Après avoir avalé Tefal, Calor, Rowenta, All-Clad aux États-Unis, Lagostina en Italie, Panex au Brésil, voilà qu’en deux semaines, SEB rachète coup sur coup une entreprise américaine, Mirro Wearever, et un groupe chinois, Supor. Cette acquisition nous est présentée comme le moyen de conquérir de nouveaux marchés. Mais il s’agit surtout pour les actionnaires d’accumuler du capital pour augmenter toujours plus leurs dividendes. La preuve ! Le cours des actions de SEB à la Bourse a augmenté d’un coup de 3%. Déjà, ces dernières années, les actionnaires de ce mastodonte ont augmenté les rémunérations de leurs actions de plus de 25%, et leur PDG vient d’annoncer qu’il veut augmenter encore de 1% à 2% ses bénéfices.
Ce groupe fructifie grâce à la mise en oeuvre d’un plan social chaque année. Alors que les salaires ne représentent en moyenne que 10% de la valeur des produits fabriqués, SEB veut pressurer encore le coût du travail. Voilà pourquoi il n’a que faire des salariés qui ont contribué à la prospérité de l’entreprise. Il les jette au chômage, sacrifie des territoires pour aller demain surexploiter des ouvriers chinois, et réexpédier ses productions en Europe. Mieux, SEB s’est développé toutes ces dernières années grâce aux exonérations de cotisations sociales octroyées par l’État aux entreprises sur les bas salaires. En même temps qu’il rachète à l’étranger, SEB annonce la fermeture d’au moins trois usines françaises - au Syndicat dans les Vosges, à Fresnay dans la Sarthe, à Dampierre dans le Jura. L’emploi à l’usine de Vernon, dans l’Eure, diminuerait également. Voilà la scandaleuse mécanique capitaliste à l’oeuvre.
Comment, dans ces conditions, la droite au pouvoir ose-t-elle se targuer d’un regain de croissance et de créations d’emplois ? SEB doit des comptes. Restera-t-il demain une filière française et européenne de l’électroménager ? La responsabilité politique, sociale et territoriale du pouvoir et de l’entreprise est engagée.
En ce sens, un moratoire doit être décidé d’urgence sur les fermetures d’entreprises françaises et les réductions d’emplois envisagées. Les recherches sur les nouveaux besoins domestiques que pourrait satisfaire ce secteur doivent être rendues publiques. C’est le cas en particulier concernant les investissements nécessaires pour des systèmes de climatisation, de traitement de l’eau ou des déchets ménagers. Le moment n’est-il pas venu d’instaurer une taxe sociale sur les réimportations effectuées par des groupes comme SEB ? Une telle ressource permettrait d’alimenter un fonds d’amélioration des conditions sociales des travailleurs dans les pays où les activités sont délocalisées.
Le système prédateur des fusions et acquisitions par les plus grands groupes devrait être remplacé par des mécanismes de coopérations entre États, régions, entreprises, banques à l’échelle mondiale. (...) SEB est une nouvelle preuve de l’incompatibilité de la jungle capitaliste avec l’intérêt général.
(Source : L'Humanité)
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