«Je crois que sur la place de Toulouse, mon CV, peu de sociétés ne l'ont pas reçu. En juin 2005, trois ans après la signature de mon PARE, toujours sans emploi, j'ai cessé d'être indemnisée par l'Unedic. Tout en restant inscrite sur les listes de l'ANPE.
Pendant trois ans, j'ai pourtant fait tout ce que l'ANPE m'a dit de faire : les rendez-vous pour refaire mon CV, tous les six mois. Le stage de trois semaines pour apprendre à chercher un emploi. La consultante était charmante, on a "ciblé" mes recherches, comme ils disent et à chaque fois, on s'est fait bouler. La fille a fait ce qu'elle a pu avec moi, mais je ne suis pas la seule à rechercher un emploi d'assistante commerciale ! On a baissé les bras.
Un jour, une conseillère ANPE m'a dit : "Mais pourquoi vous ne deviendriez pas comptable ?" Sans doute avaient-ils à l'époque un créneau dans la compta qu'ils voulaient me refourguer... Après, il y a eu cette formation à l'Internet. J'ai déjà l'Internet chez moi, je sais m'en servir. Puis on m'a dit : "Créez votre entreprise !" Je me suis renseignée à droite à gauche, j'ai vu que c'était tout de même risqué quand on n'y connaissait rien.
Il y a aussi eu ce jour où ils m'ont envoyé à un entretien chez un architecte. Le type me dit : "Vous êtes beaucoup trop qualifiée. J'ai demandé une standardiste, et l'ANPE m'envoie votre CV d'assistante commerciale."
On m'a dit : "Retrouver un emploi, c'est avant tout du réseau." Tous mes amis se baladent depuis avec mon CV dans leur sac. Dès qu'ils entendent parler d'un poste, ils le donnent. En trois ans, j'ai eu une dizaine d'entretiens. Les gens de 50 ans aujourd'hui, on est foutu. Parfois, les entreprises me le disent franchement : je suis trop âgée. Pour vivre, j'ai dû faire de la manutention dans l'entreprise de ma fille, mais c'est trop physique, à mon âge. J'ai fait la plonge aussi.
En mars, l'ANPE me donne un rendez-vous. Je pensais voir la personne qui s'occupe de mon dossier, pas du tout : "Madame, ça se passe dans la petite salle." Une dizaine de personnes était réunie. Une jeune femme arrive avec son paper board. Elle avait 25 ans, le même prénom que ma fille. Elle nous dit : "Bonjour, nous allons apprendre à faire un CV." Et là, j'ai dit non. "Je ne peux pas. Votre mascarade, je n'en peux plus." Je me suis levée et je suis partie. La jeune fille me disait : "Mais vous ne pouvez pas partir, vous avec un entretien individuel en fin de séance !"
En avril, j'ai reçu une lettre du directeur de l'agence, qui "m'invitait" à lui faire parvenir par écrit des explications à mon absence. Il les "étudierait avec attention". Je lui ai répondu : "Ayant suivi jusqu'ici tous les parcours dans le cadre de la recherche d'emploi, force est de constater que vos services n'apportent en aucune façon une solution à ma situation. L'ANPE est frappée d'arthrose administrative." Mes arguments "n'ont pas été de nature à modifier l'appréciation initiale", m'a expliqué, quelques jours plus tard, une lettre polycopiée. Radiée pour deux mois. Je ne me suis jamais réinscrite.»
(Source : Libération)
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