(...) Tous les mois, c'est le même petit jeu. Depuis qu'à son arrivée à Matignon il a fait de l'emploi sa priorité, Dominique de Villepin entend commenter lui-même les chiffres du chômage, en décrue régulière depuis la mi-2005. Depuis le vote de sa loi dite «de cohésion sociale» qui a, selon lui, révolutionné le marché du travail, Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi, refuse de se voir voler la vedette. Jusqu'à l'échec du CPE, Borloo a dû faire avec. Avec l'imperium d'un Villepin à qui tout réussissait. L'état de disgrâce où se trouve aujourd'hui plongé le Premier ministre a tout changé...
Borloo, le ministre qui nargue Villepin. Alors que Sarkozy défie régulièrement le Premier ministre à sa façon, tout en force, Borloo travaille dans l'espièglerie. C'est fin juin qu'il a réussi sa meilleure farce. La baisse du chômage s'annonçait «historique», c'est-à-dire un peu plus forte que d'habitude. Pas question de laisser le prédateur de Matignon s'en emparer. Alors le ministère de l'Emploi a carrément transmis aux conseillers de Villepin des chiffres bidon… Le temps que Matignon prenne conscience de la manipe, Borloo avait déjà fait le tour des médias...
Fin juillet, le Premier ministre ne s'est pas laissé prendre. Une première estimation parue dans la presse économique a mis la puce à l'oreille de son équipe : Borloo préparait une nouvelle entourloupe. En déplacement à Garges-lès-Gonesse, Villepin a donc devancé les questions des journalistes pour donner publiquement une estimation plus précise. L'AFP a repris le chiffre. Au ministère de l'Emploi, Borloo s'en est étranglé d'indignation. Avant de glisser à quelques journalistes que le Premier ministre avait sans doute voulu rendre hommage à son travail...
On pourrait sourire de cette guéguerre entre des excellences qui revendiquent la paternité de la baisse du chômage. «Le gouvernement ne serait pas à la hauteur des missions qui sont les siennes si nous nous laissions gagner par des petits jeux consistant à tirer la couverture à soi», a assuré le Premier ministre, interrogé sur son mano a mano avec Borloo lors de sa dernière conférence de presse. Comme l'on dit dans les cours de récré - il était vraiment temps que le gouvernement parte en vacances -, c'est celui qui l'dit qui l'est...
(Source : Le Nouvel Obs)
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