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J’ACCUSE ! la République des filles et fils de…

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Si la France est en panne d’idées, c’est aussi – surtout ? – le fait d’une élite sclérosée qui s’oppose à tout renouvellement. Une République de filles et fils de…


Pour relancer l’économie et l’emploi, les politiques au pouvoir depuis des décennies, tantôt UMP/RPR, tantôt socialistes, ne nous proposent rien d’autre que des mesures qui auraient fait recettes ailleurs, chez nos voisins et partenaires. 

Ils ont privatisé des pans entiers d’activités pour renflouer, un temps, les caisses de l’État. Les confiant aux mains du grand Capital qui, depuis, se goinfre sur le dos de ceux qui les financèrent, les contribuables, et les utilisent aujourd’hui, les consommateurs.

Autant de pigeons condamnés à double peine, comme ces automobilistes rançonnés par les sociétés d’autoroutes qui ont raflé la mise de la privatisation.

Ils ont obéi aux injonctions de Bruxelles et de la Commission Européenne en ouvrant à la concurrence des marchés jusqu’alors soumis aux monopoles d’État. Les utilisateurs une fois de plus pigeonnés n’en ont jamais tiré de bénéfices. Ou si peu…

Renonçant à leurs attributions régaliennes, ils auraient pu concentrer les interventions étatiques dans le développement de projets ambitieux, comme le fit en son temps un Charles de Gaulle parfois bien inspiré. Ils y ont renoncé abandonnant au seul secteur privé l’avenir industriel d’un pays aujourd’hui en panne d’inventivité.

Le Capital s’est goinfré de cette manne inespérée, financée et parfois renflouée aux frais des contribuables. Il ne lui restait qu’à presser ce qui était le plus juteux et se débarrasser de ce qui n’était pas rentable, mais qui aurait pu le devenir avec un peu de persévérance et d’ingéniosité.

Le capitalisme «à la française» a la vue courte. Il chaparde tout ce qui est à portée de main sans s’intéresser aux besoins futurs. Il n’a rien anticipé, rien créé depuis des décennies, laissant aux USA, au Japon, à l’Allemagne et aujourd’hui à la Chine, à la Corée et à une multitude d’autres plus entreprenants, le soin d’innover.

Ainsi, bien avant la révolution Internet, des millions de Français étaient connectés par l’intermédiaire de terminaux Minitel. Au début des années 80, l’informatique fit une entrée fracassante dans les foyers de l’Hexagone alors que balbutiait encore la World Wide Web, la Toile mondiale qui nous réunit aujourd'hui.

En moins de 10 ans, nous avons perdu notre avance et en avons pris 20 de retard !

La faute à qui ? Aux consommateurs qui payèrent à prix exorbitant leurs communications Minitel ou à ceux qui se partagèrent le gâteau sans indentifier les formidables innovations technologiques qui se profilaient outre-Atlantique ?   

Les vrais entrepreneurs, ceux qui dopèrent la croissance des Trente Glorieuses, n’ont pas été reconduits à la tête du grand patronat. Ce sont aujourd’hui «les filles et fils de…» qui président les instances dirigeantes, à l’instar d’une Laurence Parisot transparente, d’un Pierre Gattaz sans inspiration à la tête du Medef ou d’un Arnaud Lagardère qui dépèce le groupe érigé par son père. Pour n’évoquer que ces trois-là parmi une foultitude.

Cette élite autoproclamée de «filles et fils de…» n’est pas l’apanage des seuls secteurs industriels et commerciaux. Elle sévit dans des environnements qui naguère contribuèrent au rayonnement de la France : les Arts et la Culture, le cinéma, la musique et la télévision aujourd’hui.

Cette mainmise sur tous les leviers (économiques et politiques) et les contre-pouvoirs (médiatiques et culturels) contribue à l’érosion de l’ingéniosité que nous reconnaissaient nos partenaires et concurrents.   

Aux commandes de l’État et de ses institutions, énarques, hauts fonctionnaires et avocats s'accaparent tous les pouvoirs, reléguant les autodidactes, les «atypiques» et les ingénieux au second rang des élites dirigeantes.

Même le Front National, qui se réclame de l’anti-système, succombe aux sirènes du conformisme. Marine Le Pen, avocate de formation, n’est jamais que la fille de son père qui fut, dans son registre, un précurseur adulé ou détesté, là n’est pas la question.

La France étouffe de cette autarcie qui voudrait que seuls «les filles et fils de…» reprennent le flambeau.

Certes, des têtes nouvelles émergent parfois dans les hautes sphères. Le système sait être magnanime pour donner le sentiment que l’ascenseur social ne reste pas bloqué dans les sous-sols de la République. Mais ces nouveaux venus devront rapidement en accepter les règles et les obligations sous peine de disparaître de l’élite qu’ils ont intégré.

La plupart de celles et ceux qui ont émergé des bas-fonds le doivent à des coups de pouce délibérés. Ici, quelques arabes et noirs pour donner l’illusion de la diversité. Là, un autodidacte débrouillard pour rappeler à tous qu’on peut réussir à force de travail et d’abnégation. Le mirage est savamment entretenu.

Mais pour un qui sort du lot par son seul talent, dix ou vingt (trente ou quarante plutôt) le doivent, pour l’essentiel, à leur filiation.

Tous «les filles ou fils de…» ne sont pas des incompétents et des roublards. Disons que dans un système économique et social fonctionnant sur les rentes de situations et de fortunes, être bien né est gage de réussite plus sûrement que ses aptitudes intellectuelles.

Ainsi va la France, petit pays sclérosé aujourd’hui dépassé par des puissances qui entretiennent l’esprit d’entreprise - le vrai -, l’inventivité - la vraie -, la prise de risque sans le confortable amortisseur d’une fortune familiale.

Sans redistribution des cartes, la partie est faussée…, perdue d’avance.

Jean-Baptiste Daum


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