Simple hasard de calendrier. C'est à compter du 1er mai, jour où les particuliers peuvent vendre des brins de muguet sans formalités ni taxes, que la France ouvre partiellement son marché du travail aux ressortissants de huit pays d'Europe de l'Est. Estoniens, Lettons, Lituaniens, Polonais, Tchèques, Slovaques, Hongrois et Slovènes, les plombiers de l'Est pourront venir travailler dans l'Hexagone. Mais à une condition : que la France ait besoin d'eux. Tel est le scénario intermédiaire pour lequel la France a opté à l'égard des travailleurs de l'Est, leur donnant accès à 61 métiers couvrant sept secteurs économiques qui connaissent des difficultés de recrutement.
Travail illégal. Dominique de Villepin avait annoncé que la France procéderait à «une levée progressive et maîtrisée des restrictions à la libre circulation» des travailleurs d'Europe de l'Est. Et que cela concernerait «en priorité certains métiers connaissant des tensions de recrutement». Alors que, jusqu'à présent, les salariés de l'Est n'avaient pas accès au marché du travail français, ils pourront y entrer, à condition qu'ils décrochent un emploi dans des métiers répartis dans sept secteurs (BTP, hôtellerie et restauration, agriculture, mécanique, commerce, vente et propreté). Les 61 métiers «ouverts» représentaient, selon le ministère délégué à l'Emploi, «près de 700.000 offres d'emploi en 2005, dont un tiers ne pouvait pas être pourvu, faute de demande». C'est justement ce «tiers manquant» que la France ouvre aux travailleurs de l'Est.
Cette demi-ouverture ressemble au nouveau projet de loi sur l'immigration de Sarkozy, qui prévoit de faciliter l'accueil et l'embauche de salariés étrangers dans les métiers où l'on observe des difficultés de recrutement. Les travailleurs de l'Est seront, eux aussi, passés à la moulinette de l'«immigration choisie». Selon le ministère, «cette ouverture maîtrisée» du travail «devrait contribuer à réduire le travail dissimulé dans ces métiers, qui reste une pratique fréquente, liée précisément pour partie à ces difficultés de recrutement».
Déception. C'est d'ailleurs ce lien travail illégal-secteur en déficit de main-d'oeuvre qui explique pourquoi la plupart des syndicats ont été favorables à la suppression des restrictions. Vendredi, ils affichaient leur déception. «Il ne devrait y avoir qu'un seul type de citoyen européen», explique la CFDT. Pour FO, le déficit de main-d'oeuvre s'explique par la faiblesse des salaires : «Le gouvernement tente d'utiliser l'immigration de l'Est pour favoriser le dumping social.» Le gouvernement explique son refus d'ouvrir purement et simplement les barrières par le taux de chômage trop élevé et les taux d'emploi des jeunes et des personnes âgées trop bas. Sans parler de la sensibilité supposée d'une partie de l'opinion publique qui a voté non au projet de Constitution européenne.
(Source : Libération)
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