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Accueil Social, économie et politique Le pouvoir d'achat, une expression à la mode

Le pouvoir d'achat, une expression à la mode

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Pour paraphraser Laurence Parisot, on peut affirmer que le pouvoir d'achat est "une expression à la mode qui a pour objectif de nous empêcher de réfléchir" car, derrière cet écran de fumée sémantique, la question véritablement occultée est celle du partage des richesses.

D’après le Fonds monétaire international (FMI), dans les pays membres du G7, la part des salaires dans le produit intérieur brut (PIB) a baissé de 5,8% entre 1983 et 2006. D’après la Commission européenne, au sein de l’Europe cette fois, cette part a chuté de 8,6% et, en France, de 9,3% ! En vingt ans, ce sont ainsi de 120 à 170 milliards d’euros qui ont été en partie transférés vers le capital, au détriment du travail. Soit, même avec des estimations basses, plus d’une dizaine de fois le déficit de la Sécurité Sociale et une vingtaine de fois celui des retraites. A l'heure où l'on nous parle de «nécessaires réformes en cours» consistant essentiellement à faire retomber le salariat au XIXe siècle, cet élément central du débat sur le pouvoir d'achat en est devenu le point aveugle, explique François Ruffin dans Le Monde Diplomatique.

Pourtant, nous dit-il, le constat est unanimement partagé. Par exemple, dans un rapport de 23 pages, la BRI - Banque des règlements internationaux, qui n'est pas un repaire de gauchistes - constate que «la part des profits est inhabituellement élevée à présent (et la part des salaires inhabituellement basse). En fait, l’amplitude de cette évolution et l’éventail des pays concernés n’ont pas de précédent dans les quarante-cinq dernières années». Et l’ancien directeur de la Réserve fédérale américaine (Fed) Alan Greenspan confiait récemment au Financial Times : «J’ai attendu et j’attends encore quelque normalisation dans le partage du profit et des salaires» car «la part des salaires dans la valeur ajoutée est historiquement basse, à l’inverse d’une productivité qui ne cesse de s’améliorer». Or «ce découplage entre faibles progressions salariales et profits historiques des entreprises fait craindre [...] une montée du ressentiment, aux Etats-Unis comme ailleurs, contre le capitalisme et le marché».

«Pouvoir d'achat»… «Travailler plus pour gagner plus»… «Valeur travail»… Tout ça pour dire qu’au contraire on n'a cessé de lui ôter de sa valeur, au travail, et qu’il est même devenu une «charge» qu'il faut soulager à grands renforts d’aides publiques ou par le biais de pays émergents... En France, avec nos 15% de Smicards, nous pulvérisons le record d’Europe des travailleurs abonnés au salaire minimum. Et pour ceux qui prétendent que la France est "un pays en faillite", convenons que, depuis vingt ans, la "faillite" en a épargné certains ! Désormais, il vaut mieux être actionnaire que petit entrepreneur ou simple salarié.

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