Et si ce problème n’en était pas réellement un ? Si la valeur de l’argent n’existait que dans nos pauvres têtes meurtries ?
La fonction première de l’argent n’est pas d’être une richesse, mais un moyen, inventé par les humains, pour produire et faciliter l’échange des VRAIES richesses : les biens et les services nécessaires à nos besoins, le travail censé assurer leur production.
L’argent ne peut être rare que si la quantité de biens et de services mise à la disposition de la collectivité est rare. Ou si les bras et les cerveaux manquent pour les produire.
Invoquer le “manque de moyens” quand les véritables richesses et les moyens de les produire abondent est une hérésie. Un crève-la-faim devant un champ regorgeant de patates n’est pas victime d’un “manque de moyens”, mais d’un crime contre l’humanité.
Manque-t-on de bras pour remplir nos hôpitaux d’infirmières ? Manque-t-on de têtes bien remplies qu’ils faillent fermer tant de classes dans les écoles ? Non, nous manquons d’argent… clament ceux qui l’ont confisqué et le laissent croupir dans des bulles imbéciles.
Une arme de domination massive
Dans nos sociétés d’abondance, l’argent a une autre fonction que celle de produire et d’échanger biens et services : il est une arme de domination massive utilisée par quelques margoulins pour contrôler et asservir tous les autres. Et donner à ceux qui le monopolisent l’illusion de leur propre importance, de leur propre puissance.
Ce que l’argent perd en valeur d’échange, il le gagne en valeur “hiérarchique”. Est riche, important, puissant celui qui possède l’argent, même si celui-ci n’est plus qu’une simple ligne d’écriture sur un compte inutile. Ou ne sert qu’à des jeux de casinos stériles.
La valeur de l’argent tient au pouvoir qu’il confère à ceux qui le détiennent, sur ceux qui en sont privés ou doivent l’emprunter (ce crédit qui soumet le débiteur à son créancier). Dans un monde d’abondance, l’argent n’est rare que par décision politique.
Seule une révolution des esprits cassera la dictature de l’argent
Que l’argent ait une valeur aux yeux de ceux qui le possèdent, soit. Mais quid des autres, la grande masse qui en est sevrée ? Quid du crève-la-faim en souffrance devant ce champ de patates rempli ? Quid de ces hôpitaux et de ces écoles dépouillés quand tant de bras et de têtes bien pleines végètent à Pôle Emploi ?
En réalité, la confiance accordée à cet argent confisqué relève de la soumission de tous aux règles édictées par ces quelques-uns qui les tiennent sous leur joug. Une sorte de variante du syndrome de Stockholm désignant la sourde empathie des dominés à l’égard de leurs dominants. Doublée d’une irrésistible envie d’être adoubé par la bande.
La véritable révolution à mener est une révolution des esprits. Elle interviendra quand ceux-là parviendront à briser leurs carcans mentaux, leurs aliénations culturelles à propos de l’argent.
La monnaie est dite «fiduciaire», du latin fides : la confiance. Y a-t-il aujourd’hui une seule raison qui motive la confiance populaire en cette engeance diabolique détournée de sa fonction première : l’échange ?
Notre asservissement à la puissance de l’argent
Rares sont les périodes de l’histoire où la volonté populaire seule a suffi à terrasser nos aliénations. L’exaspération, l’état d’extrême urgence doivent être portés à leur comble. La Grande Crise actuelle prépare le terreau favorable à ces mutations — entamées tout récemment, à la surprise occidentale générale, dans les pays du monde arabe.
La Grande Crise est une crise de l’argent et de notre soumission à sa (fausse) puissance. Pas une crise de la production des biens et des services. L’argent s’est envolé, certaines ressources peuvent venir à se raréfier, mais pas les patates, ni les bras et les têtes bien faites.
Si l’un d’entre les margoulins vient à évoquer le “manque de moyens” pour contrarier un de vos projets, commencez par considérer tous les moyens AUTRES que financiers (humains, matériels, physiques)…. Si ceux-là viennent à être disponibles, claquez le bec au pisse-vinaigre et tracez votre chemin !
L’argent, comme il est démontré ici, n’est pas le problème. Le problème, c’est nous et nos esprits crédules empêtrés dans de vieilles lunes sclérosantes.
(Source : Chroniques du Yéti)
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