Mardi, des élus écologistes ont passé la nuit dans un campement de tentes volontaire installé le long du canal Saint-Martin, haut lieu "bobo" de Paris, pour sensibiliser à la détresse des SDF.
Le soir même, dans les Ardennes, département socialement sinistré, le probable candidat de l'UMP à l'Elysée Nicolas Sarkozy a qualifié "d'obligation humaine" le "droit à l'hébergement". Et, comme le candidat Jospin en 2002, il a fait une promesse spectaculaire : "Je veux, si je suis élu, que d'ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid". Le week-end dernier, la candidate du PS Ségolène Royal s'est engagée à créer un "revenu de solidarité active" qui améliorerait la situation des travailleurs pauvres : une part non négligeable des SDF.
Cette avalanche de prises de positions survient alors que le 21 décembre, cela fera un an exactement que l'association Médecins du monde (MDM) lançait son opération très controversée de distribution de plusieurs centaines de tentes de camping aux SDF de Paris : une initiative qui a rendu visible comme jamais la grande précarité dans la capitale. Alors aussi que, ces derniers jours, plusieurs de ces campements ont été évacués par les forces de l'ordre "sans qu'une option durable de relogement n'ait été proposée à leurs occupants", s'indigne l'association. Et alors que la polémique se poursuit. Mardi encore, le Premier ministre Villepin s'est frontalement opposé à MDM, qui a annoncé la poursuite de son opération, en soutenant (contrairement à l'association) que des places libres subsistaient dans les structures d'hébergement et que, dans ces conditions, les distributions de tentes ne se justifiaient pas.
"Des slogans creux"
"Qu'on arrête la polémique autour de ces tentes et qu'on s'intéresse enfin à ceux qui sont dedans !", s'est énervée mardi l'association pour qui les SDF sont "en danger de mort". "La situation se tend à Paris mais aussi en province", ont témoigné les équipes de MDM. Qui se plaignent notamment que le démantèlement forcé des campements rend difficile voire impossible tout accompagnement social et sanitaire des "campeurs".
Sur le plan politique, la polémique n'est pas moins vive. Les associations trouvent que les efforts engagés par le gouvernement en matière de lutte contre la grande pauvreté "manquent de lisibilité sur le terrain". Elles peinent aussi à croire aux grandes promesses. Mardi, Martin Hirsh, le président d'Emmaüs, a raillé Nicolas Sarkozy : "Quand on entend ressortir le slogan de Jospin, on se dit qu'on n'a pas encore compris le problème. Hier on rasait gratis et, demain, on va héberger gratis. On n'y arrivera jamais si on ne s'attaque pas au fait qu'il y a, dans la rue, 30% de travailleurs pauvres. Tant qu'on n'aura pas agi en amont, on restera dans les slogans creux."
L'opposition est à l'unisson. "Le bilan du gouvernement en matière de grande pauvreté est l'un des plus mauvais de l'histoire de la Ve République", a fustigé le PS pour qui Nicolas Sarkozy est surtout le ministre de l'Intérieur qui commande aux préfectures d'évacuer les campements de SDF et le maire de Neuilly qui, dans sa propre ville, enfreint les quotas légaux de construction de logements sociaux.
L'opinion, d'ailleurs, n'est pas seulement inquiète mais également dubitative sur la question du logement. Selon un sondage réalisé en septembre, 73% des Français jugent inefficace l'action du gouvernement en la matière.
(Source : La Libre Belgique)
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