Alors qu'on estime de 3,5 à 4% le "taux incompressible" d'absentéisme au travail, en France il atteint 7% (contre 3,7% en Grande-Bretagne ou 4,2% en Allemagne). Notre absentéisme salarié a fortement augmenté depuis 1997, mais semble se stabiliser depuis deux ans. L'ANACT a observé des disparités régionales (6,3% en région parisienne, mais 15% en Corse et Bouches-du-Rhône) et des disparités entre public et privé (5,8% dans le privé, mais 11% dans la fonction publique d'Etat et 13,4% dans la fonction publique territoriale).
L'une de ses causes, explique Pascal Gallois - auteur de "Absentéisme, comprendre et agir" - est démographique, le vieillissement de la population entraînant des congés maladie plus fréquents. A l'opposé, dit-il, "les jeunes acceptent plus difficilement contraintes et horaires".
De plus en plus souvent, les entreprises ont recours à des contrôles des arrêts maladie par des sociétés privées. Pourtant les abus sont quasi nuls : "Les contre-visites médicales confirment 93% des arrêts", souligne-t-il. "Il faut éviter de stigmatiser les absents, sinon c'est la chasse aux sorcières", souligne Thierry Rousseau, chargé de mission à l'ANACT, "et l'on risque d'encourager les discriminations à l'embauche, notamment des femmes". "L'organisation du travail a changé profondément depuis vingt ans, en raison de la mondialisation, des restructurations", explique-t-il. "On diminue les effectifs, on joue sur les horaires, les entreprises ont peu de marge de manoeuvre et tout ce qui peut gripper le système, comme les absences, devient intolérable". De leur côté, les salariés supportent plus difficilement ces nouvelles conditions de travail, qui entraînent une augmentation du stress et des maladies professionnelles, comme les troubles musculo squelettiques. D'autres éléments interviennent, comme "l'engagement" du salarié et sa "motivation" au travail, qui dépendent des possibilités de carrière et de la reconnaissance des efforts consentis.
L'ANACT préconise d'établir un diagnostic précis des absences : "Dans les entreprises, les poches d'absentéisme sont localisées, vouloir prendre le marteau-pilon pour traiter le problème n'est pas efficace", souligne Pascal Gallois. La prévention est à privilégier par l'information auprès des salariés et l'amélioration des conditions de travail et du climat social de l'entreprise. "Il faut chercher à comprendre pourquoi, par exemple, les éboueurs de la ville de Paris ont eu des arrêts de travail de 8 à 10% plus nombreux sur les trois dernières années ?", interroge Thierry Rousseau qui cite en exemple l'Hôpital de Blois : après avoir lancé un travail de réflexion sur les horaires et les charges de travail, l'absentéisme a diminué.
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