Pour François-Charles Cuisigniez, président de l’ISNAR-IMG (le Syndicat des internes de médecine générale), "On n'est pas loin des effets d'annonce" :
Vous avez déclaré être "sceptique" au sujet de la décision du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, de faire intervenir les étudiants en médecine pour aider les personnels hospitaliers. Cet appel traduit-il, selon vous, un affolement des pouvoirs publics face à la canicule ?
Ces propos prouvent en tous cas la volonté du ministre de montrer qu'il essaie de régler les problèmes. Malheureusement, on n'est pas loin des effets d'annonce. Faut-il rappeler que le point de chaleur culminant est prévu pour mercredi, et que la réunion du ministère a lieu cet après-midi ? Ca prouve une capacité d'anticipation impressionnante…
Les étudiants en médecine sont des externes, ils n'ont aucune autonomie médicale, ni même juridique. Ce qui signifie que tout ce qu'ils font doit être automatiquement vérifié par un médecin titulaire. Du coup, les engager, sur la base du volontariat, dans des services d'urgences ne permettra aucun gain de temps réel. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi Xavier Bertrand n'a pas fait appel aux internes de médecine générale, qui sont des médecins, certes encore en formation, mais qui bénéficient d'une certaine autonomie. Beaucoup d'entre eux effectuent en effet des remplacements de médecins généralistes, ils sont des médecins à part entière.
Le ministre prévoit de faire appel aux étudiants dans les permanences téléphoniques du SAMU. Quelles compétences spécifiques requiert cette activité ?
Cette décision me paraît non seulement inutile, mais même dangereuse. Les permanenciers, qui sont les premières personnes qui répondent aux centre téléphoniques du 15, ont été formés afin de savoir reconnaître, en quelques phrases, le niveau de gravité d'une situation et d'orienter, le cas échéant, les personnes qui appellent vers un médecin régulateur. Les étudiants en médecine n'ont aucune compétence là-dessus, et je suis persuadé que cela risque à la fois de faire passer un certain nombre de coups de fils à travers les mailles du filet, mais aussi d'augmenter de façon significative le travail des médecins régulateurs.
Quelles solutions préconisez-vous pour lutter contre la canicule ?
Plutôt que de mettre la santé du pays aux mains des étudiants, pourquoi ne pas avoir fait appel aux internes ? Nous sommes environ 5.000, et une grande partie d'entre nous, actuellement en stage, pourraient se libérer au moins une semaine de nos services, quand ils ne sont pas fondamentaux, tels que les services de rééducation par exemple, afin d'être réinjectés dans les services d'urgence.
On pourrait imaginer la création d'un pôle de médecine générale dans les urgences hospitalières, afin de pallier les départs des médecins qui ferment leurs cabinets pendant leurs vacances, faute d'avoir trouvé des remplaçants, ce qui est de plus en plus fréquent, particulièrement dans les grandes villes. On pourrait, au-delà, créer des unités mobiles, un peu comme SOS-Médecins, qui travailleraient sous la responsabilité des centres 15. Ce que je constate, c'est que chaque jour des gens meurent, directement ou indirectement à cause de la canicule, et que ce n'est pas forcément la chaleur qui les tue mais le manque de soins. Ce qu'il faudrait, c'est réfléchir à des solutions efficaces, reproductibles, voire pérennes, parce que ces situations se reproduiront, c'est une quasi-certitude.
(Source : Le Nouvel Obs)
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