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Qui menace la démocratie : l'extrême finance ou l'extrême droite ?

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Le responsable d’Actuchomage indique ses intentions de vote au second tour. Une position qui n’engage en rien l’association APNÉE dont les adhérents peuvent exprimer librement des convictions contraires sur le site et ses forums.

alt« Le second tour oppose l’extrême droite à l’extrême finance », résume Jean-Luc Mélenchon dans sa vidéo publiée vendredi 28 avril. Une offre électorale qui ne donne pas envie de se prononcer pour l’une ou l’autre.

Il n’est cependant pas dans mon tempérament de me résigner à l'abstention. Par souci de transparence, je vous expose donc mes convictions après en avoir discuté âprement parfois sur nos forums.

Les études d’opinion sont unanimes : Emmanuel Macron sera élu le 7 mai prochain. Reste à connaître l’écart qui le séparera de sa concurrente. Plus de 60 points comme en 2002 lors du face à face Le Pen/Chirac (18% contre 82%). 20 points tel qu’on l’annonce ces derniers jours (40% contre 60%). Ou moins ?

Une autre inconnue se profile : Le taux d’abstention qui pourrait atteindre des sommets ou se maintenir à un niveau raisonnable par une mobilisation massive contre l’extrême droite.

Si le contexte de la victoire est incertain, elle semble acquise au candidat d’En Marche soutenu par la quasi-totalité des femmes et hommes politiques, des artistes et intellectuels, des journalistes et des médias, des sportifs, des milieux d’affaires et de la finance, des chefs d’états européens…

De José Bové à Angela Merkel, de Nicolas Sarkozy à François Bayrou, de la CFDT au MEDEF, de Zinédine Zidane à Jacques Attali, de LR au PS, de l’UOIF (Musulmans de France) au CRIF (Conseil représentatif des institutions juives), des loges franc-maçonnes aux associations (SOS Racisme, Fondation Abbé Pierre…), personne ou presque ne manque à l’appel. À l’exception de Sens Commun, de Marie-France Garaud, de Christine Boutin et de Nicolas Dupont-Aignan accusé de haute trahison, insulté et menacé (1).

Quant à celles et ceux qui ont l’outrecuidance d’hésiter encore à s’engager pour Emmanuel Macron, ils sont montrés du doigt, dénigrés, sommés de s’expliquer et condamnés avant même d’avoir eu le temps de s’exprimer. Même le psychiatre chroniqueur Gérard Miller, qui s’est pourtant déclaré en faveur de Macron après avoir voté Mélenchon au premier tour, a été harcelé des remontrances de plusieurs journalistes (Patrick Cohen, Anne-Sophie Lapix…), sommé de justifier le mutisme de son candidat. Alexis Corbière, porte-parole de la France Insoumise, a subi le même traitement.

Quand Jean-Luc Mélenchon s’est manifesté après 4 jours de silence, il a dénoncé ce harcèlement insupportable : « Tout le monde est pris à la gorge et prié – séance tenante – de s’aligner sur un choix. D’ailleurs ça tombe bien, il est hautement prévu d’avance ce choix au point qu’il n’y a plus de choix. C’est une violence qui est faite à la plupart d’entre nous. (…)

Il ne faut pas se laisser enfermer dans les injonctions de ceux qui veulent nous tordre le bras pour nous faire dire ceci pour nous faire faire cela. (…)

Je les vois qui se traînent à mes pieds. (…) Ça ne va pas m’empêché de faire ce que j’ai à faire. Je suis une personne libre, pas un pion. (…)

J’irai voter. Est-ce qu’il y a une seule personne qui doute du fait que je ne voterai pas pour le FN ? ».

Certainement pas sur Actuchomage ! La probité de Mélenchon est d’autant moins contestable qu'une autre posture pourrait lui être plus profitable. Je m’explique.  

L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence devrait logiquement s’accompagner d’un raz-de-marée En Marche aux législatives qui pourrait bien reléguer la France Insoumise en quatrième position. La vraie opposition serait alors incarnée par le Front National et/ou Les Républicains.

