L'Allemagne ne fait pas que payer pour régler la crise de la zone euro. Si un éclatement lui coûterait cher, elle profite en attendant de conséquences très lucratives pour elle. Et c'est le quotidien allemand à grand tirage Bild, connu pour ses attaques contre la Grèce et ses prises de position eurosceptiques, qui le reconnaît dans son édition de mercredi : "L'Allemagne gagne de l'argent grâce à la crise de l'euro".
Et le journal de se lancer dans le détail de cette facture très positive dans un long article en page 2. Première source de profits : "L'Etat et les consommateurs bénéficient de taux d'intérêt bas" car l'Allemagne fait figure de pays refuge pour les investisseurs. Le ministre des Finances allemand "Wolfgang Schäuble gagne même de l'argent en s'endettant" grâce aux taux d'intérêt négatifs sur les titres d'emprunt à court terme, explique le Bild. "Sur les 30 derniers mois, l'Allemagne a économisé plus de 60 milliards d'euros dans le refinancement de sa dette", détaille-t-il, citant un analyste. Dernière illustration en date, le taux à 5 ans est tombée mercredi à un niveau historiquement bas de 0,31%.
Le journal souligne que le secteur du bâtiment profite aussi des faibles taux d'intérêt, tout comme les consommateurs qui souscrivent des crédits ainsi que les banques qui peuvent se refinancer à bas coût auprès de la Banque centrale européenne. Enfin, les exportateurs allemands bénéficient du faible cours de l'euro qui améliore leur compétitivité.
Au final, c'est donc toute l'activité du pays qui en profite, avec une hausse du PIB attendue de 1% en 2012 contre à peine 0,4% en France. "En ajoutant à cela l'augmentation des entrées d'impôt et la baisse des dépenses sociales, les économies atteignent 70 à 100 milliards d'euros."
(Source : L'Expansion)
RAPPEL : En janvier dernier, l'Organisation internationale du travail (OIT) avait accusé l'Allemagne d'être à l'origine de la crise dans la zone euro à cause de sa politique de compétitivité par la déflation salariale initiée en 2003 par le gouvernement Schröder. Là-bas, le Smic n'existe pas et un quart des salariés touche un salaire qualifié de "bas".
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