Cet appel, «organisé par région ou bassin d'emploi», se décompose en deux «lots» — vous noterez en passant l'expression vaguement bétaillère… — visant à «la prise en charge intensive et le placement» de 170.000 personnes éloignées de l'emploi (lot n°1) et à «l'accompagnement et le retour à l'emploi» de 150.000 licenciés économiques (lot n°2). Prévu pour deux ans à compter du 1er juillet 2009, ce marché sera reconductible pour une année supplémentaire. Coût prévu pour l'assurance chômage : 100 millions d’€ cette année et 200 millions d’€ les années suivantes...
Déjà une aubaine pour nombre de patrons sans scrupules, la montée du chômage profitera aussi à d'autres. Actuellement, un «stock» annuel de quelque 40.000 demandeurs d'emploi est «suivi» par des cabinets privés employant des précaires boostés à la course aux chiffres. Peu avant la fusion, choisissant de leur ouvrir de nouvelles perspectives de profit sur le dos des cotisations sociales, le rapport Boulanger préconisait d'en tripler le recours : au delà de ses espérances, il sera quadruplé.
Bien que leurs résultats soient contestables et leur coût nettement plus élevé (4.000 € en moyenne par chômeur contre 1.300 € pour le programme renforcé de l'ANPE), «les opérateurs privés de placement ne sont pas un sujet tabou à Pôle Emploi», estime son directeur général Christian Charpy, l'homme qui gagne plus que François Fillon et fait fi de la rigueur ambiante.
Détournement d'argent public
Pourtant, il y a moins d'un an, un rapport d'évaluation du ministère de l'Emploi remettait en cause leur supériorité et soulignait les performances du service public. On était en droit de penser que cette édifiante étude — qui, d'ailleurs, n'était pas la première du genre depuis 2005 — changerait la donne : que nenni ! Contre toute attente et malgré la situation financière de l'Unedic, cet appel d'offres est lancé avant même que l'Ecole d'économie de Paris et le CREST ne livrent, en juin, leur deuxième rapport.
Ainsi, mesdames et messieurs, grâce à la réforme du service public de l'emploi initiée par Nicolas Sarkozy, le chômage est enfin un business légitimé ! Il y a bien volonté, au détriment de l'efficacité et du maintien d'un service public de qualité, d'engraisser les copains (par exemple, on rappelle que le fondateur d'Altedia, l'un des plus célèbres de ces OPP, n'est autre que Raymond Soubie, actuel «conseiller social» du président). Au lieu d'octroyer des moyens financiers et humains à Pôle Emploi, on préfère en claquer trois fois plus en direction du privé malgré des résultats connus, le tout à la charge de l'assurance chômage.
Dans la logique libérale, sur le dos d'une situation scandaleuse qu'elle a elle-même provoqué (car le chômage de masse et la précarisation du travail sont ses fruits, jalousement cultivés) existe toujours l'opportunité de créer un nouveau marché — artificiel, parasite et lucratif — avec l'assentiment d'un gouvernement qui n'a nullement l'intention de moraliser quoi que ce soit. Prochaine étape : la privatisation.
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