Cette chronique du 27 février reste d'actualité au lendemain du premier tour dont sont sortis vainqueurs Emmanuel Macron et Marine Le Pen. En résumé : La victoire du candidat d'En Marche anesthésiera pour 5 ans la Gauche. Raisonnons par l'absurde alors : Si l'avenir du PS et de la France Insoumise passait par le FN ?
Que restera-t-il de la Gauche au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle ?
À en croire les intentions de vote au 27 février : le néant si l’on considère qu’Emmanuel Macron ne peut se prévaloir du label «homme de gauche» qu’il n’est assurément pas.
Les électeurs de Poutou (sous réserve qu’il soit candidat), d’Hamon et de Mélenchon seront alors face à un choix cornélien dans un second tour qui verrait s’opposer Marine Le Pen à François Fillon ou à Emmanuel Macron (la présence de la candidate FN semble quasiment assurée).
Voter pour la première ? Inimaginable ! Pour le second ? Impensable ! Pour le candidat de La France en Marche ? Une trahison !
Glisser un bulletin en faveur d’Emmanuel Macron reviendrait à anesthésier pour longtemps toute forme d’opposition à la suprématie des marchés, aux diktats de la finance et de l’Europe tels qu’ils s’exercent aujourd’hui sous l'égide d'une Allemagne dominatrice.
Emmanuel Macron est incontestablement le candidat du système bien plus que ne le sont François Fillon et Marine Le Pen. Son parcours, ses soutiens affichés et ses financeurs (tapis dans l’ombre) en témoignent.
Comment expliquer qu’un homme sorti de nulle part, dénué d’un appareil politique financé par des fonds publics, peut ainsi mener campagne depuis plus de quatre mois maintenant ? Qui paie ses meetings et leur organisation bien rodée si ce ne sont des cercles d’influence structurés et richement dotés.
En quelques semaines, Emmanuel Macron s’est hissé au niveau de ses adversaires alors qu’il partait de rien. Ses «talents» d’orateur et l’incontestable dynamique qu’il a su impulser à sa campagne ne peuvent expliquer seuls sa fulgurante ascension. Pas plus que l’aspiration au changement et au renouveau qui motive un grand nombre de nos concitoyennes et concitoyens, dit-on. Qui se cache derrière le «phénomène» Macron ?
Des lobbies qui ont tout intérêt à voir la France poursuivre sur la voie suivie depuis des décennies, celle de l’abandon de sa souveraineté, de l’ouverture de ses frontières, de la mise en concurrence de ses travailleurs, de son alignement sur l’Allemagne de Merkel qui dicte ses conditions commerciales et financières.
Nous pouvons aujourd’hui mesurer les dégâts de cette politique acceptée et assumée par Nicolas Sarkozy, François Hollande, François Bayrou… et demain Emmanuel Macron.
La vraie Gauche n’aura rien à gagner non plus de l’élection de François Fillon qui fut Premier ministre de 2007 à 2012. Il a inscrit son action dans le creuset européiste et atlantiste qui n’a fait qu’affaiblir la voix de la France en Europe et à l’international. François Fillon poursuivra donc le travail mené pendant 5 ans à quelques nuances près, notamment le rapprochement qu’il envisage avec la Russie de Vladimir Poutine. Revirement que le système lui fait aujourd'hui payer très cher.
Plus que les répercussions désastreuses de l’affaire Pénélope, ce sont bien les positions de Fillon sur la scène internationale qui dissuadent à le soutenir les tenants du pouvoir économique et financier. Ils l’ont lâché pour se porter sur Emmanuel Macron plus sensible à leurs exigences, confirmant si besoin que ce dernier est bien le candidat du système.
Reste Marine Le Pen honnie par cette Gauche militante, dont les factions les plus radicales s’opposent à la tenue des meetings, comme dernièrement à Nantes. Actions très contestables et assurément contreproductives dans l’opinion. Il semble donc inconcevable aujourd’hui que les électeurs orphelins d’un prétendant PS ou France Insoumise au second tour se portent sur la candidate FN. Et pourtant !
Son élection serait l’occasion d’une mobilisation sans précédent de toutes les forces de Gauche. Elles y trouveraient les ressources et l'unité qui leur font cruellement défaut. L’élection de Marine Le Pen – dont les grandes orientations devraient être soumises à référendums – présenterait alors une extraordinaire opportunité de recomposition… à Gauche.
L’arrivée au pouvoir du FN ne se traduirait pas dans l’immédiat par un basculement irréversible et désastreux comme nous le promettent les médias mainstream. Loin s’en faut ! C’est oublier qu’après les présidentielles se profilent les élections législatives qui devront assurer une majorité à la nouvelle présidente et à son gouvernement. Une Gauche unie, ragaillardie par l’électrochoc Bleu Marine, pourrait bien s’imposer comme principale force d’opposition. Elle pourrait même sortir en tête de ce scrutin.
Et si les différentes consultations devaient confirmer la victoire du FN, la mise en œuvre de son programme par la voie référendaire ouvrirait des opportunités de mobilisations et… de victoires.
La Gauche ne retrouvera son second souffle que dans un affrontement avec un pouvoir fort. Fillon et Macron, soumis aux instances européennes, ne l’incarneront jamais. L’élection de l’un ou de l’autre, plus encore celle du candidat d'En Marche, enterrerait pour longtemps les espoirs de celles et ceux qui aspirent à un vrai changement de société.
Ce raisonnement (par l’absurde diront certains) ne convaincra qu’une frange marginale du Peuple de Gauche. Un rejet tout à fait compréhensible de prime abord. Mais le 7 mai 2017, nombre d’électeurs n’auront pas seulement à se prononcer sur l’élection de tel ou tel candidat mais plus encore sur l’avenir de leur famille politique.
Upside Down
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