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Accueil Social, économie et politique L’inversion du chômage attendra 2015 ou plus tard !

L’inversion du chômage attendra 2015 ou plus tard !

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Derrière la polémique de la promesse présidentielle non tenue se cache un drame national. Les rustines ne suffisent pas à colmater le paquebot France qui prend l’eau de toutes parts. Naufrage à l'horizon !


À la lecture des communiqués de presse adressés chaque mois aux médias par le ministère du Travail, on mesure l’ampleur du désarroi du Gouvernement et du Ministre Sapin en charge du dossier explosif de l’évolution du chômage.

Tous les artifices sémantiques sont bons pour tenter d’expliquer aux Français que l’inversion n’est pas pour demain mais que, si on y regarde de plus près, la stabilisation – qui doit logiquement la précéder – est en vue. Malheureusement, de stabilisation nous n’en voyons point la couleur.

Le chômage est en hausse, et pas qu’un peu : +5,7% sur un an dans la seule catégorie A.

Nous vous épargnerons les autres catégories, notamment celles qui regroupent les chômeurs ayant travaillé plus ou moins 78 heures dans le mois, qui confirment que la précarisation gagne du terrain dans tous les secteurs. 

Si le sujet n’était pas si dramatique, cette communication gouvernementale, qui ambitionne de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, pourrait nous tirer d’irrépressibles fous rires, tant les formules utilisées frisent le ridicule.

Ainsi, dans sa dernière production (celle des chiffres de décembre 2013), le ministère du Travail nous gratifie d’une superbe : «Cela rend d’autant plus nécessaire d’activer davantage la mobilisation des actions les concernant», à propos du taux de chômage préoccupant des 50 ans et plus. De ce côté-là pourtant, il n’y a aucun espoir d’amélioration. Tout ce qui pourrait le laisser croire n’est qu’enfumage !

Enivré par son enthousiasme badigeonné de méthode Coué, le ministère poursuit : «Les politiques de l’emploi déployées avec énergie portent leurs fruits». On en est repu !

Ailleurs dans le communiqué, nous pouvons lire : «L’inversion de la courbe du chômage ne s’est pas encore réalisée sur le dernier trimestre, même si nous en sommes très proches», juste après avoir concédé que le nombre de demandeurs d’emploi croit de 0,3% au mois de décembre (+10.200 en catégorie A). L’analyse est schizophrénique !

Ici aussi, les services de Michel Sapin brûlent les étapes. Avant d’évoquer une inversion, nous nous contenterions d’une petite stabilisation.

L’accroissement du chômage est d’autant plus préoccupant que toutes les ficelles visant à l’encadrer et à le contenir ont été utilisées ou sont en passe de l’être, à commencer par les emplois aidés qui, incontestablement, atténuent pour un temps seulement la progression.

Et ne parlons pas des radiations administratives qui touchent chaque mois 50.000, 70.000 ou 80.000 personnes. Des chiffres que le plus savant de nos crânes d’œuf polytechniciens ne saurait expliquer, tant leurs causes et justifications restent floues et confuses.

Parmi ces dizaines de milliers de personnes, combien renoncent à pointer chez Pôle emploi n’y voyant plus aucun intérêt ? Arrivées en fin de droits, donc plus indemnisées par l’assurance-chômage, ne cherchent-elles pas tout simplement à s’affranchir des entretiens et convocations inutiles avec des conseillers désarmés et impuissants ?

La situation est d’autant plus dramatique que la litanie des plans de licenciements ne faiblit pas. Il ne se passe pas un jour sans qu’on nous annonce la destruction de 200 emplois par-ci, 500 par-là, ou 1.400 ailleurs. L’addition donne le vertige sur ce qui se profile en 2014. Si une inversion est à prévoir, elle risque fort de s’orienter plus encore à la hausse.

Pendant ce temps, l’Europe semble accélérer sa stratégie de déstructuration massive du marché du travail. Alors que le chômage atteint des sommets, les «travailleurs détachés» (les fameux plombiers polonais) sont de plus en plus nombreux à exercer leur activité en France, notamment dans le BTP et le transport routier. Selon les estimations, entre 150.000 et 500.000 Polonais, Roumains, Portugais… travaillent sur le territoire aux conditions sociales de leur pays d’origine. Les donneurs d’ordre économisent ainsi entre 20 et 40% sur les seules cotisations (Source : Le Canard Enchaîné du 27 novembre 2013).

