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Fillon met la pression. Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, François Fillon leur a intimé de conclure d'ici à la fin de l'année pour une mise en œuvre dès le 1er janvier 2008 : "Si tel n'est pas le cas, le gouvernement prendra ses responsabilités sans faillir. Car nul ne doit s'y tromper : la nécessité de la concertation et de la négociation ne peut se substituer à l'obligation d'agir (autrement dit : de passer en force et légiférer - ndlr). [...] Le contrat unique de travail, la réforme du mode d'indemnisation du chômage, la fusion de l'ANPE et de l'Unedic, le revenu de solidarité active doivent réconcilier l'efficacité économique et la solidarité sociale", a-t-il dit. Qui peut y croire alors que ce gouvernement est ouvertement favorable au Medef, ne soutient pas les Smicards, stigmatise les chômeurs, et engage des mesures qui ne profiteront qu'aux plus aisés ?
L'enjeu est énorme. Les positions des uns et des autres étant très éloignées, les syndicats estiment le chantier "considérable" et n'ont pas apprécié qu'on leur impose "le rythme et le résultat final de la négociation". Le patronat, toujours plus désireux de réduire ses coûts et de flexibiliser sa main d'œuvre sans contrepartie, ne manquera pas de défendre ses vues.
La bataille sera rude... Les syndicats de salariés seront-ils à la hauteur ou vont-ils toujours plus s'aplatir ? Les salariés et les chômeurs sauront-ils enfin réagir et organiser une riposte digne de ce nom dans un contexte d'apathie et de sous-information générales ?
L'indemnisation du chômage doit être "remise à plat". Alors qu'une assurance chômage forte est le meilleur garant d'un marché du travail performant, alliant ainsi flexibilité et sécurité, nous risquons à nouveau d'assister à son amoindrissement. Au cours des négociations, les premiers à en payer le prix seront les plus fragiles et les moins représentés (chômeurs âgés et/ou de longue durée, précaires…) : bien qu'elle officialisera 418.000 chômeurs jusqu'à présent invisibles, la dispense de recherche d'emploi (DRE) devrait être supprimée, et des bruits de couloir stipulent que l'allocation de solidarité spécifique (ASS) est au cœur du grand marchandage qui se prépare.
La vigilance s'impose donc dans les mois à venir. Affaire à suivre de très près...
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Actuellement, moins d'un demandeur d'emploi sur deux est indemnisé. L'indemnisation chômage est réservée aux salariés ayant assez cotisé. Les salariés ayant épuisé leurs droits, ayant démissionné ou les personnes étant sorties du système scolaire n'y ont pas droit.
"La CFDT souhaite que pendant toutes les périodes de transition, le jeune qui quitte l'école, le salarié en rupture de contrat, les seniors… bénéficient d'un accompagnement par l'ANPE, d'une formation et d'une indemnisation", propose M. Chérèque, alors que des négociations sur ce sujet entre le patronat et les autres syndicats démarrent mercredi.
Plusieurs constats guident la CFDT : le "turnover énorme" enregistré chaque année dans le privé avec "cinq millions de salariés quittant leur emploi tous les ans", et aussi le fait que "deux tiers des salariés, contre 50% il y a dix ans, sont licenciés dans le cadre d'une procédure individuelle. Cela signifie qu'ils n'ont pas droit à l'accompagnement accordé lors d'un plan social. Cela doit changer", souligne M. Chérèque qui propose également "une augmentation importante des moyens du service public de l'emploi" en soulignant que c'est "du ressort de l'Etat".
"On cite toujours le Danemark de la flexsécurité. Là-bas, les chômeurs touchent plus de 90% de leur ancien salaire. Autre grande différence, il y a un agent pour 40 demandeurs d'emploi, contre 1 pour 120 en France [à l'ANPE]. Le gouvernement ne peut pas tenir le discours sur la flexsécurité et la sécurisation des parcours professionnels et ne pas regarder ce problème-là", insiste M. Chérèque.
Interrogé sur le principe de "séparabilité amiable" en cas de licenciement que réclame le MDEF, il répond qu'il serait "difficile" pour la CFDT "d'accepter un système qui prive les salariés du droit de recours devant les tribunaux. On peut réfléchir aux 'ruptures négociées' mais dans le cadre d'un droit collectif", ajoute-t-il. Répondre | Répondre avec citation |