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Non, le coût du travail n'est pas un handicap

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Retenez votre souffle, c'est La Tribune qui le dit : Malgré un coût du travail jugé trop élevé en France, les exportations tricolores progressent, faisant du commerce extérieur le principal pilier de la croissance. Qui l'eut cru ?

Ah, ce coût du travail ! Ce fut le sujet chaud, très chaud, de l'automne. Pas une semaine ne s'est passée sans que le sujet ne soit évoqué par la classe politique ou par les économistes, avec pour point d'orgue de ces débats agités la remise du rapport de Louis Gallois, le commissaire général à l'investissement, le 5 novembre dernier. Si les premiers se sont jetés à la face la responsabilité des 35 heures ou du poids trop lourd des "charges" sociales, les seconds se sont contentés de vanter la compétitivité du made in Germany — qui repose notamment sur le transfert d'une partie des cotisations sociales sur la fiscalité et sur une politique de modération salariale au long de la décennie 2000 —, et de déplorer la perte de vitesse de l'industrie tricolore qui s'est traduite par la destruction de 750.000 emplois au cours de ces dix dernières années.

Sans une baisse du coût du travail, point de salut ? Et bien non ! Alors que le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), qui permettra d'alléger le coût salarial, n'est pas encore entré en vigueur, l'export continuera à tirer la croissance tricolore au premier semestre 2013, comme il le fit déjà en 2012. Cette année, si la contribution à la croissance de la demande intérieure fut de 0,4 point de PIB, celle du commerce extérieur s'éleva à 0,6 point. Fin juin, la contribution de ces deux piliers de la croissance devrait être quasiment identique, anticipe l'Insee.

Un premier semestre 2013 encourageant

Certes, la progression des exportations devrait décélérer en 2012, affichant une hausse de 2,6% après un bond de 5,5% un an plus tôt. Mais fait rare, ce rythme serait supérieur à la croissance du commerce mondial qui, selon l'OMC, progresserait de de 2,5% cette année. Pour la première fois depuis bien longtemps, la France n'aurait pas perdu de parts de marchés ! Une performance qui s'explique en partie par la dépréciation de l'euro face au dollar. Mais ce n'est pas fini. L'Insee table sur des hausses de 0,7% et de 0,8% des exportations aux premier et deuxième trimestres 2013 malgré le niveau à nouveau élevé de l'euro face au billet vert.

Pourtant, bien que la France compte à peine 100.000 entreprises exportatrices françaises — dont 98% sont des PME — quand l'Allemagne en compte 350.000, elles font mieux que se défendre à l'international, en particulier chez nos principaux concurrents européens et asiatiques. Selon les services des Douanes, les ventes en direction de l'Allemagne ont bondi de 7,8% entre le deuxième et le troisième trimestre 2012, et de 4,3% dans les nouveaux états membres de l'Union européenne. Aux Etats-Unis, le made in France a progressé de 2,8% sur la période.

Le coût du travail explose... en Chine

En Asie, c'est une progression de 3,3% qui a été observée, marquée tout particulièrement par un bond de 5,8% des exportations vers la Chine, un pays qui, selon une étude récente du Journal of Economic Perspectives, a vu son coût du travail exploser au cours des dix dernières années. Entre 1978 et 1997, si la hausse du coût du travail a été presque nulle, le salaire annuel urbain chinois passant de 1.004 dollars à 1.026 dollars, elle s'est accélérée ensuite. En 2010, ce salaire moyen est passé à 5.487 dollars, soit une augmentation de presque 14% par an, supérieure au taux de croissance du pays sur la période. Ainsi est née une classe moyenne dont le niveau de pouvoir d'achat lui permet de s'offrir les produits occidentaux, notamment ceux fabriqués en France. Usine d'un monde en crise, la Chine a donc décidé de soutenir sa demande intérieure, désormais stratégique pour son développement.

La boucle est bouclée ? Le commerce extérieur français a désormais de beaux jours devant lui ? Ce n'est pas si simple. Au regard de la faiblesse du nombre d'exportateurs, sachant qu'un sur deux n'entretient pas de courants d'affaires réguliers, il en faudrait beaucoup plus pour que le commerce extérieur devienne une véritable locomotive [1].

Le défi : inverser durablement la tendance

Les recettes sont connues pour inverser durablement la tendance au creusement du déficit commercial. Après tant d'autres, Louis Gallois les a martelées : parce qu'elles ont peu de facteurs différenciants et parce qu'elles sont de ce fait très exposées à la concurrence par les prix [2], les entreprises tricolores doivent innover si elles veulent continuer à exister dans un monde globalisé.

Les outils sont là. Le crédit impôt recherche, la loi sur l'autonomie des universités, les pôles de compétitivité, le Grand emprunt stimulent en effet l'innovation. Toutefois, ils sont trop récents pour redresser la compétitivité hors-prix du made in France. Par ailleurs, il faut bien avoir à l'esprit que les entreprises ne gagnent pas à tous les coups lorsqu'elles innovent. Il faut donc espérer que le taux de succès dépasse simplement le taux d'échec.

(Source : La Tribune)


[1] Le déficit de la balance commerciale est un épouvantail régulièrement agité pour parler de "compétitivité" alors qu'il n'a aucun sens. Qu'il soit positif ou négatif, le solde du commerce extérieur n'est pas dangereux pour une économie nationale et n'est nullement un indicateur de performance économique, contrairement à sa balance courante. Certains pays exportent beaucoup (parfois au détriment de leur prospérité nationale), et d'autres moins : chacun a sa spécificité. L'essentiel de ce qui est produit en France est destiné aux Français, et cette course à l'export fait partie du dogme d'une mondialisation absurde qui s'appuie davantage sur l'offre que sur la demande, uniformise les pratiques et nivelle par le bas.

[2] RAPPEL. La recherche de compétitivité s'articule sur deux leviers :
• la compétitivité-prix, nivelage par le bas consistant à réduire les coûts de production (dont les salaires…) afin d'offrir des prix plus abordables pour des produits identiques à ceux de la concurrence. Mais, on le sait, cette course au low-cost effrenée et court-termiste a des limites.
• la compétitivité hors-prix, nivelage par le haut qui mise sur des produits différenciés (qualité, innovation…) justifiant une différence de prix. C'est plutôt là qu'il faut miser, d'autant plus que nous en avons les capacités.


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Mis à jour ( Mercredi, 02 Janvier 2013 15:28 )  

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