"C'est en nous donnant des objectifs chiffrés et des obligations de résultat que nous nous mobiliserons suffisamment pour réduire réellement la pauvreté", écrit-il à son Haut commissaire aux solidarités actives. Il rappelle au passage - la larme à l'œil ? - que "7 millions de personnes vivent en France sous le seuil de pauvreté, dont 2 millions d'enfants" : eh oui, 12% de la population française se débrouille avec moins de 817 € par mois (60% du revenu médian 2005)... "C'est pourquoi nous pensons que l'objectif de réduire d'au moins un tiers en cinq ans la pauvreté dans notre pays doit être l'objectif du gouvernement". Pour ce faire, il demande à l'ancien président d'Emmaüs France "d'impliquer, aux côtés de l'Etat, les acteurs concernés (partenaires sociaux, collectivités territoriales et associations) dans la formulation et le suivi de cet objectif et de tout faire pour l'atteindre", et de proposer "les indicateurs nécessaires".
Déclaration étonnante pour quelqu'un qui envisage de redonner du pouvoir d'achat… exclusivement aux plus riches, revalorise le Smic "sans coup de pouce" de 2,1 misérables pourcents, creuse le déficit public et s'apprête à nous augmenter la TVA sous l'étiquette "sociale".
A (re)lire en passant : • Qui est riche ? Qui est pauvre ?
• La pauvreté est plus difficile à vivre lorqu'on a un emploi
• Les inégalités sociales au plus haut niveau depuis 25 ans !
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Dans un entretien au Parisien d'aujourd'hui, Martin Hirsch évoque la lettre de mission que lui a adressée le président Nicolas Sarkozy lui fixant l'objectif de réduire la pauvreté en France "d'au moins un tiers en cinq ans".
"Cette réduction est nécessaire et elle est possible", dit-il, "mais elle ne pourra se réaliser qu'avec tous les acteurs. Nous allons réunir le Medef, les syndicats, les associations, les régions, les départements pour travailler à cet objectif et partager les voies pour l'atteindre".
"Certains pays, comme la Grande-Bretagne, se sont fixés ce type d'objectifs et les ont atteints, cela n'avait jamais encore été affirmé en France", rappelle-t-il.
M. Hirsch précise que l'expérimentation sur 25 départements d'un Revenu de Solidarité active (RSA), destinée à permettre aux Rmistes de reprendre un emploi sans perdre d'argent, concernera 90.000 personnes et coûtera 1.000 à 2.000 € par personne. Devant les députés le 4 juillet, il avait chiffré à 25 millions d'euros en 2008 le coût pour l'Etat de la mise en place du RSA. "L'Etat prévoit de verser un forfait de l'ordre de la moitié de ce coût par allocataire du RMI qui entre dans le RSA, le reste étant à la charge du conseil général", indique-t-il au Parisien.
Interrogé mercredi matin sur RTL sur la dette "de 1 milliard d'euros que l'Etat devrait aux départements pour financer le RMI", M. Hirsch n'a pas confirmé ce chiffre mais reconnu qu’"il y a une polémique entre les départements et l'Etat pour savoir ce qui s'est passé depuis le transfert du RMI aux départements. On ne fera bien entendu pas cette réforme sans avoir tiré cela au clair, c'est-à-dire sans avoir demandé à des personnalités indépendantes de regarder qui doit de l'argent, et quel montant, à qui, pour que ça se fasse sur des bases nouvelles et saines", a-t-il assuré. "On ne va pas créer une commission nouvelle, on va utiliser les gens qui sont reconnus pour le faire", a conclu M. Hirsch. Répondre | Répondre avec citation |
Vu hier soir au JT de la nuit sur France 3, répondant aux questions de Marie Drucker : alors qu'elle lui demandait s'il ne vivait pas comme une injustice le fait que ce gouvernement consacre 13 milliards d'euros en dispositifs divers essentiellement aux plus aisés ou aux mieux insérés alors que le budget de son RSA est n'évalué qu'à seulement 25 millions d'euros, il a répondu que non, ça ne le choque pas, car son RSA est en phase d'expérimentation et qu'il faut y aller progressivement …
Façon détournée de ne pas critiquer l'objectif sarkozyen de redistribuer l'argent public aux plus riches sans contrepartie, et forcer tous les autres à "travailler plus pour gagner plus". Répondre | Répondre avec citation |
D'un côté, l'ancien président d'Emmaüs France présente des orientations qui ne peuvent qu'être approuvées. Même si M. Hirsch fait un peu figure de Sisyphe moderne face à un système qui sécrète de la pauvreté, notamment avec le développement du travail précaire et du temps partiel contraint. Pour la première fois, le haut-commissaire s'attaque de front à un problème identifié depuis bien longtemps : le fait qu'un RMiste qui retrouve un travail modeste peut perdre de l'argent en n'ayant plus accès à certaines prestations.
Ce sérieux et cette bonne volonté contrastent avec l'étonnante légèreté, sur un tel sujet, de la ministre des finances Christine Lagarde, qui n'a pas hésité à lancer devant les députés le 10 juillet : "Cessons d'opposer les riches et les pauvres." Surtout quand, au même moment, une étude d'un chercheur de la nouvelle Ecole d'économie de Paris, appuyée sur les données fiscales, indique que les hauts revenus ont explosé en France entre 1998 et 2005, du fait de la forte augmentation des revenus du patrimoine et du creusement considérable des inégalités salariales.
Au-delà, on peut se demander si M. Hirsch n'est pas en train de devenir, comme certains le redoutaient ou le soupçonnaient dès le début, une sorte d'alibi social du gouvernement. Autrement dit, l'arbre de la lutte contre la pauvreté masquerait la forêt d'une politique destinée en fait aux catégories sociales les plus favorisées qui constituent l'électorat traditionnel de la droite. Et ce, contrairement à ce qu'avait soutenu pendant la campagne M. Sarkozy, non sans succès auprès des Français les plus modestes. D'une part, sur un "paquet fiscal" dont le coût annuel est évalué entre 11 et 13 milliards d'euros, l'expérimentation par M. Hirsch du RSA ne représente qu'une goutte d'eau (25 millions pour 2008) face aux allégements d'impôts (réforme de l'ISF, des successions, bouclier fiscal…), qui profiteront aux plus favorisés. D'autre part, le débat parlementaire démontre que, pour les plus modestes des salariés, l'application concrète du slogan "travailler plus pour gagner plus" reviendra à rendre imposables ceux qui ne l'étaient pas.
Outre son dynamisme et son énergie, l'une des forces de M. Sarkozy est un syncrétisme idéologique qui lui fait choisir "ce qui marche", sans s'embarrasser de savoir si les idées ou les hommes sont catalogués de droite ou de gauche. Le début du parcours parlementaire de son gouvernement montre les limites de cette synthèse.
(Source : Le Monde) Répondre | Répondre avec citation |