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Nous sommes donc de plus en plus nombreux à être touchés, à un moment ou un autre de notre parcours professionnel, par des périodes d’inactivité forcées et subies, qui s’allongent à mesure que les offres d’emploi se raréfient.
Chaque année, des dizaines de milliers de chômeurs basculent en fin de droits après avoir épuisé leurs allocations. Les plus «chanceux» se retrouvent à l’ASS, sous réserve d’avoir travaillé 5 ans lors des 10 dernières années. Les moins chanceux, au RSA. Des minima sociaux qui, malgré ce qu’en disent certains (comme Sarkozy), ne sont pas acquis. Leur versement dépend des ressources et/ou des économies du foyer. Ainsi, beaucoup se retrouvent sans rien et doivent accepter la situation humiliante de survivre aux crochets de leur conjoint ou de leur conjointe.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, cette situation de dépendance financière et de troubles liés à l’inactivité exacerbe souvent les conflits familiaux, pouvant conduire à des séparations pénibles et onéreuses.
Ceux qui estiment que les chômeurs profitent d’un système trop généreux (ils sont nombreux dans la population et dans la classe dirigeante, y compris chez les socialistes) oublient que le chômage est une souffrance au quotidien qui se traduit par une perte d’estime de soi et un déclassement social dont on ne sort pas indemne. Quand on en sort…
Comme nous l’avons vu, la pénurie d’offres hypothèque plus encore le retour à la normale. Arrive rapidement le moment où l’employabilité du chômeur est réduite à néant, tant les «trous» dans son CV sont récurrents et longs.
Les forums d’Actuchomage déborde de témoignages de personnes qui ne savent plus comment s'en sortir, en dépit des efforts déployés. Il n’est pas rare que de lourds problèmes psychologiques et médicaux se surajoutent à leur désespérance professionnelle.
Cette galère au quotidien nous ferait presque oublier celle qui se profile à l’horizon. Après des années d’activité en dents de scie, de passages par la casse chômage longue durée et de basculements dans «l’enviable statut» de RSaste, l’âge de la retraite sonne. Les choses vont alors encore se compliquer !
On peut considérer qu’aujourd’hui la plupart des retraités ont connu des parcours professionnels plutôt stables, ouvrant droit à des pensions leur permettant de vivre convenablement, même si le chômage de masse ne date pas d’hier. Les autres se contentent du minimum retraite et de conditions de vie au rabais.
Mais la dégradation constante de l’activité économique depuis une trentaine d’années et ses corollaires, chômage longue durée et basculement au RMI/RSA, nous préparent une génération de retraités pauvres, faute d’avoir assez cotisé et de s'être constitué un petit bas de laine.
Voilà un phénomène massif que l’on oublie trop souvent de mentionner et d’analyser dans les études d’impact : la double peine pour les chômeurs et précaires.
Au parcours professionnel chaotique et anxiogène succèdera une vieillesse misérable pour un nombre incalculable d’entre nous.
Il s’agit ici d’une injustice sociale insupportable !
Un grand nombre de salariés ont connu des carrières exemptes de périodes d’inactivité, leur permettant de partir en retraite dans les meilleures conditions. Ils disposeront par ailleurs, le plus souvent, d’un confortable matelas d’économies et de placements qui leur sera bien utile pour se distraire, pour voyager, pour se prémunir d’un pépin de santé ou donner un coup de main à leurs enfants et petits-enfants…
Il n’est pas dans notre intention de pointer du doigt ces «privilégiés» qui, pour beaucoup, se sont ouverts des droits à la sueur de leur front. Nous constatons simplement que celles et ceux qui ont vécu des parcours professionnels chaotiques, conditionnés par un environnement économique sur lequel ils n’ont pas de prise, se trouveront de nouveau sanctionnés à l’heure de la retraite.
C’est aspect préoccupant est généralement complètement occulté par celles et ceux qui stigmatisent les «pauvres » et les chômeurs longue durée qui se complairaient dans leur statut d’assistés.
Quand on est jeune et au chômage, on arrive généralement à se débrouiller avec les moyens du bord. Mais quand on est vieux et pauvre (donc sujet aux complications médicales et autres inconvénients de la vieillesse), là, ça sent le Sapin ! (jeu de mots douteux, en référence au patronyme de notre ministre des Finances et des Comptes publics) .
Il est donc probable que l’espérance de vie marque le pas, voire se contracte, dans les décennies qui viennent. L’avenir le dira.
Si cela devait se confirmer, ce phénomène serait une conséquence supplémentaire du chômage qui brise prématurément les parcours de vie d’un nombre croissant d’entre nous.
Que messieurs Sarkozy, Macron, Valls et consorts ne l’oublient pas.
Yves Barraud
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Commentaires
Si vous souhaitez dupliquer dans d'autres villes, on peut vous aider. Répondre | Répondre avec citation |
Entraide entre qui et qui ? Comment vous joindre ? Le nom de la structure ou du collectif ?
Enfin, ce genre d'infos "futiles" ;-) Répondre | Répondre avec citation |
Plus inscrits, ou peut-être pire encore si les statistiques ne faisaient pas le maximum pour les occulter, pas inscrits (voire jamais inscrits).
"Ceux qui estiment que les chômeurs profitent d’un système trop généreux (ils sont nombreux dans la population et dans la classe dirigeante, y compris chez les socialistes) oublient que le chômage est une souffrance au quotidien"
Et ils le font généralement d'autant plus volontairement, à tel point que ce n'est plus simplement "de l'oubli".
