Alors que l'Etat et les partenaires sociaux planchent sur une nouvelle convention tripartite pour Pôle Emploi, un point fait déjà consensus : la future feuille de route fera son deuil du «métier unique», cette ambition initiale qui visait à une polyvalence complète des agents.
Avec la création de Pôle emploi fin 2008, l'objectif était de simplifier les démarches des usagers en regroupant dans une même institution l'indemnisation (fonction autrefois assurée par les Assedic) et le placement (dévolu à l'ANPE). Et derrière ce «guichet unique» devaient se trouver des agents effectuant un «métier unique», c'est-à-dire compétents aussi bien pour l'indemnisation que pour le placement des chômeurs. Cette polyvalence devait permettre un meilleur service ainsi qu'une très forte souplesse dans la gestion des effectifs. Elle devait également accélérer la diffusion d'une culture commune chez des salariés issus de deux institutions qui se vivaient jadis en rivales.
Une grave mésestimation...
Mais sur le terrain, le projet s'est rapidement révélé «totalement illusoire», explique Daniel Jamme, rapporteur CFDT du récent avis du Conseil économique, social et environnemental sur le sujet. La complexité des deux métiers a été sous-estimée. Les formations prévues, de quelques jours seulement, sont apparues largement insuffisantes. Et elles ont contribué à la désorganisation de Pôle Emploi en «obligeant les agents à s'absenter de leurs postes de travail alors que des milliers de demandeurs d'emploi supplémentaires se présentaient chaque jour dans les agences», souligne un rapport du Sénat paru ce mois-ci.
... qui a fait des ravages
Pire, la perspective de la polyvalence, loin de valoriser le personnel, a accru son désarroi : «Beaucoup d'agents ont éprouvé la crainte de ne pouvoir exercer correctement un métier pour lequel ils n'avaient pas été embauchés, ainsi qu'un sentiment de dévalorisation de leur expertise professionnelle», poursuit le rapport sénatorial.
«Irréaliste», l'objectif du métier unique a donc été abandonné. Dominique-Jean Chertier, le président de Pôle Emploi, en a convenu devant les sénateurs : «Certains agents peuvent se montrer polyvalents mais d'autres n'y parviennent pas. Il est donc préférable que les personnes travaillent en binôme».
C'est la solution qui prévaut aujourd'hui, notamment lors de l'inscription. Une nouvelle procédure pour ce premier entretien, qui ne mobiliserait qu'un seul salarié, est actuellement déployée, mais elle bute encore sur la difficulté pour la plupart des agents à calculer immédiatement le droit à indemnisation. Pour le reste, la spécialisation relative demeure. La direction conserve l'objectif d'avoir une frange de personnel polyvalent pour répondre aux pointes d'activité saisonnières sur certaines missions, mais cela ne devrait plus concerner que 20% à 25% des agents, et à un horizon désormais repoussé à 2013.
(Source : Les Echos)
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