Ce matin, les organisations syndicales et patronales se sont réunies au siège parisien du Medef et ont fixé au 7 septembre le début des travaux sur les réformes demandées par le Premier ministre dans le cadre de la "modernisation du marché de l'emploi" : redéfinition des contrats de travail, réforme de l'indemnisation du chômage et sécurisation des parcours professionnels. Les partenaires sociaux mèneront leurs négociations au rythme d'une séance par semaine avec quatre grands chapitres qui seront abordés les uns après les autres : l'entrée dans l'emploi, l'évolution à l'intérieur de l'entreprise, la sortie, et enfin le retour à l'emploi.
Fillon met la pression. Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, François Fillon leur a intimé de conclure d'ici à la fin de l'année pour une mise en œuvre dès le 1er janvier 2008 : "Si tel n'est pas le cas, le gouvernement prendra ses responsabilités sans faillir. Car nul ne doit s'y tromper : la nécessité de la concertation et de la négociation ne peut se substituer à l'obligation d'agir (autrement dit : de passer en force et légiférer - ndlr). [...] Le contrat unique de travail, la réforme du mode d'indemnisation du chômage, la fusion de l'ANPE et de l'Unedic, le revenu de solidarité active doivent réconcilier l'efficacité économique et la solidarité sociale", a-t-il dit. Qui peut y croire alors que ce gouvernement est ouvertement favorable au Medef, ne soutient pas les Smicards, stigmatise les chômeurs, et engage des mesures qui ne profiteront qu'aux plus aisés ?
L'enjeu est énorme. Les positions des uns et des autres étant très éloignées, les syndicats estiment le chantier "considérable" et n'ont pas apprécié qu'on leur impose "le rythme et le résultat final de la négociation". Le patronat, toujours plus désireux de réduire ses coûts et de flexibiliser sa main d'œuvre sans contrepartie, ne manquera pas de défendre ses vues.
La bataille sera rude... Les syndicats de salariés seront-ils à la hauteur ou vont-ils toujours plus s'aplatir ? Les salariés et les chômeurs sauront-ils enfin réagir et organiser une riposte digne de ce nom dans un contexte d'apathie et de sous-information générales ?
L'indemnisation du chômage doit être "remise à plat". Alors qu'une assurance chômage forte est le meilleur garant d'un marché du travail performant, alliant ainsi flexibilité et sécurité, nous risquons à nouveau d'assister à son amoindrissement. Au cours des négociations, les premiers à en payer le prix seront les plus fragiles et les moins représentés (chômeurs âgés et/ou de longue durée, précaires…) : bien qu'elle officialisera 418.000 chômeurs jusqu'à présent invisibles, la dispense de recherche d'emploi (DRE) devrait être supprimée, et des bruits de couloir stipulent que l'allocation de solidarité spécifique (ASS) est au cœur du grand marchandage qui se prépare.
La vigilance s'impose donc dans les mois à venir. Affaire à suivre de très près...
Articles les plus récents :
- 09/07/2007 16:56 - Loyers : + 3,23%
- 07/07/2007 19:45 - L'Etat doit 9 milliards à la Sécu !!!
- 06/07/2007 17:44 - Un bouclier fiscal à 39% ?
- 06/07/2007 15:01 - Supprimer la préretraite et la DRE pour relancer l'emploi des seniors ?
- 05/07/2007 14:10 - Emploi des seniors : Fillon fait mine de menacer les employeurs
Articles les plus anciens :
- 04/07/2007 15:25 - L’action EDF a pris plus de 150% !
- 03/07/2007 13:52 - Pour Eurostat, notre chômage est à 8,7% et non 8,1%
- 30/06/2007 14:16 - L'affaire Guy Roux, une hypocrisie gouvernementale
- 29/06/2007 19:02 - Hausse des prix : encore des promesses ?
- 29/06/2007 17:15 - Education nationale : 10.000 postes supprimés en 2008