"Il est donc probable que l’espérance de vie marque le pas, voire se contracte, dans les décennies qui viennent"
Exactement. Pire encore, comme un bouchon auquel viendrait s'ajouter des camions qui prendraient des voitures en étau, on continue de faire beaucoup d'enfants qui n'auront certainement pas de meilleur avenir. Répondre | Répondre avec citation |
"Faute d’avoir assez cotisé et de s'être constitué un petit bas de laine", dites-vous Yves.
A cela j'ajouterai quelque chose qu'on ne dit qu' à mi-mots aux précaires qui assistent aux journées de sensibilisation instituées par les CPAM, CRAM, ACCRO, AGGIRC, IRCANTEC et autres organismes gérant les revenus des vieux pauvres quelque soit le montant des années cotisées, on ne dit pas assez fort donc que ce que l'on appelait l'allocation minimum vieillesse devenue ASV, allocation solidarité vieillesse, et ayant changé encore de nom depuis, sera amputée lors de votre décès en ce qui concerne l'héritage que vous pourriez laisser (patrimoine, économies etc) de la partie excédant 39 mille €; à ce moment là l'Etat se remboursera de ce qu'il vous a versé en dehors de votre retraite cotisée.
Si vous avez peu travaillé et que la retraite qui vous est versée est constituée largement de ce revenu de substitution, il y aura des répercussions pour vos héritiers.
ça s'est passé aux alentours de 2008, et c'est encore l'omerta souvent sur cette disposition, on ne la découvre que lorsqu'on y est confronté.
Cela est tout de même à mettre en parallèle avec l'extraordinaire ponction des systèmes de santé/vieillesse sur le patrimoine des retraités souvent obligés de vendre leur maison, parfois durement acquise après une vie de travail, pour aller vieillir en structure dite "adaptée".
Instaurer un vase communiquant entre les acquis d'une vie de labeur et la gestion de la gériatrie qui coûte en moyenne de 1.500 à 3 voire 4 mille € par personne selon que les maisons de retraite ou foyers logement sont médicalisés, ils en ont rêvé, ils l'ont fait.
Tout dévisse.
Chiche qu'on crée un espace vieux dans actuchomage ?
baartman Répondre | Répondre avec citation |
Malheureusement , ce n'est pas insupportable pour tout le monde. Chacun a sa croix mais elles n'ont pas toutes la même taille et certaines sont en plastique léger et d'autres en bois lourd… Répondre | Répondre avec citation |
+++++++
Les petites retraites vont être augmentées paraît-il ?
Monsieur le Premier ministre, vos largesses ne provoquent guère d’allégresse.
Bon, avec quarante euros en plus pour une retraite inférieure à 1.200 euros, la fortune reste lointaine.
Nonobstant, en ces temps difficiles, pas grand-chose quand on n’a presque rien, c’est toujours ça. Nous ferons au mieux avec fort peu donc.
Ce sera, dit-on sur les ondes nationales, pour 2015. La puissance de calcul des ordinateurs du ministère ne peut aller plus prestement.
Toujours vigilant, je m’informe plus amplement. Après vérifications à diverses sources, j’apprends qu’il s’agit d’une prime exceptionnelle et annuelle.
Mensuellement rapportée, la somme est – approximativeme nt – de 3,53 euros par mois ou encore 11 centimes par jour. Ah bon ?
Qu’est-ce que cet indécent excès qui va creuser dangereusement le déficit de la sécu branche vieillesse ?
Au bas mot, vos largesses, monsieur le Premier ministre concernent 8 millions de retraités. Ça fait du monde ! On imagine la croissance du chiffre d’affaires des supermarchés de proximité.
Qu’il soit dit, je ne suis pas un fervent de la croissance, un adorateur du pouvoir d’achat : le gâteau est déjà fort gros et notablement nocif. C’est le partage qu’il faut reconsidérer. Mais qui tient le couteau ?
En attendant une nouvelle distribution – qui ne tombera pas du ciel – je sais que lamentablement perdurent des seuils de revenus en dessous desquels la vie simplement décente, au jour le jour, devient problématique.
Prenez bonne note Monsieur : Aux franges de la misère, vos exceptionnels 3,53 euros ne résolvent rien. Ils sont ressentis plus offensants que bienveillants.
La dette (2.000 milliards), le déficit, l’inénarrable et persistant «trou de la sécu», les exigences de la compétitivité…, nous connaissons l’antienne doctement déclamée par vos cohortes d’experts, vos régiments d’économistes et méprisables meutes de sycophantes, toujours prompts à dénoncer les profiteurs abusant des allocs, sans compter les intermittents qui font leur spectacle !
Prenons le temps de regarder de plus près et – allez savoir ? – peut-être découvrirons-nous que ce sont ceux-là même qui s’enrichissent des déficits, qui (ah, les artistes à plein temps !) font semblant de s’effrayer de la profondeur des trous !
Les déficits des uns font les excédents des autres. Mais où sont passés les excédents ?
Ceci dit, je ne saurais, monsieur, vous retenir plus longtemps au seuil de vos importantes activités.
Pour être retraité, on n’en conserve pas moins sa dignité.
Vous trouverez ci-joint, monsieur le Premier ministre, un chèque de 40 euros à encaisser en 2015, au moment du versement de la charitable «prime» dont je ne veux être redevable. La charité ne me sied guère !
La justice et l’égalité restent à conquérir.
Veuillez considérer, monsieur le Premier ministre, l’expression de mon désaccord motivé.
Alain Véronèse Répondre | Répondre avec citation |