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Accueil La revue de presse INTERNET, DERNIER BASTION DE LA CONTESTATION ?

INTERNET, DERNIER BASTION DE LA CONTESTATION ?

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Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une mise au pas généralisée des médias. Celle-ci a commencé par l’emprise toujours plus prégnante de la publicité sur le contenu des articles. Puis, les empires industriels eux-mêmes ont racheté les groupes de presse. Enfin, c’est l’État qui, avec la complicité de la «police politique» et de la Justice, cherche à porter le coup de grâce aux derniers bastions de la dissidence et de la contestation.

L’étau se resserre. Fut un temps pas si lointain où presque toutes les grandes sensibilités politiques étaient représentées dans les médias (surtout dans la presse écrite). Heureux temps où les quotidiens nationaux se vendaient à des centaines de milliers d’exemplaires et où les seules ressources tirées de ces ventes suffisaient à assurer leur indépendance.
Mais ces organes de presse ont ouvert de plus en plus largement leurs colonnes à la publicité. D’abord discrète, elle s’est petit à petit immiscée dans le contenu des articles, grignotant chaque jour la liberté de ton et d’analyse de leurs auteurs. Et puis, un jour, un Rédacteur en chef a dit : «Non, ça, on ne peut pas le passer. Cette entreprise (ou ce dirigeant) investit plusieurs dizaines de milliers d’euros en pages de pub chez nous. Si on écrit ça, on perd le budget».

Le Grand Capital a mis la main sur les médias

Depuis une dizaine d’années, on est passé à la vitesse supérieure. Le dirigeant (ou l’entreprise) évoqué plus haut a décidé de racheter les groupes de presse qui contrôlent les publications. François Pinault, Serge Dassault, Édouard de Rothschild (sans compter tous ceux qui n’apparaissent pas directement), on ne compte plus les grands capitaines de l’armement, du luxe, de la banque… qui détiennent les quotidiens nationaux et les News magazines (comme «L’Express», «Le Point»…).
Dans ce contexte de mainmise du Grand Capital sur les organes de presse à forts tirages, le journalisme indépendant éprouve la plus grande difficulté à se faire entendre. Dès qu’une investigation se fait trop présente et risque de compromettre les intérêts d’un membre de l’establishment politique, économique et médiatique, l’auteur du délit est prié de la mettre en veilleuse s’il veut continuer à «exercer» son métier. Ainsi en arrive-t-on à un contenu éditorial et à des analyses de plus en plus aseptisés, dictés par les grands donneurs d’ordre ; un phénomène qui est amplifié par les quotidiens gratuits qui se contentent souvent de relayer des dépêches AFP édulcorées de tout engagement («20 minutes», «Métro», et quelques autres que se préparent à lancer des empires comme le groupe industriel Bolloré, déjà patron de Direct8, une chaîne de la TNT).

Internet, le dernier espace de résistance ?

Ne reste plus alors qu’Internet, ce «merveilleux» espace de liberté, dans lequel se réfugient les expressions dissidentes muselées ailleurs.
Le référendum de mai 2005 restera une référence dans l’histoire du web-activisme. Alors que les grands médias vantaient à l’unisson le OUI, et que François Hollande et Nicolas Sarkozy paradaient à la Une de «Paris-Match» en faveur du Traité de Constitution européenne, le NON se mobilisait sur la toile. C’est en effet sur Internet que la vague du refus se mit à gonfler, enfler, avant de déferler comme un tsunami, acculant l’UMP, l’UDF, une partie du PS et des Verts, contre le mur de la défaite. Le résultat fut sans appel !

Mais ce ras de marée mit la puce à l’oreille d’un establishment qui croyait alors détenir un pouvoir absolu d’orientation de l’opinion publique. Avec le soutien sans faille des grandes chaînes de télévision et de radio (y compris celles du secteur public), des principaux quotidiens nationaux (à l’exception de «L’Humanité») et des grands News magazines, le OUI avait gagné d’avance.
Seulement les Français ont écrit différemment la partition de cette belle mélodie. Quelques journalistes de France Télévision (et parmi ceux-ci des copains de Rénovation-démocratique) lancèrent, via le Web, une pétition contre le matraquage médiatique en faveur du OUI qui, en quelques jours, recueillit plusieurs dizaines de milliers de signatures. Ce fut l’amorce d’une incroyable fronde qui se solda par le résultat qu’on connaît. Le NON se construisit sur les sites des mouvements alternatifs et dissidents avant de prendre racine dans la réalité des réunions d’information, des meetings et des manifestations.

Quand David terrasse Goliath

L’establishment politique, économique et médiatique a bien senti le vent du boulet siffler à ses oreilles. Aujourd'hui, il est hors de question pour lui de voir ses puissants «outils de propagande», acquis à coups de centaines de millions d’euros, se faire voler la vedette par des «petits sites» Internet montés avec les moyens du bord (des sites qui, pour certains, réunissent des audiences considérables, comme celle de Bellaciao.org qui dépasse les 20 millions de visites depuis sa création en 2002). Hors de question aussi pour l'establishment de voir les débats des élections de 2007 se jouer sur Internet et déserter les studios des chaînes de radio et de télévision, et les colonnes de la presse écrite. La déconfiture de 2005 a servi de leçon. Maintenant, ça suffit !

