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Le pari est donc pris. En décembre 2013, janvier et février 2014, on va voir ce qu’on va voir : la décrue va s’amplifier et se propager à toutes les autres catégories de Pôle Emploi.
Cette fanfaronnade gouvernementale est une promesse insensée dans le contexte qu’on observe aujourd’hui, marqué par un emballement des plans de licenciements probables dans le transport routier, l’industrie agro-alimentaire et dans d’autres secteurs moins visibles.
D’autant que le chômage ne baisse pas. Au contraire, il augmente ! Nul besoin de rentrer dans le détail des chiffres publiés par la DARES. Les macro indicateurs du 28 novembre le confirment.
Si le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A enregistre un recul de -20.500 inscriptions, le cumul des catégories A, B et C explose de près de 40.000.
En d’autres termes, le chômage à plein-temps baisse, le chômage à temps partiel augmente. Et pas qu’un peu : +60.000 en catégories B et C !
Petite explication à l’attention de celles et ceux qui ne le savent pas encore : Il suffit de travailler moins de 78 heures dans le mois pour basculer de la case A (sans aucun emploi) à la case B.
Les postes disponibles étant pour l’essentiel proposés en CDD, on imagine aisément que nombre de chômeurs à temps partiel réintégreront dans les semaines et mois à venir la catégorie des chômeurs à plein-temps. L’effet vases communicants est réversible.
A contrario, les plus optimistes rétorqueront que de plus en plus de chômeurs de catégorie A vont reprendre une activité (partielle ou totale). C’est envisageable, pas garanti !
Les chiffres aujourd’hui disponibles ne confirment donc pas l’entame d’une inversion de la courbe du chômage. Affirmer le contraire revient à considérer qu’en France, le chômage ne concerne que les 3,2 millions de personnes inscrites en catégorie A. Voilà une lecture très approximative et orientée des statistiques.
Ainsi, le gouvernement estime que, quand on exerce une activité à tiers-temps ou à quart de temps, on n’est plus chômeur. Même topo quand on est en formation, en stage, en maladie, en convention de reclassement personnalisé (CRP), en contrat de transition professionnelle (CTP) et en contrat de sécurisation professionnelle (CSP).
Les chômeurs des catégories B, C et D comptent pour du beurre !
Voilà ce que laissent entendre messieurs Hollande et Sapin quand ils se gargarisent des chiffres d’octobre qui devraient pourtant les inciter à plus de retenue, plus de prudence.
Pour autant, la tendance à la stabilisation du nombre des demandeurs d’emploi de catégorie A semble s’inscrire dans une certaine réalité statistique, comme le souligne le communiqué du ministère du Travail : «Appréciée sur une moyenne de plusieurs mois, l’inversion de la courbe du chômage se dessine : -3.500 par mois en moyenne sur les 3 derniers mois, après +5.500 au 3ème trimestre, +18.270 au 2ème trimestre et +33.070 au 1er trimestre. Il faut remonter à novembre 2010 pour trouver une évolution moyenne aussi favorable».
Avant de conclure, nous aurons une pensée solidaire pour les agents Pôle Emploi qui ne sont pas au bout de leur peine. L’augmentation du nombre de chômeurs en catégories B et C n’est vraiment pas pour leur simplifier la vie. La gestion des dossiers d’indemnisation de ces populations s’en trouve considérablement accrue, avec sa paperasserie kafkaïenne, ses déclarations d’activités partielles, ses possibles erreurs de calcul… Imbroglio dénoncé en juillet dernier par Jean-Louis Walter, Médiateur national de Pôle Emploi, qui s’inquiète des dérives de l’activité réduite dans son rapport annuel.
Bien loin d’être encourageants, les derniers chiffres du chômage confirment si nécessaire l’enracinement de la précarité professionnelle par l’accroissement des missions courtes (CDD et temps partiels).
L’économie française ne crée plus d'emplois stables depuis longtemps.
Yves Barraud
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Commentaires
Chômeurs toutes catégories (ABCDE) : + 1% en octobre, à 5.528.000 inscrits contre 5.185.000 en octobre 2012. + 6,6% sur un an. Répondre | Répondre avec citation |
C'est la contradiction inhérente au capitalisme: il tend à aller vers l'esclavage intégral mais en ce faisant il élimine la clientèle potentielle. Répondre | Répondre avec citation |
Je me suis fait piégé par les formules qu'on nous enfonce dans le crâne et qui conditionne à notre insu notre façon de penser.
Ce ne sont pas les entreprises qui fabriquent ce qui est vendu mais les salariés qui y travaillent.
