On le sait : depuis les années 80, dans les quinze pays les plus riches de l’OCDE, la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises a chuté de 67% à 57% en moyenne, soit 10 points de PIB. Ainsi, en France, quelque 160 milliards d’euros issus du travail ont été siphonnés au profit d’un capitalisme «financiarisé» qui spécule contre lui, plus obsédé par son coût que par sa «valeur». Complices, nos gouvernements successifs — de «gauche» comme de droite — se sont massivement investis dans le leurre du libéralisme économique globalisé. Tous ont œuvré à la baisse des salaires par le biais du chômage de masse et la précarisation de l’emploi.
On le sait : la crise financière que nous connaissons aujourd’hui est avant tout une crise du surendettement dont les racines se trouvent dans la modération salariale pratiquée depuis un quart de siècle dans nos pays dits «développés». Là où le salaire ne suffit plus pour vivre, le crédit se développe et, avec lui, ses dangereux effets pervers dont les subprimes sont un paroxysme. La faillite d’un tel système voudrait que «l’économie réelle» soit remise au premier plan et qu’avec elle on rétablisse une meilleure répartition des richesses. Or, ce raisonnement qui tombe sous le sens n’intéresse pas nos gouvernants, et encore moins les banquiers.
Toute augmentation des salaires entraîne une baisse du prix de l’argent. C’est l’inflation, la bête noire de Jean-Claude Trichet, directeur de notre Banque Centrale européenne qui échappe, soit dit en passant, à tout contrôle politique... Augmenter les salaires est une hérésie non seulement pour le patronat, mais aussi pour les banques. En effet, quand les prêts aux particuliers sont plus rapidement remboursables, leurs profits diminuent. Afin d’y remédier, elles augmentent aussitôt leurs taux d’intérêts, ce qui entraîne mécaniquement une hausse des prix à la consommation puis une baisse du pouvoir d’achat. Les revalorisations de salaires sont ainsi rapidement neutralisées.
L’endettement des entreprises profite aussi aux banquiers, qui disposent sur elles d’un droit de vie ou de mort. Ainsi les activités les plus rentables, même si elles sont nuisibles à l’homme ou à l’environnement, priment sur une déontologie trop peu lucrative. Quant à l’endettement de l’Etat, c’est une véritable aubaine !!! «Donnez-moi le contrôle sur la monnaie d’une nation et je n’aurai pas à me soucier de ceux qui font ses lois», disait Mayer Amshel Rothschild (1743-1812) dont le fils Nathan, suite à son «coup de bourse» du 20 juin 1815, prit le contrôle de la Banque d’Angleterre et exerça durablement une influence directe sur le Parlement britannique.
La grande escroquerie bancaire consiste à ponctionner des intérêts sur de l’argent dématérialisé. En effet, de nos jours, l’or n'est plus la valeur d’échange et 92% de la monnaie en circulation est scripturale (jeux d’écritures) tandis que seulement 8% circule sous forme de pièces et de billets (monnaie fiduciaire). Aujourd’hui, de leurs ordinateurs, les banques peuvent générer des centaines de milliards d’euros en quelques secondes : par ce pouvoir de création monétaire, elles contrôlent l’économie mondiale. Et l’argent ne dort plus dans des coffres mais sur des disques durs : cela prend infiniment moins de place et ne coûte quasiment rien.
Pourtant, les banquiers continuent à exiger des intérêts comme si la monnaie était toujours convertible en or, alors que les réserves d’or des banques centrales ne représentent plus qu’1,2% du PIB mondial. Malgré cette imposture, des millions de salariés, d’entrepreneurs et surtout l’Etat — dont la charge de la dette ne cesse de s’alourdir (15% de son budget) avec ses conséquences désastreuses sur l’avenir de nos services publics — doivent continuer à s’acquitter de ces sommes mirifiques.
Le sauvetage des banques avec l’argent des contribuables masque le sauvetage de profits bancaires illégitimes. «Je crois que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés qu’une armée debout. Celui qui contrôle l’argent de la nation contrôle la nation», a pourtant dit Thomas Jefferson (1743-1826), alors troisième président des Etats-Unis. Complètement ringard, ce vieux Jefferson ? A l’instar du secret bancaire qu’il est impératif de lever, la dématérialisation de la monnaie devrait servir l’intérêt général. Mais l’ombre des Rothschild et de ses successeurs plane au-dessus du G20 : d’or est surtout le silence, le reste n’étant que gesticulations.
S.H. avec Libérons La Monnaie
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