Un an de salaire par année d'ancienneté, soit plusieurs millions d'euros au bout de six ans dans le fauteuil de Pdg... Mais combien va toucher exactement Laurence Danon à son départ du Printemps ? Elle reconnaît 2 millions au titre d'une "indemnité de départ" ; mais une "prime personnelle" de 4 millions d'euros supplémentaires aurait été négociée. Désignée par le groupe PPR pour préparer la cession de l'entreprise à un tandem formé de la Deutsche Bank et d'un groupe d'investisseurs italiens mené par l'homme d'affaires Maurizio Borletti, elle avait mis en place dès son arrivée en 2001 un plan de rénovation des grands magasins. Son départ volontaire, annoncé à la mi-janvier, est devenu effectif mercredi.
Le syndicat UNSA, qui a "salué les actions de l'équipe de Mme Danon qui ont en quelques mois rajeuni l'image du Printemps", a ajouté "être critique sur le volet social aboutissant à des grilles de salaires dont les premiers échelons se situent au dessous du Smic". Des critiques qui pourraient grandir avec la révélation par Le Monde des indemnités de l'ex-Pdg du Printemps, qui est par ailleurs une proche de la présidente du MEDEF Laurence Parisot. Interrogé par le quotidien, Maurizio Borletti semble le premier à s'étonner : "Il s'agit d'un départ volontaire, il n'était donc pas question qu'il soit assorti de conditions particulières. Nous n'avons pas conclu de transaction avec Mme Danon". Chez PPR, en revanche, silence radio.
Malaise chez les patrons. Interrogé jeudi matin par Europe 1, Nicolas Sarkozy, sans se prononcer spécifiquement sur le cas Danon, s'est dit "pour un capitalisme qui a une éthique. Quand on exerce des responsabilités, c'est normal qu'on soit bien payé ; mais je n'accepte pas un certain nombre d'arrangements dont je trouve qu'ils ne sont pas mérités. Il ne peut pas y avoir de rémunération sans contrepartie, d'un gros travail ou d'un gros risque".
Ces indemnités risquent de relancer le débat sur les "golden parachutes", régulièrement dénoncés, surtout si des efforts salariaux sont parallèlement demandés aux employés des groupes concernés. Les patrons eux-mêmes s'inquiètent du déficit d'image qui en résulte pour leur fonction et de la méfiance autour de leur rémunération. Et ce d'autant plus que la loi Breton votée en 2005 n'a pas réussi à rendre plus transparentes les rémunérations supplémentaires des grands patrons, qui vont de la retraite-chapeau aux indemnités de départ en passant par les stock-options. Fait symptomatique de ce malaise, les dirigeants de grandes entreprises tendent à réduire la croissance de leurs salaires : ceux des patrons du CAC40 sont restés plutôt stables entre 2004 et 2005, passant de 2,24 millions d'euros par an à 2,27 millions d'euros.
Cas emblématique, Antoine Zacharias, Pdg de Vinci, avait été contraint à la démission après la dénonciation de ses rémunérations exorbitantes par son propre directeur général Xavier Huillard. Il avait notamment reçu une prime de 12,9 millions d'euros, trois fois le montant de sa rémunération brute de 2005 de 4,29 millions, lorsqu'il avait quitté sa fonction de directeur général. Sa mise sur la touche avait alors été saluée par la présidente du Medef elle-même : Laurence Parisot, évoquant une affaire qui lui "soulevait le coeur", avait jugé la décision du conseil d'administration "formidable" et martelé : "La rémunération des dirigeants doit se faire en bonne gestion, il ne doit pas y avoir d'excès". Elle a refusé de se prononcer jeudi sur le cas Danon, mais a estimé que la rémunération des grands patrons devait être "en lien avec la création de richesse".
(Source : TF1/LCI)
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