Non seulement ce dumping social prive de nombreux chômeurs et intérimaires de perspectives d’embauches, mais il contribue au creusement des déficits de la Sécurité sociale, des caisses de retraite, de l'Unédic (22 milliards cumulés), et plombe les rentrées fiscales.

Nous éviterons soigneusement de développer ici un autre sujet sensible, celui des immigrés clandestins dont on ne peut, par principe, évaluer le nombre d'arrivées. D’une manière ou d’une autre, ils viennent grossir le flot des demandeurs d’emplois… déclarés ou pas.

Tous ces facteurs mis bout à bout laissent à penser que 2014 sera, une fois de plus, une année noire sur le front de l’emploi. L’Unédic, l’organisme paritaire qui gère l’assurance-chômage, ne se fait d’ailleurs aucune illusion. Ses prévisions (généralement sous-évaluées) envisagent entre 150.000 et 170.000 chômeurs de plus dans les 12 prochains mois. Ceci dans la seule catégorie A, il va de soi. On peut donc raisonnablement s’attendre à une progression équivalente à celle de 2013, c'est-à-dire autour de 6%, soit 200.000 à 250.000 chômeurs supplémentaires.

Actuchomage vous en fait la promesse : L’inversion de la courbe attendra 2015… ou plus tard !

Yves Barraud

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Mis à jour ( Samedi, 01 Février 2014 06:16 )  

Commentaires 

 
0 # pqjvld 2014-01-29 10:00 "Nous éviterons soigneusement de développer ici un autre sujet sensible, celui des immigrés clandestins dont on ne peut, par principe, évaluer le nombre d'arrivées. D’une manière ou d’une autre, ils viennent grossir le flot des demandeurs d’emplois… déclarés ou pas."

C'est ce qu'on appelle de la prétérition. Cela donne raison au FN si on omet de préciser que les grands pontes de l'économie continuent de s'enrichir au dépens des populations tandis qu'il prétendent que l'argent manque.
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0 # Yves 2014-01-29 11:26 Nous parlons ici de l'évolution du chômage, pas de l'enrichissement des "grands pontes de l'économie".

Quel que soit le rythme des entrées (légales et clandestines), elles contribuent à grossir les rangs des demandeurs d'emploi.

Nous noterons, à ce propos, que parmi les 6 millions d'actifs inscrits chez Pôle Emploi, il y a bien évidemment des immigrés en situation régulière.

Le débat ne porte donc pas sur les "origines" mais sur le "statut".

Un immigré en situation régulière peut être "concurrencé" par un immigré fraîchement débarqué.

+++++++

Mais si vous souhaitez parler de l'enrichissement qui en résulte, il profite en premier lieu aux mafias qui l'organisent et aux patrons de petites entreprises et sous-traitants qui en abusent.

Et si vous prenez le secteur du prêt-à-porter, ces patrons sont souvent arrivés clandestinement en France avant d'être régularisés. Ce phénomène est notamment observé chez les fabricants et grossistes chinois.

Éluder cette réalité, c'est faire le jeu du FN qui a beau jeu de dénoncer - seul - cette "concurrence illégale".

Dans un pays qui enregistre depuis 2 ans un accroissement du chômage de 10% (en 2012) et de 5,7% (en 2013), tous les sujets méritent d'être débattus.

+++++++

Cependant, l'article insiste principalement sur la pénurie d'emplois, l'hécatombe des plans de licenciements, les radiations administratives , l'ampleur du phénomène "travailleurs détachés".

