Bien sûr, il y a des épisodes éruptifs, voire violents. Les conflits actuels chez PSA, ArcelorMittal ou Petroplus en sont la preuve. Et il y en aura d'autres demain. Mais à l'exception de ces cas très médiatisés ou de manifestation unitaire comme la journée de mobilisation de la CGT le 9 octobre, le climat social est plutôt atone. Et devrait le rester jusqu'à l'été 2013. Mais attention au réveil des mécontentements à l'automne prochain. Tel est le scénario que dessine la note de conjoncture sociale annuelle du think tank Entreprise & Personnel, rendue publique ce vendredi 19 octobre, et qui met en garde contre l'impression de "faux calme" dans la rue et les entreprises.
Plusieurs facteurs expliquent ce que les auteurs de la note décrivent comme une "passivité sociale" trompeuse et freinent la constitution d'un mouvement de protestation d'ampleur comme ceux que les pays du Sud de l'Europe — l'Espagne et la Grèce notamment — ont pu connaître ces derniers mois.
Côté syndicats, la division règne. Et le fait que la plupart ont soutenu, explicitement (pour la CGT) ou implicitement, l'arrivée d'un gouvernement de gauche ne permettront pas la constitution d'un front d'opposition capable de mobiliser. Côté salariés, la situation de l'emploi — et la peur du chômage —, doublée de préoccupations différentes suivant les catégories sociales, rendent improbables une unité antigouvernementale à court terme.
"La contestation sociale est en quelque sorte bloquée jusqu'à l'été 2013", insiste Entreprise & Personnel. A cette date, en revanche, faute d'avoir obtenu des résultats en termes d'emploi ou de redressement des finances publiques, le crédit dont bénéficie le nouvel exécutif sera épuisé. Efforts, oui, mais à condition que cela permette de régler les problèmes de fond : tel est le message qu'enverront alors les Français à un président dont ils attendaient davantage.
Les organisations syndicales n'auront alors d'autres choix que de se radicaliser pour éviter d'apparaître trop en décalage avec leurs troupes. Principal point de friction, dans le public comme dans le privé : les questions de pouvoir d'achat.
Reste à connaître par quel canal ce mécontentement croissant s'exprimera. "En l'absence d'échéances politiques en 2013, il est peu probable qu'il y ait un exutoire politique et/ou syndical", note Entreprise & Personnel, redoutant "une montée continue des formes de populisme". Une perspective sombre qui pourrait trouver sa traduction dans les urnes lors des élections municipales et européennes de 2014.
(Source : L'Expansion)
NDLR : Selon les résultats de notre sondage du moment, 25% de nos lecteurs ont été trop optimistes, pensant que ça allait péter dès maintenant. Les 45% qui pensent qu'il ne se passera rien pour le moment ont raison, et il en est sûrement de même pour les 28% qui pensent que ça va péter l'année prochaine...
Et puisqu'on est dans l'oracle, voici un rappel important :
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