 € par jour) versée aux chômeurs en fin de droits justifiant de plus de 5 années d'activité salariée sur les 10 dernières années — ou même au RMI (447,91 € par mois en théorie), on imagine quel type d'offre l'ANPE peut lui soumettre...
Maintenant, posez vous la question suivante : pourquoi certains tapent-ils en même temps sur le Smic (1.037 € nets) ? On peut aussi se demander ce que nos libéraux pensent de ça : le salaire et le métier ne sera plus tout à fait du libre choix du salarié. Etonnant, non ?
Vous voyez, en quelques calculs, on montre comment paupériser encore plus des salariés de plus en plus précaires. Est-ce cela, la «valeur travail» dont les néo-cons nous parlent ? Est-ce que libérer la France du carcan des 35 heures, comme couine M. Fillon, changera quelque chose ? Bien sûr que non. Avec ces règles, les entreprises pourront puiser dans le stock de précaires et de chômeurs pour réduire de manière importante leurs coûts de production. Au final, n'est-ce pas le but ?
(Source : d’après www.intox2007.info)
Pour le retrait du projet de loi sur l'offre «raisonnable» d'emploi => SIGNEZ LA PÉTITION
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