L'immigration est un aspect que d'aucuns estiment marginal. Je lui ai donc réservé une place… marginale, sans l'occulter pour autant.
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0 # Radik 2014-01-29 13:50 il n'y a rien d'indécent de parler immigration dans ce pays qui a fait de ce sujet un tabou. Le procès d'intention : parler immigration = FN est insupportable. on peut s'interroger sans être taxé de raciste ou de xénophobe. En période de chomage massif, est-il vraiment indispensable d'ouvrir ses frontières à de la main d'oeuvre immigrée. N'est-il pas plus utile, pour la paix sociale, de former les chomeurs français ou immigrés réguliers? Je ne vois rien de scandaleux à cela. J'ajoute que ne pas aborder ce suejt quand on est de gauche (ou refuser de l'aborder) laisse le champ libre au FN. Et pas seulement, ça encourage les personnes qui s'interrogent sur ces questions et qui ne trouvent pas de réponses claires dans les programmes de gauche à voter FN. Le laisser faire alimente les extrémistes. Etant moi meme d'origine étrangère, je suis étonnée de la passivité de la classe politique face au probleme du chomage qui ne fait qu'augmenter. Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # Ed 2014-01-30 10:12 Vous êtes étonnée ? Depuis que le temps que ça dure, je ne m'en étonne plus. Il n'y a aucune réelle volonté de résoudre un prétendu problème dont nul n'a la solution. En vérité le chômage ne constitue un problème que pour ses victimes : les demandeurs d'emploi.Pour les autres il présente bien des avantages et permet notamment aux politiques d'être élus sur la base de promesses dont ils savent pertinemment qu'ils ne les tiendront pas. En vérité le chômage de masse n'est pas le problème mais la solution. Il ne peut constituer un problème que pour ceux qui le vivent au quotidien et en souffre, marqués dans leurs vies, mais le système en place en tire de très nombreux bénéfices. Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # Radik 2014-01-30 15:04 Je ne pense pas que les politiques mettent tout en oeuvre pour ne pas tenir leurs promesses. Le respect de leurs engagements garantirait leur réélection. tout le monde peut constater l'effet dévastateur de la promesse non tenue de Hollande sur l'inversion de la courbe du chomage. Je constate que, alros que de plus en plus de français sont touchés par la précarité, certains nous affirment encore comme Monsieur Attali que le recours à l'immigration est indispensable au développement de kla France. J'estime qu'il est plus utile de s'occuper des gens déjà présents sur le territoire plutot que d'en accueillir de nouveaux. c'est une question de bon de sens pas de rejet. L'immigration est une solution quand l'économie tourne (j'en suis issue). Mais quand on est confronté aux difficultés actuelles, est-il nécessaire d'en ajouter? Sur ce sujet, les politiques sont bien silencieux. Pas le FN qui répond quelque part aux inquiétudes de beaucoup de gens. Je ne vote pas FN!!! Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # Ed 2014-02-21 13:32 Non, les politiques ne mettent pas sciemment tout en œuvre pour ne pas tenir leurs promesses. Ils se contentent simplement de faire des promesses qu'ils savent de pas vouloir ou ne pas pouvoir tenir puisque rien ne les y engage légalement. Certains y verront naïvement une garantie contre la corruption. En réalité, les politiques sont avant tout des carriéristes dont la vision reste à court terme. Ainsi, Hollande a déçu comme les précédents mais peu importe. L'important sont les prochaines échéances électorales où l'on promettra à nouveau que "cette fois, ça y est les choses vont vraiment changer". Cette rengaine, on la connait. Les résultats, on les voit. Promettre ne coûte rien et peut rapporter beaucoup. Mais il faut considérer aussi que les élus même tout droit sortis de l'ENA ne sont pas toujours les plus pour compétents traiter les questions les plus sensibles, bien au contraire. Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # Ed 2014-02-21 13:41 Mais la politique, la vraie ne se fait plus à l'assemblée ni au gouvernement. En ce qui concerne le chômage on s'est contenté durant des décennies d'appliquer les même politiques en vain. Comment expliquer cette obstination à répéter les mêmes choses alors qu'on en connaît les résultats ? C'est doit du cynisme, soit de la stupidité, soit de la folie.
Je comprends le vote FN. Il dit tout haut ce que pensent des millions de Français. Le phénomène ne touche pas que la France par ailleurs.
Quant au chômage il ne constitue pas un problème mais une solution. Le dumping social par exemple en est une conséquence notable.
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0 # Ed 2014-01-30 10:03 "Cependant, l'article insiste principalement sur la pénurie d'emplois"

