Trop pressé d’en «finir avec la spirale du chômage», Dominique de Villepin. Le 2 août 2005, le premier ministre prend six ordonnances dans le cadre de son «plan d’urgence pour l’emploi». Dont le contrat nouvelle embauche (CNE). Dès le lendemain, sa création est annoncée au Journal officiel. Le CNE est applicable dès le 4 août 2005. Comme la plupart des mauvaises nouvelles en provenance du gouvernement, c’est au coeur de l’été que le CNE a été annoncé. Depuis, il n’a cessé de faire la démonstration de son iniquité.
Le contrat «à durée indéterminée», en vigueur dans les entreprises de moins de vingt salariés, instaure une période d’essai de deux ans au cours de laquelle l’employeur peut licencier à tout moment son employé sans motiver son geste. Cette précarité décidée par ordonnance, certains membres du gouvernement, Nicolas Sarkozy en tête, aimeraient la voir généralisée aux entreprises de plus de vingt salariés. Les partenaires sociaux, au contraire, ont jugé le danger dès sa mise en application. Et la loi se range parfois du côté des travailleurs précaires. Depuis un an, les preuves s’accumulent contre cette mesure de «progrès» : plusieurs tribunaux prud’homaux ont condamné des patrons à requalifier des CNE en CDI, jugeant la motivation indispensable au licenciement.
Un coup porté au moral du gouvernement ? Certainement pas. Le premier ministre s’entête, avançant les chiffres d’embauche du CNE. Lundi encore, lors de sa conférence de presse mensuelle décentralisée à Mantes-la-Jolie, il s’est glorifié de ce que «plus de 550.000 contrats ont déjà été signés». 550.000 emplois supplémentaires ? Pour confirmer ses chiffres, le gouvernement s’appuyait jusqu’à récemment sur les résultats partiels, puisque révélés trop tôt, d’une étude qu’il a lui-même commandée (à la Direction de l’animation et de la recherche, des études et des statistiques, liée au ministère de l’Emploi et à l’URSSAF). Le gouvernement tirait des conclusions d’une enquête préliminaire sur les déclarations d’intention d’embauche, réalisée auprès des seuls chefs d’entreprise... Or l’étude en question, complétée, démontrait en juin que seulement 10% des CNE correspondaient à des créations d’emplois, les patrons détournant des contrats plus protecteurs pour leurs salariés (CDI, CDD), comme le gouvernement les y autorise.
Envolées, les 550.000 créations d’emplois. De plus, le gouvernement trafique les chiffres : il comptabilise les contrats signés depuis août 2005, mais ne retranche pas les 100.000 ruptures de contrats (comptage réalisé fin mars 2006). Une proportion «nettement supérieure», selon la DARES et l’URSSAF, à celle des CDI sur la même période. Si ce rythme se maintient, combien de salariés embauchés fêteront leur passage en CDI en août 2007 ?
(Source : L'Humanité)
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