Entre les difficultés que rencontrent de nombreux jeunes lors de leur entrée dans la vie active, la multiplication des délocalisations et des fermetures d’usines, l’explosion des dépenses pour le revenu minimum d’insertion (RMI) ou encore les affrontements récurrents dans les banlieues, on aurait facilement l’impression que tout va mal en France. Pourtant, dès qu’on se promène dans la plupart des centres-ville, on ne peut être qu’être frappé par l’étalage de richesses auquel on est confronté. Les restaurants haut de gamme ne désemplissent guère, les magasins de vêtements de luxe se multiplient, des 4X4 plus rutilants les uns que les autres manquent de vous écraser à chaque passage piéton… Et quand on passe devant une agence immobilière, on est immanquablement pris de vertige en consultant les offres. Pourtant ces appartements et ces villas à 1, 2 ou 3 millions d’euros trouvent actuellement preneur. Même sans avoir entendu parler des aventures d’Antoine Zacharias à la tête de l’entreprise de BTP Vinci, de ses primes, de sa retraite et de sa centaine de millions d’euros de stock-options, on se doute que cela ne va pas si mal que cela pour un nombre non négligeable de Français.
La hausse des cours de Bourse et celle des prix de l’immobilier ont en effet entraîné ces dernières années un enrichissement fantastique de ceux qui détiennent du patrimoine. Et du coup, un creusement tout aussi spectaculaire des inégalités, car les patrimoines sont répartis de manière beaucoup plus inégale encore que les revenus. C’est pour une bonne part cet enrichissement des plus riches qui explique la bonne tenue de la consommation des ménages. Ces privilégiés ont en effet cessé d’épargner autant qu’auparavant et ils se sont endettés davantage. Un mouvement soutenu également par les nombreuses mesures fiscales prises en leur faveur depuis 2002.
Pas sûr cependant que cette euphorie résiste à la remontée des taux d’intérêt qui a commencé. Celle-ci menace en effet de faire plonger le prix des actifs financiers et immobiliers détenus par les plus riches.
Guillaume Duval pour Alternatives Économiques
Dans le même dossier du N°249, juillet-août 2006 :
• La mécanique de la croissance inégalitaire
Surfant sur la hausse de la valeur de leur patrimoine, les classes aisées s’endettent et consomment encore plus. Un choix qui tire la croissance... et les inégalités.
• Pourquoi les inégalités s’aggravent (beaucoup) plus qu’on ne le dit
La comptabilité nationale ignore la hausse de la valeur des actifs détenus par les ménages. Ce qui minore l’enrichissement des plus aisés.
• Des riches aux petits oignons
Une cascade d’allègements fiscaux a largement profité aux catégories les plus aisées.
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