Qu'importe qu'il n'y ait pas suffisamment d'emploi, que le problème soit structurel et que la situation globale soit liée à des problèmes de surproduction. Le coupable , ce cher chômeur est tout trouvé et c'est lui qui en paie les conséquence. Vous n'avez pas d'emploi : il suffit d'en créer. Je ne compte plus le nombre d'offre où l'on exige un statut d'autoentrepreneu r.
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0 # pqjvld 2014-02-08 23:58 Vous ne croyez pas que le problème, c'est la concurrence, tout simplement ? Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # pqjvld 2014-02-09 00:11 En fait, votre raisonnement, Yves, c'est la lutte des places appliquée aux chômeurs. Admettons qu'on puisse empêcher l'immigration irrégulière. On élimine qui ensuite ? Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # TS 2014-02-11 11:50 Les Suisses en votant pour des quotas d'immigrés en direction de l'Union européenne, nous ont rappelé que les français pouvaient être des immigrés comme les autres.
Il y a des millions d'immigrés français qui travaillent à l'étranger, sauf erreur, mais on préfère les appeler expatriés pour qu'ils ne soient pas assimilés à nos travailleurs immigrés africains, maghrébins, asiatiques.
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0 # TS 2014-02-11 12:00 La Suisse ne produit pas grand chose mais capte une grosse partie de la richesse mondiale (pas toujours légalement).

En siphonnant toute cette richesse, il y a un effet de vases communiquant, ailleurs des gens s'appauvrissent et sont contraints d'aller travailler où il y a du travail et de l'argent pour payer des salaires espérés corrects.
Hormis la Suisse, cela ne vous rappelle pas un autre pays que vous connaissez bien? 8-)
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0 # Yves 2014-02-11 12:51 L'immigration encadrée par des quotas, le Canada, l'Australie et bien d'autres pays… la pratique.

Par ailleurs, la plupart des "immigrés français" travaillant en Suisse sont des travailleurs trans-frontaliers, pas des expatriés. Ils résident majoritairement en France et paient des impôts en France.

Les expatriés sont des travailleurs dépêchés à l'étranger par leurs entreprises. Ça n'a rien à voir avec l'immigration.

L'amalgame est source de confusion et de désinformation.
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0 # TS 2014-02-11 23:27 Citer:
Les expatriés sont des travailleurs dépêchés à l'étranger par leurs entreprises. Ça n'a rien à voir avec l'immigration.


Ah bon?
Mais cette précision change-t-elle quelque chose au ressenti des travailleurs locaux? Un emploi occupé par un français est un emploi qui ne sera pas occupé par un travailleur local.
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0 # Yves 2014-02-12 00:21 Ressens TS, ressens… Je vois que tu connais bien la Suisse.

Je discutais encore tout à l'heure avec une dizaine de Suisses originaires de la région Jura-Trois Lacs (qui couvre 6 cantons), majoritairement francophone.

C'est moins la question du travail que de l'insécurité qui a motivé la votation. Il s'avère que 90% de la population carcérale en Suisse est d'origine immigrée (source France Info, ce matin).

Ce ne sont pas les travailleurs frontaliers qui posent problème !

Et imagine le résultat si la "belle démocratie française" reconnaissait le référendum d'initiative populaire sur les questions d'immigration et d'insécurité.
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0 # TS 2014-02-12 11:56 Citer:
Ressens TS, ressens… Je vois que tu connais bien la Suisse.

J'y vais tous les mois planquer mes 400 euros de RSA. ;)

Les Suisses ont encore des frontières aux dernières nouvelles.
N'importe qui n'entre pas dans ce pays.
(quoique. J'imagine qu'il suffit d'une simple carte d'identité pour un ressortissant français pour aller en Suisse. Il ne faudrait pas décourager les candidats potentiels qui veulent planquer leur fric, par des tracasseries administratives )
On fait comment pour distinguer parmi les étrangers les délinquants potentiels?
Si la Suisse met vraiment en place des quotas (ce que je doute) cela ne sera pas sans conséquence pour les travailleurs frontaliers.
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0 # Ed 2014-02-21 13:14 Une carte d'identité ou une carte bancaire suffit. Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # toll 2014-02-17 21:06 http://pouruneunionpolitiquedeleuro.eu/ Répondre | Répondre avec citation |
 

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