La pratique des vacances d’été par les Français et l’idée qu’ils s’en font ont-elles évolué ?
Non. La toile de fond depuis les années 1960 n’a pas tellement changé. En gros, c’est je pars en famille et/ou avec des copains, et plutôt près de la mer. L’été, c’est l’amitié au soleil. Les gens partent en tribu. Et pour 67% d’entre eux, ils vont dans la famille ou chez des amis, hors hébergement marchand. Le modèle dominant reste celui-là. Les clubs, les campings, l’hôtel, ce n’est jamais que 25% des gens qui partent.
Les Français partent-ils longtemps et vont-ils loin ?
En moyenne, les gens partent 10-12 jours en été. La France est l’un des pays où l’on part le plus. On part, grosso modo, pendant la moitié de ses congés payés. Cela s’explique par le fait que la France est considérée comme un pays touristique. On va moins à l’étranger que les Allemands ou les Néerlandais. Plus la mer est près de chez soi, moins on va loin. En Bretagne, ceux qui habitent le nord sont nombreux à aller dans le sud de la région.
Les RTT ont-elles changé la donne ?
Pas beaucoup. Elles ont conforté les multi-départs. Mais cela ne concerne qu’un tiers de la société, essentiellement les couches supérieures. Dans les milieux populaires, la réduction du temps de travail a surtout permis l’accès à de vrais week-ends. Avant, le samedi, c’était pour le ménage, le bricolage ou les courses. Maintenant, il est devenu le jour des copains.
Combien de Français ne partent pas en vacances ? Qui sont-ils ?
En gros, 30% des Français part une fois, 30% part au moins deux fois, et un dernier tiers ne part jamais. Ceux-là sont surtout des personnes seules et notamment les femmes seules avec enfants. Une enquête récente, faite à Toulouse, a montré que 70% des enfants qui ne sont jamais partis vivent seuls avec leur maman. Et que 50% des enfants qui habitent en HLM ne partent pas.
Quelles sont les conséquences pour les jeunes qui ne partent pas ?
Dans une société où la norme sociale est de partir, ne pas partir est une profonde exclusion. Le gamin qui ne part pas va s’enfermer dans son quartier et il aura, plus tard, plus de mal à trouver du travail. Les vacances, c’est la mobilité. C’est là que l’on apprend la mobilité.
Pourquoi tant de gens ne partent pas ?
Il n’y a pas de politique nouvelle du départ en vacances. On a réussi à faire partir les salariés intégrés, petits fonctionnaires, salariés des grands entreprises. Mais il reste beaucoup de gens sur le bord de la route : les femmes seules, les précaires, les immigrés... Il y a vraiment une exclusion que l’on ne sait pas gérer, car toutes les politiques, depuis le début des années 1960, sont faites pour les salariés intégrés.
(Source : Le Télégramme)
NDLR : Selon l'INSEE, en 2004, 21 millions de personnes ne sont pas parties en vacances dont 8 millions pour des raisons financières. Pour le Secours populaire, 40% des Français ne partent pas en vacances, dont un enfant sur trois. Parmi ceux qui n'ont pas de projet de vacances d’été, on trouve les foyers ouvriers (43%), les personnes peu diplômées (43%) et les foyers ayant un niveau de revenus entre 800 et 1.500 € (45%).
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