Selon le projet de loi annoncé lundi par Franz Müntefering, vice-chancelier allemand et ministre SPD du Travail et des Affaires sociales, les Allemands de moins de vingt-cinq ans qui n’ont ni travail, ni contrat d’apprentissage ne recevront plus d’allocation logement de la part de l’État pour les aider à payer leur loyer. En clair : les jeunes bénéficiaires de l’allocation de chômage longue durée (Arbeitslosengeld II) ne pourront plus prétendre à leur propre appartement et devront retourner au foyer familial. Seuls les «cas sociaux sérieux», toxicomanes et jeunes victimes de violences dans leur famille, verront leur droit au libre choix du domicile préservé.
L’État entend ainsi transférer les charges du soutien aux jeunes chômeurs sur les familles, pénalisant parents et enfants. Cela en toute conformité avec la philosophie de la réforme du marché du travail (Harz IV) qui a, on le sait, réduit les prestations aux chômeurs de longue durée, ramenant leurs indemnités au niveau de l’aide sociale, cette même réforme les contraignant aussi à déménager dans un logement plus conforme à leurs nouveaux revenus, donc plus petit, s’ils entendent continuer à percevoir l’allocation logement.
«Cette mesure oblige les parents à entretenir leurs progénitures jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans», fait remarquer Katja Kipping, vice-présidente du Linkspartei-PDS, qui souligne cette volonté du gouvernement de faire cofinancer la charge du chômage des jeunes par les parents. Sachant qu’en Allemagne, pour les nouvelles embauches, la protection contre les licenciements ne débute qu’après une période d’essai de vingt-quatre mois - selon un singulier parallèle avec le fameux CPE français -, une précarisation encore plus massive des jeunes est à l’ordre du jour. «C’est d’une part le reniement de la majorité à dix-huit ans et du droit au libre choix du domicile, et de l’autre la prolongation du devoir d’entretien pour les parents. Rien de bien conforme avec le Code civil», ajoute la députée.
Pour Frank Jäger, membre d’un groupe de travail sur les aides sociales, les durcissements annoncés ne sont pas non plus conformes au droit civique en vigueur : «Prenez l’exemple d’une personne qui élève seule son enfant. Le partenaire hors mariage de cette personne n’a pas à subvenir aux besoins du jeune en question. Alors pourquoi partager le même toit ?»
On le voit, le gouvernement de grande coalition prolonge, en les aggravant, les mesures antisociales décidées par son prédécesseur. Pour faire bonne mesure, outre la suppression de l’allocation logement, les jeunes de moins de vingt-cinq ans ont vu leur indemnité de chômage de longue durée réduite à... 276 euros (contre 341 auparavant).
(Source : L'Humanité)
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