Nous l’avons évoqué ailleurs : « Glisser un bulletin en faveur d’Emmanuel Macron revient à anesthésier pour longtemps la vraie gauche, comme elle le fut sous le quinquennat Hollande ». Raison pour laquelle certains ici émettent une éventualité qui paraît saugrenue ou provocatrice de prime abord : Et si l’avenir de la Gauche passait par une victoire du Front National ?

Folle perspective ainsi motivée en février dernier : « L’élection de Marine Le Pen serait l’occasion d’une mobilisation sans précédent de toutes les forces de Gauche. Elles y trouveraient les ressources et l'unité qui leur font cruellement défaut. (…) Après les présidentielles se profilent les élections législatives qui devront assurer une majorité à la nouvelle présidente et à son gouvernement. Une Gauche unie, ragaillardie par l’électrochoc Bleu Marine, pourrait bien s’imposer comme principale force d’opposition. Elle pourrait même sortir en tête de ce scrutin.

Et si les différentes consultations devaient confirmer la victoire du FN, la mise en œuvre de son programme par voie référendaire ouvrirait d'autres opportunités de mobilisations et… de victoires.
» Notamment sur le fonctionnement de l’Europe que les Françaises et Français, dont nombre d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon, ont rejeté en 2005 lors du référendum sur la Constitution européenne. Marine Le Pen s’est en effet engagée à ouvrir des discussions avec nos partenaires, puis soumettre à l’approbation du Peuple notre éventuelle sortie de l’Union.

Les prochaines échéances (élections législatives, référendum portant sur la réforme constitutionnelle inscrite au programme du FN, référendum sur notre adhésion à l’Union européenne) constituent autant d’occasions de mobilisations populaires qui ne se présenteront pas sous la présidence Macron, en particulier sur l’Europe, thématique sur laquelle 55% de nos Concitoyennes et Concitoyens ont été dépossédés de leur vote en 2005 par Sarkozy, Hollande, Bayrou, Juppé… tous amis et soutiens du candidat En Marche.

Voilà ce qu'il redoute par dessus tout. Voilà ce qui motive l’acharnement de ses partisans à culpabiliser celles et ceux qui ne se prononcent pas ouvertement en sa faveur, leur détermination à tordre le bras aux récalcitrants, leur tentation à se livrer à une chasse aux sorcières avec la complicité des médias mainstream.

Soyez-en assurés !, si Jean-Luc Mélenchon s’était hissé au second tour face à Emmanuel Macron, il serait sous les tirs croisés de l’oligarchie politique et médiatique qui visent aujourd’hui Marine Le Pen et ses rares soutiens qui ont le courage de se dévoiler. Au point que l’on peut se demander aujourd’hui de quel camp s'exerce l’intimidation fasciste. Je pèse mes mots, estimant que la qualification de la candidate FN résulte de 30 années d’escroqueries et de manipulations médiatiques.

Dans la vidéo postée vendredi, Jean-Luc Mélenchon assure « qu'il n’y a pas de doute sur qui nous sommes. Le doute est créé pour fiche la pagaille dans les législatives. S’en prendre à moi, c’est stupide, ça fait perdre des points à Emmanuel Macron ».

Tu as raison Jean-Luc ! Je ne voterai donc pas pour lui. Et si ça continue, si les intimidations pro-Macron se multiplient (1), l'abstention pourrait faiblir au profit de…

Yves Barraud – Président d’Alternatives Pour une Nouvelle Économie de l’Emploi
Association qui milite en faveur des Droits des Chômeurs & Précaires depuis 2004 et édite le site Actuchomage.org.

(1) Benjamin Biolay, soutien de Macron, à Dupont-Aignan : «Tu vas le payer cher, petite pute». Mathieu Kassovitz et Gilles Lellouche ont également exprimé leur mécontentement sur Twitter, le traitant pour l’un de «trou du cul», pour l’autre de «grosse merde». Source : BFMTV

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Mis à jour ( Dimanche, 30 Avril 2017 12:17 )  

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