Les projections successives de l'Insee ne cessent de reculer la date à partir de laquelle la population active va baisser. En 2002, les économistes prédisaient une diminution du nombre des actifs dès 2007, conséquence de l'arrivée à l'âge de la retraite des baby boomers. En 2006, la date de stabilisation avait été repoussée à 2012, notamment à cause de la réforme des retraites de 2003. Aujourd'hui, notre population active compte déjà 28,4 millions de personnes, et l'Insee fait état d'une augmentation qui ne se démentira pas jusqu'en… 2060 tandis que l'Allemagne, elle, devrait voir sa population âgée de 20 à 60 ans chuter de 13 à 15 millions de personnes d'ici à 2050, estime l'Office fédéral des statistiques.
Incertitudes sur le front du chômage
Conséquence de la dynamique démographique de l'Hexagone, le nombre d'actifs atteindra 30,1 millions en 2030 et 31,2 millions en 2060 en France métropolitaine, soit 2,85 millions de plus qu'en 2010, indiquent les chiffres de l'Insee publiés aujourd'hui. Autant d'emplois à créer pour lutter contre le chômage. Car dans un premier temps, avec les dégâts causés par la crise, le marché du travail risque de ne pas pouvoir absorber l'arrivée de ces nouveaux actifs. «Mais, à moyen terme, les capacités de production augmentent, la consommation aussi, ce qui entraîne une croissance plus forte et des créations d'emplois», espère Etienne Debauche, de l'Insee.
C'est dans les toutes prochaines années (2010-2025) que la population active devrait progresser le plus rapidement : + 110.000 actifs par an en moyenne. «Une large partie de cette augmentation est liée aux réformes des retraites» [1], estime Etienne Debauche. D'autres catégories de population participent aussi à ce mouvement. C'est le cas des 15-24 ans, dont le taux d'activité (emploi ou chômage) a diminué depuis le milieu des années 1990 en raison de l'arrêt de l'allongement des études.
L'effet fécondité
A partir de 2025, la population active devrait toutefois connaître un palier, du fait du vieillissement de la société, avant de repartir à la hausse (+45.000 personnes par an) à partir de 2030-2035. A cette date, c'est l'effet fécondité qui prendra le relais, avec l'arrivée à l'âge actif des enfants nés ces dernières années. Depuis le début des années 2000, la France connaît en effet des taux de fécondité (2 enfants par femme) qui la placent en tête devant ses voisins européens.
«Ce sont les hypothèses sur la fécondité et les migrations qui ont le plus d'influence sur le nombre d'actifs», rappelle l'étude. Avec un solde migratoire de 150.000 personnes (contre 100.000 aujourd'hui), la France comptabiliserait 1 million d'actifs de plus en 2040 et 1,7 million en 2060. Selon les hypothèses retenues (taux d'activité, niveau de la fécondité et solde migratoire), l'estimation du nombre d'actifs à cette échéance peut ainsi varier de 3,4 millions de personnes. En revanche, quel que soit le scénario, le rapport entre le nombre des actifs et celui des inactifs restera inchangé : autour de 1,4 à 1,6 actif pour un inactif en 2060, contre 2,1 en 2010.
(Source : Les Echos)
[1] Celle de 1993 (réforme Balladur qui a notamment allongé la durée de cotisation de 37,5 à 40 ans), celle de 2003 (réforme Fillon qui a aligné la fonction publique sur le régime du privé) et celle de 2010 (report de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans et de la retraite sans décote à 67 ans).
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