Aider les pêcheurs sans que les mesures se retournent contre le consommateur : c’est là toute la complexité de la mise en place de l’écotaxe voulue par le gouvernement. Les députés ont voté jeudi un amendement dans le cadre de la loi de finances rectificative qui prévoit l’application d’une taxe de 2,6% sur la vente des poissons au port. Cette taxe, qui doit rapporter environ 80 millions d’euros à l’État, doit permettre de financer un plan pour la pêche durable alors que les pêcheurs sont confrontés à la hausse brutale du gasoil.
En fixant la taxe sur le prix en amont (au port) et non plus sur le prix en aval (dans les poissonneries), le gouvernement a voulu éviter que la hausse de 2,6% du prix du poisson revienne entièrement à la charge des consommateurs. Car, à quelques semaines de Noël, dans un contexte de hausse généralisée des produits alimentaires et de baisse du pouvoir d’achat, annoncer une hausse du prix du poisson n’aurait pas été du meilleur effet politique.
Pour autant, le poisson va quand même augmenter. «On ne pourra pas éviter la hausse du prix, mais celle-ci devrait être en partie absorbée par les intermédiaires et diluée dans les autres coûts fixes que sont les transports, la transformation», précise Philippe Paquette, économiste à l’Office national interprofessionnel des produits de la mer (Ofimer). Cet organisme évalue à environ 1 à 2% l’augmentation finale pour le consommateur. «Des calculs qui demandent à être encore affinés», précise-t-il.
Le poisson ainsi que les fruits et légumes sont déjà des produits jugés trop chers par les Français. Une récente étude du Credoc relève que 25% des Français n’achètent jamais de poisson frais en raison de son prix. «Chaque augmentation du prix du poisson se traduit immédiatement par une baisse de la consommation dans les mêmes proportions», indique Philippe Paquette. Et chaque année, 1% de foyers supplémentaires délaissent les poissonneries. Cette hausse de 1 à 2% du prix du poisson devrait néanmoins être assez peu perceptible par les consommateurs.
(...) Cet amendement voté par l’Assemblée nationale la semaine dernière doit passer, cette semaine, devant le Sénat. Les pêcheurs espèrent pouvoir modifier la teneur du texte. Ils préfèrent que le poisson soit taxé sur les étals que dans les criées. Ils craignent en effet que le poisson leur soit acheté mois cher par «les mareyeurs, restaurateurs et industriels qui ne voudront pas rogner sur leurs marges», précise Hubert Carré, le directeur général du Comité national des pêches. «Les poissonneries pourraient mentionner sur leurs étiquettes la part d’écotaxe pour prévenir le consommateur», suggère-t-il.
En attendant, les pêcheurs redoutent que cette mesure, qui était censée les aider, ne se retourne au final contre eux.
(Source : Le Figaro)
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