(La révolution passera d'abord par une réappropriation des mots qu'on doit disputer à nos adversaires qui nous inondent de leur propagande) Répondre | Répondre avec citation |
Citer:
www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/chomeur-au-sens-du-bit.htm Répondre | Répondre avec citation |
Avec cette définition, vous ne rêvez pas (vous cauchemardez) le plein-emploi est possible 8-)
Par ailleurs, Pôle emploi utilise une définition qui est un peu différente mais il n'est pas impossible que déclarer une seule heure de travail dans un mois change votre catégorie. Répondre | Répondre avec citation |
Ce mois-ci je vais déclarer à Pôle emploi 40 euros de salaire (3h de travail) je ne serai pas compté en catégorie A très probablement.
Un chômeur de moins, le "redressement" de la France a déjà commencé 8-) Répondre | Répondre avec citation |
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/vrais-chiffres-chomage-octobre-144404
Il est plus que temps de passer à autre chose :
revenudebase.info Répondre | Répondre avec citation |
La croissance, c'est pour les actionnaires et cela détruit nos vies (compétition) et notre environnement (on ne tient pas compte de l'impact de la croissance sur notre environnement via notamment les prix)!
La croissance est un mythe brandi par les technocrates pour nous faire le chantage à l'emploi (taux d'employabilité) au lieu de se poser la question du bien vivre et du travail bien fait!
Voir "les 10 plus gros mensonges sur l'économie" de DERRUDER et HOLBECQQ qui explique dans le mensonge n°6 "il faut soutenir la croissance pour dynamiser l'emploi". Si pas de croissance, pas de capitalisme idéologie du toujours plus (accumulation) donc surconsommation et crédit (on inonde le "marché" de produits (innovation) et comme on "joue" sur les salaires pour la compétition, on incite la grande majorité à utiliser leur épargne et/ou faire du crédit! CQFD Répondre | Répondre avec citation |
La dette est le moteur du capitalisme et de tout le système.
En France, les gens seraient moins endettés que d'autres peuples (les USA?) il y a sans doute une raison: en France tout le monde loin s'en faut n'est pas propriétaire de sa maison et le RSA est insaisissable.
Quel gage dès lors donner à une banque pour se goinfrer à crédit sachant que le chômage peut s'abattre sur toi à tout instant? 8-)
Cela ne vous rappelle pas les lamentations de Sarkozy qui se plaignait du fait que les français ne sont pas assez endettés et pas assez propriétaires. Vous avez compris maintenant.pourquoi. Répondre | Répondre avec citation |
D'autre part, les financiers jouent au casino en "innovant" sur les produits titrisés.
L'argent de la BCE à vil prix, ne sert pas à l'économie réelle (car avec la récession, cela n'est pas rentable), mais retourne à l'envoyeur ou à la spéculation sur du rien d'où les bulles. En ce moment , nous vivons une presque déflation (baisse des prix, baisse des salaires, faible croissance)
Les banquiers, la finance et les gouvernants se sont alliés pour privilégier le court terme pour les plus nantis quitte à ce qu'il y ait des victimes collatérales, c'est à dire l'économie réelle (TPE, PME, ménages)
Cela s'appelle concurrence-cupidité comme le dit F. LORDON Répondre | Répondre avec citation |
Le capitalisme est une idéologie de destruction économique. Destruction des états nation, de l'environnement
Malheureusement , le peuple est assujetti à ce système par la création du désir, de la jalousie et du manque
Nous ne verrons peut-être pas la chute du système, mais il tombera tôt ou tard et le réveil sera très difficile pour tout le monde
Nous ne vivons pas au dessus de non moyens, mais n'importe comment sans se poser la question du pourquoi la surconsommation , le besoin irrépressible! Sommes-nous plus heureux avec soit disant le progrès tel qu'on nous le présente? Je ne crois pas. Nous allons petit à petit vers un système totalitaire de la Technique. Répondre | Répondre avec citation |
Ce système s'apparente à une secte, quand le gourou est démasqué et que les fidèles commencent à voir ce qu'il est: un escroc manipulateur qui n'a eu de cesse de les dépouiller, ce dernier a la tentation d'accélérer le mouvement et finir par sacrifier/tuer tout le monde.
S'il ne peut pas contrôler tout au moins il peut empêcher les gens de retrouver la liberté en les tuant.
Cela a donné les deux guerres mondiales et d'autres moins connues.
Si bien que ce système nous propose le choix suivant:
Le capitalisme ou la mort… Répondre | Répondre avec citation |
Les prochains chiffres du chômage tomberont entre les deux frets, pardon fêtes, de fin d'années. La priorité des français ne sera pas d'écouter des nouvelles déprimantes mais de chasser la gueule de bois du 25 décembre pour pouvoir remettre ça le 31 décembre. 8-) Répondre | Répondre avec citation |
Fin octobre, 5,5 millions de personnes, en France métropolitaine, sont inscrites à Pôle Emploi (+6,6 % sur 12 mois). Mais seulement un demandeur d’emploi sur deux perçoit une allocation au titre du chômage, soit 2.216.300 personnes.
