Si cela leur fait plutôt du bien, ils regrettent que cela soit peu suivi d'effets, et pour cause : ils ne s'adressent pas à ceux qui ont le pouvoir d'agir. Revue de détail avec un sondage de l'Anact (Association nationale pour l'amélioration des conditions de travail) réalisé à l'occasion de la 9ème édition de la semaine de la qualité de vie au travail.
Près de 3 salariés sur 4 parlent régulièrement de leur travail, autant dans leur sphère professionnelle que privée. Et pas forcément parce que les conditions y sont mauvaises. L'Anact a interrogé plus d'un millier de salariés sur la place accordée au dialogue sur le travail dans l'entreprise. Mais de quoi parlent-ils ? Des relations sociales, du contenu et de l'organisation du travail. Dans une moindre mesure apparaissent l'évolution professionnelle, l'environnement physique, et la conciliation vie privée/vie professionnelle. Les cadres abordent plus volontiers les trois premiers sujets, les ouvriers les deux derniers. Avec qui discutent-ils de ces sujets ? Entre eux ! Les collègues sont leurs interlocuteurs privilégiés, surtout en ce qui concerne les relations et l'organisation, l'évolution professionnelle étant évidemment plutôt abordée avec l'encadrement direct.
Seuls 25% des salariés (36% des cadres) évoquent l'organisation du travail avec la direction et 17% avec les représentants du personnel. Et 21% parlent des relations de travail et de son contenu avec leur direction. 23% discutent relations de travail et 12% du contenu avec les représentants du personnel. Côté conciliation vie privée/vie professionnelle, autant dire qu'elle est le parent pauvre des discussions avec la direction (18% des salariés en discutent avec elle) et les représentants du personnel (10% en parlent avec eux). Les représentants du personnel sont donc encore moins identifiés comme des interlocuteurs que la direction générale. Quant à la médecine du travail, elle reste consultée de façon tout à fait marginale : 4% à 13% des salariés l'identifie selon les sujets, 21% dès lors qu'il s'agit des conditions physiques.
Ce n'est pas autour de la machine à café que l'on fait avancer les choses
Résultat : ce sont les discussions informelles qui priment, sauf lorsqu'il s'agit d'évoquer le parcours professionnel. Pas étonnant que près de 40% des salariés jugent que toutes ces discussions n'ont aucun effet, sauf… lorsque leur direction ou l'encadrement y participe. C'est-à-dire avec ceux qui ont le pouvoir d'agir. Ainsi, 76% des salariés ayant échangé avec leur direction au sujet des relations sociales et 74% ayant abordé l'organisation du travail perçoivent un effet positif. «Ce qui prouve que la direction est perçue comme la première responsable de l'amélioration des conditions de travail : 50% des salariés la citent d'ailleurs en premier, les salariés n'arrivant qu'en seconde position (21% des citations), devant le management intermédiaire (16%), les représentants du personnel (7%), les politiques et l'Etat (6%)», précise Dominique Vandroz, directeur général de l'Anact.
Une question demeure : certes les salariés parlent du travail mais le «pensent-ils», pour reprendre l'expression en vogue chez les psychologues du travail ? «Comme ils se parlent beaucoup de façon informelle, sans doute peut-on s'interroger sur ce qui est discuté dans le fond. En creux, notre enquête témoigne du fait que le travail est un sujet de discussion en tant que tel mais que ce dialogue pourrait porter plus de fruits. Les salariés parlent plus du travail par nécessité que par volonté d'amélioration», résume Dominique Vandroz.
Il note toutefois d'année en année un intérêt croissant des directions pour ce que vivent les salariés, du fait essentiellement de la montée des débats autour des risques psycho-sociaux. Car, si l'on en croit le chercheur en médecine et santé du travail Philippe Davezies, il serait urgent de construire un point de vue commun entre la direction et les salariés autour de la représentation du travail. Et là, ce n'est pas autour de la machine à café que l'on va faire avancer les choses mais sur le poste de travail lui-même à la façon des ergonomes. Reste donc à déployer l'analyse du côté de ce que «font» les salariés et pas uniquement se cantonner à ce qu'ils en «disent».
(Source : La Tribune)
NDLR : Dommage que l'Anact n'ait pas demandé aux salariés qu'elle a interrogés pourquoi ils préfèrent se soulager vainement entre eux plutôt que de s'adresser directement aux bonnes personnes... Lâcheté, peur, ou ignorance ? Quant à ceux qui ont essayé, ils en sont visiblement revenus.
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