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Accueil Mobilisations, luttes et solidarités Le mensonge de la pénurie de main d'œuvre dans l'informatique

Le mensonge de la pénurie de main d'œuvre dans l'informatique

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Le MUNCI, association professionnelle des informaticiens, réfute le prétendu manque de candidats qualifiés et disponibles sur le marché.



Pour visionner ce reportage de i>Télé, court mais explicite, intitulé “De la difficulté d'être informaticien”, cliquez ici.

Extrême sélectivité et discrimination croissante

Suite à la publication de l’enquête sur les besoins de main d’œuvre (BMO) réalisée par Pôle Emploi pour l’année 2012, le MUNCI s'insurge. Selon celle-ci, l’informaticien arrive en 2e position dans le top 15 des métiers les plus «en tension» et 62,3% des employeurs, qui ont déclaré plus de 50.000 intentions d'embauche (cadres et techniciens) dans ce secteur qui emploie 550.000 personnes, anticipent des «difficultés de recrutement» pour les postes d'ingénieurs, cadres "études et R&D"… contre 44,6% en 2011.

Or, une telle variation semble surprenante alors que le chômage est resté stable dans l’informatique/télécom (IT) sur l’année 2011 et que le chômage de masse n’a cessé de progresser en France.

Pour le MUNCI qui regroupe 2.400 membres salariés, indépendants et demandeurs d’emploi des professions du numérique, cette hausse traduit surtout celle de l’extrême sélectivité — profils jeunes et «sur mesure» — et de la discrimination croissante des employeurs dans les critères de recrutement — seniors et chômeurs s'abstenir pour cause d'«inemployabilité».

De ce fait, l’association estime que les tensions qui existent dans ce secteur ne sont pas le fruit d’un «prétendu manque de candidats formés aux métiers [de la filière] et disponibles sur le marché du travail», et dénonce la confusion trop fréquente entre «difficultés de recrutement» — liée à la sélectivité des recruteurs — et «pénurie de main d’œuvre», alors que 32.000 informaticiens sont inscrits à Pôle Emploi dans les catégories ABC, selon les derniers chiffres de la Dares !

Les employeurs de la filière craignent par-dessus tout le plein emploi

68,5% des employeurs interrogés par Pôle Emploi dans le cadre de son enquête BMO expliquent les difficultés de recrutement par un «manque de candidats» et 82,2% par «l’inadéquation des profils». Seuls 37,8% reconnaissent les difficultés liées aux conditions de travail et 23,5% au déficit d’image de l’entreprise, du secteur ou du métier proposé.

Le MUNCI note que le très fort taux de turnover chez les cadres du secteur informatique (15% en moyenne dans les SSII, le double du taux de turnover moyen sur l’ensemble du marché du travail) «va totalement à l’encontre de la pénurie de candidats comme explication plausible des difficultés de recrutement». Sans compter que les 15.000 à 20.000 nouveaux diplômés des filières STIC qui arrivent chaque année sur le marché du travail sont suffisamment nombreux pour combler les besoins, étant donné que le volume des créations d’emplois dans le secteur est en moyenne de 15.000 par an.

Le MUNCI avance que ces «difficultés de recrutement» sont un prétexte. La gestion court-termiste de l’emploi dans cette filière (zéro gestion de carrière), le recours massif à la sous-traitance (pression des coûts), sa sélectivité (tendance au clonage) et son jeunisme affiché permettent d’éviter des dépenses de formation, de favoriser la flexibilité et, surtout, d’empêcher un rattrapage/une hausse des salaires.

Pour l'association, c’est clair : dans ce secteur, un marché du travail équilibré est donc forcément synonyme d’un marché de «pénurie» ! Elle dénonce cette vision insidieuse et se demande si l’on veut vraiment du «plein emploi» en France...

Enfin, affirme le MUNCI, ceux qui propagent la pensée unique sur la «pénurie de main d’œuvre dans l’informatique» ne font qu’approuver implicitement la politique de triage social et de flexibilité des employeurs du numérique, sans imaginer un instant le préjudice moral qu’ils causent aux milliers d’informaticiens sans emploi souvent depuis de longs mois : 6% de la profession est ainsi mise au rebut, dont un tiers qui rencontre des difficultés d’insertion professionnelle avec une ancienneté moyenne au chômage d’environ 10 mois, et le quart qui sont devenus des chômeurs de longue durée.

SH

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Mis à jour ( Mardi, 29 Mai 2012 12:35 )  

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