On le sait, le régime de retraite de nos parlementaires est plus que spécial : double cotisation (22,5 années de mandat correspondent à 40 annuités), ouverture des droits à 60 ans, pensions confortables (1.550 € par mandat effectué, plafond : 6.200 €), cumul intégral avec d'autres pensions, salaires ou traitements (80% des parlementaires sont dans ce cas), pension de réversion du conjoint survivant à 66% (au lieu de 54% pour le régime général) sans conditions de ressources… bref, un vrai bonheur !
Cela fait des lustres qu'il est question de le réformer mais, à chaque fois, est invoquée la "précarité inhérente au mandat électif", sinon la "pénibilité du travail" (séances de nuit, nombreux déplacements, peu de congés)... Dans la bouche de ces carriéristes/cumulards fort bien lotis dont le statut précaire a tout de l'exception et la bonne santé fait pâlir d'envie l'ouvrier de 40 ans perclus de TMC, ça sonne presque comme une insulte au commun des Français dont la protection sociale et les chances de dénicher un emploi bien payé, même fatiguant, ont plutôt tendance à s'amenuiser.
Pourtant, leur régime est déficitaire. Les caisses de retraite des parlementaires ne sont alimentées par les cotisations des intéressés qu'à hauteur de 20%, tandis que 80% proviennent d'une subvention de l'Etat (donc, payée par le contribuable) votée annuellement par les parlementaires eux-mêmes. En 2009, ladite subvention s'est élevée à 42 millions d'euros pour l'Assemblée nationale (sur les 66 millions de pensions à verser) et à 7 millions pour le Sénat (sur 26 millions, mais les sénateurs ont une cagnotte "épargnée et placée"). Bien sûr, tout ceci n'est qu'une goutte d'eau face au déficit global.
Puis quelques scandales ont entaché ces discrets privilèges. On se souvient de l'affaire Boutin qui avait semé le trouble, révélant que de nombreux membres du gouvernement cumulaient leur confortable retraite de parlementaire avec leur confortable salaire ministériel (14.000 € par mois). Dans un contexte de crise, l'Élysée et Matignon ont bien senti qu'il fallait que ça change. Dans le contexte actuel où la rue et l'opinion se rebiffent contre la réforme "raisonnable, responsable et juste" — dixit Eric Woerth — qu'ils veulent imposer à leurs concitoyens, cela devient urgent.
François de Rugy a mis les pieds dans le plat. Cela s'est passé le 9 septembre dernier, à l'Assemblée nationale. Le député Verts, dans l'indifférence générale, a défendu un "amendement 249 rectifié", article additionnel au projet de loi sur la réforme des retraites visant à réformer aussi, dans la foulée et par souci d'équité, le régime très spécial des parlementaires => LIRE ICI.
Sans surprise car jugé "non recevable", son amendement a été rejeté. Mais l'info et sa vidéo ont fait le tour du web. Même Jean-Michel Aphatie, qui y puise régulièrement matière à chronique, a évoqué le fait dans le Grand Journal de Canal+.
Puis on apprend aujourd'hui que les députés ont entamé leur réforme => LIRE LÀ.
Alors oui, peut franchement mieux faire. Mais ça bouge enfin et la chose mérite d'être soulignée. François de Rugy se félicite. Il note que les mobilisations sur la Toile ont porté leurs fruits et estime que Bernard Accoyer, en accélérant le mouvement, a cédé à la pression du web => LIRE ICI.
A l'heure où les médias traditionnels, devenus particulièrement moutonniers sinon paresseux, finissent par s'emparer de ce qui cartonne sur le Net, on peut le dire : Vive le Web-activisme, vive la «Cyberdémocratie» !
Prochaine étape : une réforme de leur régime très spécial d'assurance-chômage qui, lui aussi, est à mille lieues de celui de l'Unedic ?
SH
Rappel : Encore plus somptuaire et avantageuse, aucunement menacée par une quelconque réforme, découvrez La protection sociale des commissaires européens
Le régime très spécial de nos (chers) élus en vidéo :
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