Alors qu'il était question d'aborder le problème de l'emploi précaire qui grève les finances de l'Unedic, coûtant quatre fois plus à l'assurance chômage que ce qu'il lui rapporte en cotisations, le patronat — chantre de la précarisation du travail, donc fort peu enclin à envisager toute mesure visant à dégager des recettes sur ce fléau lucratif — a balayé le sujet d'un revers de main et mené les syndicats à la baguette. De 9h à 11h, après avoir imposé deux longues interruptions de séance, il a dicté ses vues et la "négociation" fut, en réalité, torchée en 63 minutes.
Prônant le statu quo, il a rejeté en bloc toute discussion quant aux améliorations proposées par les syndicats (sécurisation des ruptures conventionnelles, suppression du coefficient réducteur pour les saisonniers, indemnisation des chômeurs en formation, annulation de la baisse automatique des cotisations patronales en cas d'excédent…), renvoyant à plus tard — c'est-à-dire en 2013, pour la convention suivante — les débats sur la modulation des cotisations patronales en fonction de la précarité des contrats ou la création de "droits rechargeables".
Prônant la nécessité de réaliser des économies sur le dos des principales victimes de la crise, outre le rétablissement de la dégressivité des allocations qu'il a remis sur le tapis, le patronat a révélé ses mesures antisociales qui touchent plus particulièrement les seniors.
Il s'agit de modifier les bornes d'âges applicables à leur situation. Sont envisagés :
• une baisse de 36 à 30 mois de la période de référence pour les 50 ans et plus,
• le passage de la condition d'âge de 50 à 52 ans pour bénéficier de 36 mois d'indemnisation,
• une modification de la condition d'âge de 61 à 62 ans pour pouvoir bénéficier du maintien des droits jusqu'à la liquidation de la retraite à taux plein.
Voilà comment le patronat compte intégrer les conséquences du recul, de 60 à 62 ans, de l'âge légal de départ à la retraite.
On rappelle qu'à l'heure où cette réforme va nous obliger à travailler — ou rester au chômage… — deux années supplémentaires, le nombre des plus de 50 ans inscrits à Pôle Emploi ne cesse de croître (+16,3% sur un an) et s'élève désormais à 757.000 dans les catégories ABC, sans oublier les quelque 276.000 chômeurs très âgés "dispensés de recherche d'emploi" qui ne figurent dans aucune.
Comme dit notre ami Slovar, par quel miracle l'Unedic prévoyait-il une baisse des demandeurs d'emploi entre 2012 et 2014 ? Les propositions du Medef et ses sbires UPA-CGPME nous donnent une première idée... Quant au pouvoir de révolte des syndicats, hormis la CGT qui s'est insurgée de la façon dont se déroulent ces négociations où le scénario est écrit d'avance, on peut s'asseoir dessus : les vendus de la CFDT, de la CFTC et de FO sont visiblement prêts à s'orienter vers une reconduction de la convention actuelle, modifiée à la marge...
SH
Articles les plus récents :
- 26/02/2011 01:37 - Contre le chômage et la pauvreté, oser l'euthanasie
- 25/02/2011 05:02 - Chômage de janvier : la «baisse importante» de Xavier Bertrand
- 19/02/2011 02:18 - Harcèlement moral, ou soumission librement consentie ?
- 17/02/2011 13:27 - En 2012, la «feuille jaune» sera dématérialisée
- 12/02/2011 16:35 - 500 millions «pour l'emploi», des milliards pour les banques
Articles les plus anciens :
- 04/02/2011 12:10 - Eurozone : Angela Merkel veut imposer sa loi
- 02/02/2011 11:32 - Auto-entrepreneur : charité bien ordonnée…
- 01/02/2011 14:24 - Dur avec le Peuple, doux avec ses CRS
- 01/02/2011 10:13 - Les Egyptiens pris en otage par des grévistes !
- 28/01/2011 13:54 - Régime des intermittents : un faux procès