Mme Merkel estime que si l'Allemagne paie pour les autres, elle est en droit de fixer les règles du jeu. En échange d'une hausse conséquente du Fonds de secours de l'euro (ou FESF, fonds européen de stabilisation financière) à 440 milliards afin de mieux faire face aux crises de la dette qui ont failli emporter la Grèce et l'Irlande, elle souhaite que les 17 pays de l'Union monétaire signent un «pacte pour la compétitivité» inspiré du modèle allemand. En gros, Mme Merkel impose son pays tout-puissant comme modèle de la future discipline européenne.
Au programme de ce «code de bonne conduite économique, budgétaire et sociale» visant à parer aux prochaines turbulences des marchés, l'adoption de politiques communes en matière de systèmes de retraite, de salaires ou d'imposition des sociétés, et des mécanismes de plafonnement de l'endettement public, sanctions à la clé.
Afin d'élaborer ces «nouveaux outils» d'harmonisation et de gouvernance, nos Eurocrates se réunissent aujourd'hui à Bruxelles. Toutou de l'Allemagne et du libéralisme économique, Nicolas Sarkozy défendra ce projet avec sa copine Angela.
Pour sauver l'euro, appauvrissons les Européens
Entre autres joyeusetés, les 17 pays concernés auront l'obligation de porter l'âge de départ à la retraite à 65 ans minimum, ainsi que l'obligation de lever l'indexation des salaires sur les prix pour éviter les revalorisations automatiques. Deux mesures anti-sociales qui enfoncent le clou d'une Europe qui persiste à faire la danse du ventre devant les marchés en travaillant contre l'intérêt de ses peuples.
En France, côté retraite, c'est à moitié plié. Gageons que, dans ces conditions, si le Parti socialiste remporte la bataille de 2012, il renoncera à sa promesse de rétablir l'âge légal à 60 ans.
Côté indexation des salaires sur les prix, c'est à moitié fait. Le taux d'inflation officiel de l'Insee étant largement sous-évalué, tout juste permet-il de revaloriser misérablement notre Smic et nos revenus de transfert (dont les pensions de retraite). Mais si cette dernière barrière saute, alors tout est permis !
Comme dit Jean-Luc Mélenchon, «à part le fric et la liberté de la concurrence, rien n'intéresse l'Union européenne». De plus en plus, on se prend à rêver de soulèvements qui fassent boule de neige, comme de l'autre côté de la Méditerranée...
SH
DERNIÈRE MINUTE : Le «pacte de compétitivité» ou «pacte pour l’euro», version européenne de la «stratégie du choc» de Naomi Klein, a été approuvé vendredi à Bruxelles. Quelques réactions :
• L’UE-topie des marchés : Comment la nouvelle «gouvernance économique» menace la démocratie
• Un pacte européen «éconuisible»
• Un pacte pour l’euro, mais l’austérité pour tous !
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