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Accueil Social, économie et politique Patrick Pelloux et la surdité gouvernementale

Patrick Pelloux et la surdité gouvernementale

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En déclarant avec amertume que «la seule chose que le gouvernement comprend, c'est le rapport de force», le sympathique président de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) reconnaît que, quoiqu'on fasse, même si on y met la forme, aujourd'hui le dialogue social en France est bel et bien inexistant !

Patrick Pelloux, c'est le syndicaliste que tout le monde aime. Beau gosse, plutôt posé, politiquement modéré (il a révélé avoir voté pour François Bayrou au premier tour, puis pour Ségolène Royal au second), il est le porte-parole d'une noble profession qu’on est plus enclin à soutenir qu’une autre. Ce médecin, qui a plus de "classe" qu’un cheminot, est devenu le défenseur des personnes âgées qui souffrent de la canicule, des malades qui poireautent des heures aux urgences, d'un service public à qui on coupe les vivres, et d'un personnel hospitalier qui travaille dur et toujours plus pour, finalement, se faire escroquer par son employeur c'est-à-dire l'Etat, qui lui doit à ce jour le montant colossal de 25 millions d'heures supplémentaires et 3,3 millions de jours de RTT, faute d'effectifs suffisants.

Quand, à Noël, l'AMUF et le SAMU de France ont entamé leur «grève symbolique», rejoints ensuite par les anesthésistes-réanimateurs, initiant ainsi le conflit qui donne aujourd'hui du fil à retordre à Roselyne Bachelot, il a précisé qu'il était opposé à toute "prise d'otage" et que les soins aux patients seraient assurés (avec le bon Dr Pelloux, ce n'est pas comme à la SNCF, à Air-France ou à la RATP : même si on gagne 4.000 € par mois, on fait grève de manière responsable).

Bien évidemment, les propositions de la ministre de la Santé se sont avérées insuffisantes. Pire : l'AMUF et le SAMU sont exclus des «concertations» qu'elle tient actuellement avec les «quatre syndicats représentatifs» des médecins hospitaliers qui ne se sont même pas associés au mouvement ! Indigné, Patrick Pelloux explique cette mise à l'écart par de «vieilles pratiques anciennes» et passe à l'étape supérieure, brandissant la menace d’«un grand mouvement hôpital mort» pour le 24 janvier si le gouvernement ne négocie pas d'ici là. Il ose même dire à Rue89 que ces «rencontres de salon» équivalent au fait d’inviter des boulangers ou des artisans charcutiers pour négocier en cas de conflit… dans les transports !

Ecoutez-le sur France 5 dans l'émission "C à dire" d'hier. Lui qui souhaitait respecter les patients et la procédure, après deux semaines d'actions qui n'aboutissent pas, il est bien obligé d'admettre que Mme Bachelot applique, à l'instar de ses homologues, la stratégie du pourrissement. Lui qui critiquait à demi-mots le radicalisme des cheminots cégétistes, le voici qui admet que, face à l'hypocrisie et au radicalisme gouvernemental, le bras de fer est inévitable ! Merci, Monsieur Pelloux, de reconnaître enfin que ce ne sont pas les salariés grévistes qui prennent les gens en otage mais ce gouvernement, et de le dire aux Français qui s'imaginent que les syndicalistes sont des fumistes qui prennent plaisir à organiser des mouvements sociaux dans l'unique but de pénaliser les usagers. Votre déception, que nous partageons, remet les pendules à l'heure : celle de la mise à mort du dialogue et de la justice sociale dans notre pays.

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Mis à jour ( Mardi, 08 Janvier 2008 11:30 )  

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