Le constat est simple : le chômage des "accidentés de la vie" est deux à trois fois supérieur à la moyenne. C'est le rappel éloquent des organisateurs de la "Semaine pour l'emploi des personnes handicapées" qui a débuté lundi 14 novembre.
Les associations veulent convaincre les entreprises de franchir le pas à l'heure d'une nouvelle loi. "Près de 279.800 demandeurs d'emploi handicapés sont inscrits à l'ANPE fin décembre 2004", a indiqué l'Agence nationale pour l'emploi, ce qui donne un taux d'environ 31% pour une population totale de quelque 900.000 handicapés actifs. C'est-à-dire que "fin 2004, sept demandeurs d'emploi sur 100 handicapés", précise l'ANPE. La directrice de l'Agefiph (aide à l'insertion professionnelle des handicapés), Claudie Buisson, a nuancé quelques-peu ces chiffres : " Quand on utilise la même manière de compter pour les handicapés que pour les valides, on arrive à 20%" de chômage, contre 9.9% pour la population générale.
Loi de 1987
"Un quart des demandeurs d'emplois handicapés recherche un emploi dans les services aux personnes et collectivités" comme le gardiennage ou l'entretien, commente l'ANPE. Et d'ajouter : "Les demandeurs d'emploi handicapés sont plus souvent que les autres des hommes, plus âgés (plus de 40 ans). Ils ont un faible niveau de formation et une moindre qualification".
Ainsi, pendant cette semaine, l'Agefiph et l'Adapt (adaptation des postes de travail) vont s'adresser aux entreprises de plus de 20 salariés (25.000, soit 26% du total, selon l'Agefiph) qui ne comptent aucun travailleur handicapé dans leur effectif, en dépit de leurs obligations depuis une loi de 1987. "On se fixe comme objectif de les amener à faire une action dans les trois ans qui viennent", a souligné Claudie Buisson.
Bilan et pespectives
Cette semaine est également l'occasion pour l'Agefiph et l'Adapt d'expliquer les dispositions de la nouvelle loi handicap. Cette loi, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2006, prévoit d'augmenter la contribution financière des entreprises dont l'effectif compte moins de 6% de salariés handicapés. L'heure sera aussi au bilan d'un engagement gouvernemental : il y a un an, l'ex-secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées, Marie-Anne Montchamp, s'engageait à réduire de 20% le chômage des personnes handicapées. Mais le pessimisme domine dans les associations face à cette promesse. "Cette année, on ne baissera pas significativement le chômage des personnes handicapées", rétorque Claudie Buisson. Car pour cela, "il faut un taux de croissance de 3%". Or la France ne devrait connaître une croissance que de 1,5% à 2% en 2005. A cela s'ajoute la question des pathologies nouvelles. "Chaque année, il y a 8% de personnes supplémentaires qui sont reconnues handicapées.
Des actions ponctuelles vont donc être menées, et notamment des "job-datings" (rencontre de quelques minutes avec un recruteur potentiel) à Paris, Caen, Lyon et Troyes. En 2004, Adapt se targue d'avoir proposé des job-datings à 93 jeunes diplômés en 2004. "Six mois plus tard, 40% sont en CDI, 13,75% en CDD, 2,5% en contrat-aidé, et 8,75% ont repris des études", selon l'Adapt. Par ailleurs, cinq grandes entreprises dont la Poste vont mettre en avant "dix bonnes raisons d'embaucher un salarié handicapé" pour lutter contre les préjugés.
(Source : Le Nouvel Obs)
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