Après une semaine de scandales sur les rémunérations des patrons, bien que le candidat Sarkozy eut promis de légiférer pour éviter les dérives, le président du même nom s'est encore refusé, mardi à Saint-Quentin, à évoquer une loi pour encadrer primes, bonus, stock-options et autres parachutes dorés en cette période de crise. Nicolas Sarkozy a-t-il vraiment envie d'intervenir sur cette question ? Non. Et pour cause...
Par devant, il en appelle à la «morale» et à la «responsabilité». Mais dans les conseils d'administration où siège son gouvernement, comme celui de GDF-Suez, il laisse faire. C'est ce qui ressort d’un document dont Mediapart a eu connaissance. L'ensemble né de la fusion entre Gaz de France et Suez à l'été 2008 n'a que quatre mois d'existence et pas un semestre de résultat quand son conseil d'administration (où l'Etat français compte 6 administrateurs sur 17) s'empresse de voter un plan de stock-options où 16% iront droit dans les poches de ses deux principaux dirigeants — déjà grassement payés — sans condition de performance.
Ainsi, avec le feu vert de l'Etat, le PDG Gérard Mestrallet s'est donc vu attribuer 830.000 stock-options pour une valeur estimée de 7,7 millions d'euros, et le vice-président & directeur général délégué, Jean-François Cirelli, 300.000 stock-options pour une valeur de 2,8 millions d'euros.
On sait maintenant pourquoi ils ont attendu la fin de l'hiver, quand la demande faiblit, pour faire baisser le prix du gaz alors que celui du pétrole est en recul depuis de longs mois. Preuve est faite que le gouvernement s'aligne sur les intérêts de GDF-Suez au détriment du «pouvoir d'achat» des Français et, en même temps, gère le pays comme une vulgaire entreprise du CAC 40.
On sait maintenant pourquoi des centaines de milliers de foyers très modestes n'ont toujours pas accès aux tarifs sociaux de l’électricité (TPN) et du gaz (TSS), une «largesse» aussi opportuniste que sabotée.
Qui va oser s'emparer de cette affaire au même titre que les autres ? Non, pas au même titre : celle-ci est encore plus répugnante. Mais GDF-Suez plaide qu'ils créent des emplois, que leur entreprise est bénéficiaire et qu'ils n'ont reçu aucune aide de l'Etat. Rideau.
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Les terminaux méthaniers GDF Suez de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) et de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), qui représentent 500 personne selon la CFDT, se sont joints au mouvement mercredi soir, notamment après l'annonce des stock-options octroyées aux deux dirigeants du groupe, le PDG Gérard Mestrallet, et son vice-président, Jean-François Cirelli.
Le mouvement a commencé lundi dans les 12 sites de stockage souterrain de GDF-Suez (880 salariés). Huit d'entre eux sont à l'arrêt total, les autres fonctionnant en partie afin de maintenir le réseau au minimum, a expliqué Jacques Mouton (CFDT).
Selon la direction de GDF Suez, "l'ensemble des sites est perturbé. Ils ne sont pas complètement arrêtés, mais toutes les opérations ne sont pas effectuées".
Les grévistes, répondant à l'appel de la CFDT et de la CGT, revendiquent des revalorisations salariales. Selon M. Mouton, les salariés expriment leur "ras-le-bol" et sont "sortis de leur gonds" en apprenant que le groupe avait offert des stock-options à ces deux dirigeants.
Le conseil d'administration du groupe gazier a accordé le 12 novembre 2008 830.000 stock-options au PDG du groupe, Gérard Mestrallet, et 300.000 à son vice-président, Jean-François Cirelli, avait indiqué mercredi la direction confirmant une information dévoilée par le site internet Médiapart.
Dans un communiqué, la fédération de la chimie et de l'énergie-CFDT "demande aux dirigeants de GDF Suez de renoncer à leurs stock-options au regard de la situation actuelle du Groupe : suppression d'emplois en Allemagne et en France (…), et "baisse du pouvoir d'achat de ses salariés français". Répondre | Répondre avec citation |
A lire dans Les cordons de la Bourse
On peut y découvrir l'impressionnante rémunération de messieurs Mestrallet et Cirelli. Répondre | Répondre avec citation |