Toutefois, la catégorie A (les personnes n’ayant exercé aucune activité au cours du mois) qui compte 3,2 millions d’inscrits, a connu une diminution de 0,6 % au mois d’octobre, ce qui représente 20.500 personnes. Nous nous en réjouissons pour elles sans, pour autant, participer au concert auto-congratulatoire actuel.
D’autres réalités viennent tempérer notre enthousiasme. Selon l’ACOSS, 7 contrats sur 10 (hors intérim), signés au troisième trimestre sont des CDD de moins d’un mois ! Toutes les catégories professionnelle s sont touchées par cette précarisation de l’emploi, y compris les jeunes diplômés.
Si le nombre d’inscrits à Pôle Emploi de moins de 25 ans en octobre, dans la catégorie A, est en baisse de 2,3 %, les plus de 50 ans sont toujours plus nombreux (+11 % sur un an). Ces derniers sont surreprésentés parmi les salariés licenciés tous les mois.
C’est dans cette situation de crise que va commencer, début 2014, la négociation de l’assurance chômage dont il est fondamental de préserver le rôle d’amortisseur. Les indemnités permettent de lisser les situations souvent dramatiques et donnent à chacun la possibilité de se repositionner sereinement sur le marché de l’emploi. La CFE-CGC a déjà annoncé son refus de voir les plafonds d'indemnisation baisser. Ce n'est pas la baisse des indemnités qui résoudra le déficit du régime mais bel et bien la création d'emplois par une véritable politique de croissance ! Évitant ainsi, par temps de crise, une fragilisation des classes moyennes, déjà au bord de l’asphyxie… Répondre | Répondre avec citation |
Sans blagues. Ils ne mettent pas en relation le chiffre de gens indemnisé qu'il annonce en début de déclaration avec cette affirmation qui serait sympathique si elle n'était pas à moitié fausse.
(je ne suis pas pour la baisse des indemnités chômage qu'on se comprenne bien ;) )
(le communiqué ne parle pas de l'allongement de la durée moyenne de chômage , j'imagine qu'il n'a pas baissé récemment)
Citer:
De croissance de quoi? du nombre de (vrais) cochons en Bretagne? 8-)
La croissance de la destruction de notre environnement?
On a mal de lire des trucs comme ça. Répondre | Répondre avec citation |
Les statistiques des demandeurs d’emploi pour le mois de novembre sont en hausse de +0,5% (+17.800 demandeurs d’emploi de catégorie A), faisant suite à une baisse de -0,6% (-20.500) en octobre.
À l’inverse, les inscrits en catégories ABC dans leur ensemble sont en diminution de 0,1% (- 6.900), alors qu’ils progressaient le mois précédent.
Ainsi se manifeste, une fois de plus, la volatilité de cet indicateur d’un mois sur l’autre, particulièremen t dans les périodes de retournement comme celle que nous vivons. Cette volatilité incite à regarder les chiffres en tendance sur plusieurs mois. De ce point de vue, nous sommes dans une amélioration engagée depuis le début de l’année et qui se confirme graduellement.
Ainsi, alors que le chômage progressait d’environ +30.000 par mois en moyenne au 1er trimestre 2013, il progressait de +18.000 par mois en moyenne au 2ème trimestre, puis de +5.500 au 3ème trimestre. Sur les deux premiers mois du 4ème trimestre (octobre et novembre), l’évolution est à la baisse de -1.350 en moyenne par mois. (…)
Commentaire d'Actuchomage :
D'un mois sur l'autre, le gouvernement s'appuie sur des indicateurs différents pour nous convaincre que l'inversion est bien engagée.
En octobre : le chômage était en baisse de 20.000 inscrits en catégorie A. Et en hausse de +40.000 sur les catégories A, B et C.
En novembre : le chômage était en hausse de 17.000 inscrits en catégorie A. Et en baisse de 7.000 sur les catégories A, B et C.
En octobre, le gouvernement s'est réjoui de la "baisse du chômage" sur la seule catégorie A. En novembre, même satisfaction mais en s'appuyant cette fois sur les catégories A, B et C.
Si l'évolution en catégorie A est à la "stabilisation", l'augmentation se confirme en octobre et novembre sur les catégories A, B et C. Répondre | Répondre avec citation |
Il faut prier pour que la croissance revienne pour vraiment inverser la courbe du chomage. Répondre | Répondre avec citation |