Le 19 avril 2005, une centaine de chômeurs, précaires et intermittents du spectacle se sont invités au siège national de la CFDT, à Belleville, afin de demander pour quelles raisons et au nom de quoi les «accords» les concernant avaient été signés. Ils souhaitaient rencontrer Annie Thomas, secrétaire confédérale qui siégeait alors à l'Unedic et signait sans sourciller avec le MEDEF tous les textes rognant chaque jour un peu plus les droits des chômeurs et remettant en question les annexes VIII et X, dont dépendent les intermittents pour l'assurance chômage, alors que la CFDT n'est pas représentative de ces catégories.
Au bout de trois heures, tout ce petit monde quittera les lieux. Sans violence. Sans intervention policière. Entre-temps et de la même manière, les sièges du MEDEF et de l'Unedic auront été occupés pacifiquement, sans que l'organisation patronale ou l'association gestionnaire de l'assurance chômage portent plainte. Seule la CFDT, qui oublie que l'occupation est un mode d'action auquel ont recours ses salariés adhérents, osera criminaliser ce conflit social en poursuivant deux militants, montrant ainsi son vrai visage...
Un acharnement indigne
Deux ans plus tard, deux des manifestants (Michel Roger, de la Compagnie Jolie Môme, et Ludovic Prieur, animateur du webmédia associatif et coopératif HNS-Info), triés sur le volet, sont mis en examen à la demande de la Direction nationale de la CFDT. Puis, le 11 décembre 2008, ils comparaissent devant la 14e chambre correctionnelle. Le délibéré sera rendu le 22 janvier : le tribunal, bien qu'ayant rejeté les accusations de violence et de vol émises par la CFDT, va les condamner pour «violation de domicile» à 2.000 € d’amende avec sursis et à 1 € de dommages-intérêts à verser au syndicat (qui en réclamait 1.000 !). Ludovic Prieur et Michel Roger vont aussitôt interjeter appel afin d'obtenir la relaxe.
Ce vendredi 4 juin, Ludovic Prieur et Michel Roger comparaissaient à nouveau devant le tribunal correctionnel de Paris, soutenus notamment par les Contis, des militants salariés d'EDF-GDF ou de la CFDT Snecma. Le site Article XI en a rédigé un excellent compte-rendu intitulé La CFDT, syndicat de coups bas à lire absolument.
Verdict le 17 septembre prochain.
Alors que François Chérèque — l'homme qui signe tout ce que le patronat lui soumet, sabotant les intérêts des salariés et des chômeurs au nom d'un certain syndicalisme «réformiste» — redore son blason en jouant les nobles défenseurs de la retraite à 60 ans, il est bon de rappeler que son organisation — que l'on peut qualifier de "pro-patronale" — cumule les trahisons envers les plus fragiles, qu'elle criminalise au lieu de les défendre (quand elle ne les ignore pas totalement).
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