Le succès des contrats aidés ne se dément décidément pas. Après le violent coup de frein donné par le gouvernement en fin d'année dernière, ils ont redémarré sur les chapeaux de roue. Dans la seconde moitié de 2010, tous les crédits ad hoc ayant déjà été consommés, les prescriptions de contrats aidés avaient brutalement chuté jusqu'à un niveau proche de zéro. Les prescriptions ont repris aussitôt le robinet réouvert et se sont accélérées à partir de mi-février. Sur les quinze premières semaines de 2011, le ministère du Travail a recensé 132.907 prescriptions de contrats uniques d'insertion (CUI) pour un total budgété sur l'année de 440.000 (y compris le coup de pouce de 50.000 annoncé par Nicolas Sarkozy en février).
Le rythme est certes bien plus faible qu'il y a un an, où 181.694 prescriptions de CUI avaient été recensées sur la même période (pour 520.000 sur l'ensemble de 2010). Mais il dépasse de 16% le niveau planifié par la rue de Grenelle pour la deuxième semaine d'avril.
Une aubaine pour le non marchand
Le dérapage ne vient pas du secteur privé. Les prescriptions de CUI-CIE, qui lui sont destinés, sont restés inférieures aux volumes prévus : 14.191 au total contre 16.000 souhaités. On est loin des 60.000 comptabilisés mi-avril 2010. Il est vrai que, à l'époque, l'objectif annuel avait été relevé à 100.000 contre 50.000 pour 2011.
L'accélération constatée par le ministère du Travail provient en totalité du secteur non marchand (les collectivités locales, les associations et les gestionnaires de services publics) : 100.000 CUI-CAE, qui leur sont réservés, étaient attendus à la mi-avril, il y en a eu près de 19.000, soit presque 20% de plus. Près de 70% de l'enveloppe du premier semestre a donc été déjà dépensée.
Cette surconsommation des contrats aidés joue à plein son rôle contracyclique alors que le chômage se maintient à un niveau élevé. Mais elle n'est pas politiquement idéale pour l'exécutif au regard du calendrier de l'élection présidentielle : le coup d'arrêt aux contrats aidés fin 2010, couplé à la fin de ceux conclus en début d'année (un CUI-CAE dure en moyenne huit mois et demi), avait largement contribué à la poussée du chômage en novembre et décembre dernier. S'il veut obtenir un effet maximum sur les statistiques du chômage au printemps 2012, le gouvernement a donc plus qu'intérêt à se réserver d'importantes marges de manoeuvre pour la seconde moitié de 2011.
Les négociations avec les conseils généraux pour développer les CUI-CAE ciblés sur les bénéficiaires du RSA vont véritablement démarrer maintenant, les élections cantonales étant passées. Leur résultat aura une importance majeure. Ces contrats aidés coûteront moins cher à l'Etat que les autres, du fait de leur cofinancement par les départements (au moins à hauteur du RSA) et permettront donc d'aller au-delà des 440.000 contrats aidés annoncés pour 2011. En 2010, 50.000, soit environ la moitié des CUI-CAE occupés par un bénéficiaire du RSA, étaient cofinancés. Le gouvernement espérerait au moins doubler ce chiffre.
(Source : Les Echos)
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