Les emmerdeurs de la Toile dans le collimateur

Alors que faire ? Surveiller ces emmerdeurs et, au moindre écart de conduite, les sanctionner ! Ainsi Bellaciao, comme Actuchomage, est sous la menace de sanctions judiciaires pour des affaires «anecdotiques» au regard de ce que s’autorisent les «décideurs» de l’establishment politique et économique. La traque aux «délits» est ouverte. Et elle est facile à mener car, finalement, les sites de la mouvance dissidente ne sont pas très nombreux.

Prenez un thème comme le chômage et la précarité professionnelle, un exemple que nous connaissons bien ici. À l’unisson, les grands médias relaient sans prendre le moindre recul le satisfecit que s’accorde tous les mois (comme par miracle) le gouvernement. Ça commence généralement avec «Le Parisien» qui livre en exclusivité les derniers chiffres de l’INSEE, suivi invariablement par «Le Figaro» triomphant, TF1 complaisant, France2 confirmant…
Le chômage baisse, soit, admettons ! Pour autant, tous les grands médias doivent-ils adopter la même grille de lecture des fanfaronnades gouvernementales ? N’apprend-t-on pas dans les écoles de journalisme à croiser les sources, à recueillir les avis contraires ? Visiblement cette méthode de travail n’est plus enseignée !

Qui a dit : «La France compte 12% de chômeurs» ?

Nous ne contestons pas la baisse statistique du chômage, nous la pondérons en la replaçant dans un contexte plus conforme aux réalités. Quel grand média a relayé les propos tenus par Jean-Pierre Revoil, Directeur général de l’UNEDIC, qui affirmait il y a quelques mois : «La France compte 12% de chômeurs» (si l’on tient compte des 400.000 DRE, ces chômeuses et chômeurs «Seniors» dispensés de recherche d’emploi en raison de leur âge, et donc non comptabilisés dans les statistiques officielles) ? Qui a relayé cette information capitale ? Sur les thèmes du chômage et de l’emploi, les grands médias sont devenus la voix de leurs maîtres : Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin.
Et où trouve-t-on des analyses divergentes ? Sur Internet bien sûr ! Et, où plus précisément ? Sur la liste de diffusion d’AC! (Agir ensemble contre le chômage), sur quelques blogs animés par des collectifs de chômeurs et précaires, et bien sûr, sur Actuchomage, le seul site d’information exclusivement consacré aux sujets de l’emploi et du chômage.

L’armada judiciaire appelée en renfort

Donc, les voix dissidentes sont, pour les autorités, facilement identifiables, «fixables» (comme on dit dans le jargon policier). Et si ces voix se font un peu trop insistantes, au moindre écart, l’armada judiciaire se charge de les remettre dans le «droit chemin».
Les faucheurs volontaires d’OGM (organismes génétiquement modifiés) ont connu ces mésaventures. Aujourd’hui, la Justice a trouvé la parade pour les contraindre à réfléchir à deux fois avant d’engager une action : la sanction financière dissuasive. Ainsi a-t-on vu Noël Mamère et Gilles Lemaire condamnés, en début d’année, à 200.000 euros de dommages et intérêts ; de quoi calmer les ardeurs des militants les plus convaincus !

Greenpeace tire son épingle du jeu

Dans ce contexte d’étouffement médiatique et financier de la mouvance contestataire, Greenpeace a su gagner une bataille, celle qui l’opposait au ministère de la Défense sur le fameux dossier «Clemenceau». Mais Greenpeace tire sa force de frappe (et son autonomie) de son réseau international. Si le champ d’action de l’organisation écologiste était réduit au seul territoire français, elle n’aurait pu mener sa croisade victorieuse. Et Greenpeace en sait quelque chose, elle qui s’est vue récemment interdire l’accès au port de Marseille pour y mener sa campagne de sensibilisation sur l’épuisement des stocks de thons rouges. Et puis, surtout, rappelons-nous de 1985, année où le Rainbow Warrior fut coulé dans le port d’Auckland par des agents de la DGSE. Tout un symbole !

Nous sommes dans la ligne de mire

En résumé. Les actions de la mouvance contestataire à laquelle nous appartenons se heurtent à une forte inertie, qu’il s’agisse de celle des «décideurs» des médias et de l’économie sur les thèmes de l’emploi, du chômage et des inégalités, ou de celle de la classe politique, sur celui de la Rénovation démocratique. Nous pensons que nous sommes dans la ligne de mire de certains qui aimeraient nous réduire au silence en cette période pré-électorale (les répercussions de la lamentable affaire «Radiateur» en est une illustration). Nous sommes petits, sans moyens financiers, mais nos analyses dérangent car elles trouvent de plus en plus d’écho sur la toile, en étant relayées par des dizaines de réseaux amis. Nos sites comptent au nombre des derniers bastions de la dissidence et de la contestation, ils sont donc potentiellement en danger.

(Source : www.renovation-democratique.org)
Mis à jour ( Lundi, 28 Août 2006 21:59 )  

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